« La politique est l’art de chercher des ennuis, de les trouver, d’en donner un diagnostic erroné, puis d’appliquer les mauvais remèdes » – Groucho Marx
Depuis les cérémonies syncrétiques dites de purification du territoire national avec à la manœuvre Awa Nana-Daboya, présidente du HCRRUN, même le non initié aux sciences ésotériques s’aperçoit aisément que la terre togolaise réclame de manière insatiable du sang humain. Ceci expliquerait-il cela ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que Faure Gnassingbé multiplie des actes aux conséquences incalculables et mène dangereusement ses compatriotes à l’abattoir. Tous les coups sont-ils permis dans une logique de conservation du pouvoir ? Précision de taille, cette question n’est pas adressée aux Machiavéliens. Pour eux, seule la finalité importe. Malheureusement, l’actuel chef de l’Etat togolais est de ceux-là. Aucun besoin de rappeler les circonstances de son accession au pouvoir ni tout ce qui se fait en son nom et pour son compte, pour lui assurer une jouissance quelque peu paisible du pouvoir.
Mais tout pouvoir aussi sourd soit-il, doit savoir raison garder, surtout à un moment où les nerfs des populations sont à fleur de peau et ne pas chercher coûte que coûte à se maintenir sur des champs de ruines et des sacrifices humains. Etait-il besoin de mettre le feu aux poudres en procédant à un enlèvement pur et simple de l’imam de Sokodé, réputé proche conseiller de Tikpi Atchadam ? Dans une localité aux premières lignes de la contestation du pouvoir Faure Gnassingbé depuis le 19 août 2017, osons reconnaitre que cet acte relevait d’une provocation. Et le mode opératoire rappelle étrangement des méthodes dignes d’un Etat-Mafia où les gangs font la loi. Coupure de l’électricité dans toute la ville de Sokodé, violation flagrante d’un domicile privé, caillassage de portes et enlèvement de l’imam dont l’unique crime est d’être un conseiller de l’homme qui inspire une peur panique au sein du sérail.
De fait, existe-t-il une présomption irréfragable de délit à être le conseiller d’un opposant, encore que l’homme dont le conseiller est en proie à des persécutions pareilles est tranquille et que ne pèse sur lui aucune charge ? L’idée, à y regarder de plus près, participe d’une volonté de fragilisation de Tikpi Atchadam, mieux, d’une logique de terroriser les militants et les sympathisants du leader du PNP. Les scènes provoquées lundi à Sokodé, Bafilo ainsi qu’à Agoè par ce scenario anachronique se passent de tout commentaire et enseignent que la force brute ainsi que les violations flagrantes du droit ne sont pas toujours bonnes conseillères en temps de crise.
Où le régime en place mène-t-il le pays ? Coup sur coup, il enchaine les mauvais choix et ne semble pas se soucier des conséquences de ses actes. Interdiction de manifestations de rue les jours ouvrables, recomposition de la CENI et annonce du référendum, parlons-en ! L’interdiction des manifestations de rue sans aucune base ni support juridique serait une mesure provisoire, laisse entendre Payadowa Boukpessi. Devrions-nous donc nous mettre à pratiquer l’art divinatoire pour le déceler ? Même dans l’hypothèse où cette décision aurait un caractère provisoire, il est important de rappeler qu’aucun communiqué n’a de valeur juridique. Car, même provisoire, l’interdiction ne devrait pas moins pouvoir faire l’objet d’un recours devant le juge qui connait des recours pour excès de pouvoir ou excès de zèle. Possibilité que ne peut offrir un communiqué.
Tout bien analysé, le communiqué incriminé est un non-événement. Ajouté à la recomposition sous haute tension de la CENI, il est clair que Faure Gnassingbé, en plus d’aligner des actes traduisant une inconséquence notoire à l’aune de la crise politique en cours, mène carrément le pays vers le chaos.
Meursault A.
Source : Liberté
27Avril.com