Togo / Chefferie, violence à caractère ethnique, foncier…: Le « préfet-roi » Kuma Bitenewe plonge l’Est-Mono dans le chaos.

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Il ne fait plus bon vivre dans la préfecture de l’Est-Mono. Ce, depuis que le colonel Kuma Bitenewé a débarqué à la tête de cette préfecture. Il est accusé de semer la division au sein de la population à travers ses actes d’une autre époque, notamment sa gestion obsolète des affaires administratives, du foncier et de la chefferie traditionnelle.

Les Ifè de la localité réunis dans le mouvement des Sept Collines (M7C), un mouvement citoyen pour la promotion et la revalorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel dans le grand Ogou, en conférence de presse, le 21 juin dernier, alerte le peuple togolais, la diaspora togolaise et l’opinion internationale, sur le risque que court cette préfecture si rien n’est fait.

Manipulation, division des communautés, clochardisation de la chefferie traditionnelle, mauvaise gestion des affaires coutumières, gestion obsolète et chaotique des affaires administratives. Ce sont entre autres, les faits qui sont reprochés au préfet Kuma Bitenewe. Selon ce mouvement, dans la préfecture de l’Est-Mono, des communautés toute entière vivaient en parfaite symbiose jusqu’au 4 février 2016, date à laquelle cette préfecture « a eu le malheur d’avoir rencontré Kuma Bitenewe dans son parcours administratif ».

Dans le domaine foncier, il est reproché au préfet d’accaparer des terres sans l’avis des propriétaires terriens qui sont pour la plupart des Ifè, au profit de ses frères Kabyè allogènes dans la zone.

« Ces terres n’appartiennent pas aux Kabyé et donc les lotissements et les ventes enclenchés par les populations installées sont nuls et de nul effet et ne sauraient engager que les auteurs de ces actes vils et désuets », affirme le M7C dans sa déclaration liminaire lue à la conférence de presse. « En vertu de quelle alchimie le préfet Kuma Bitenewe harcelle et violente-il des responsables de collectivités et pourquoi remet-il en cause les décisions de justice en matière de propriété foncière », se demande le mouvement.

En ce qui concerne la chefferie traditionnelle dans l’Est-Mono, les membres de ce mouvement estiment que la loi N°2007 du 8 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo n’a jamais eu raison d’Etat auprès du préfet Kuma Bitenewé. Ils citent en exemple les cas du chef canton de Kamina, Olou Akpo Kodjo Gabriel n’ayant jamais joui de ses prérogatives et dont le décret de nomination du 06/06/2011 date de l’époque du ministre Pascal Bodjona. « Des contorsions ont été faites par M. Bitenewé pour le révoquer subtilement de ses fonctions jusqu’à nos jours », précisent-ils.

Ils évoquent aussi l’abrogation, le 4 mai 2021, de l’arrêté N°0250/ MATDCL du 02 avril 2015 portant reconnaissance officielle de la désignation par voie coutumière de M. Orreh Kodjo en qualité de chef du village de Oligo. A en croire le M7C, ce problème qui devrait être géré avec tact par les principaux protagonistes, a été hautement politisé par Bitenewé qui taxe le chef ainsi nommé d’opposant. « Il l’accuse d’être de la famille de Ore Djimon, président du Front des Patriotes pour la Démocratie (FPD) », informe Atcha Valentin, SG du M7C.

Ses dernières dérives remontent, selon le mouvement, au 5 avril dernier, date à laquelle le préfet a cosigné avec le président du conseil coutumier du canton d’Elavagnon, un appel à candidature où chaque postulant devrait verser une somme de 50.000 FCFA. Balayant ainsi du revers de la main toutes les dispositions qui régissent la désignation par voie coutumière d’un chef de canton.

Le M7C dénonce, par ailleurs, la gestion obsolète et chaotique des affaires administratives du préfet. « L’homme ne tique guère à braquer son pistolet sur des honnêtes gens qu’il convoque, juste pour les condamner en les empêchant de se défendre face aux accusations qu’il porte à leur encontre. Véritable boxeur à la thaïlandaise, le préfet n’hésite pas à porter des coups de poing sur d’honnêtes gens soumis à audition dans son bureau », relate Atcha Valentin.

Les Ifè qui sont les autochtones dans cette localité accusent le préfet de surfer sur la fibre ethnique pour diviser les communautés. « Des collectivités entières sont quotidiennement menacées et violentées par la communauté Kabyè. Le préfet, au lieu de jouer à l’accalmie et à la pacification, use d’autoritarisme et de terreur médiatique sur les chefs des collectivités : les cas des villages Kokoté, Dogo-copé, Adam-copé, Sika-copé, Atchokou et Gaougble sont écœurants et nécessitent une attention particulière des autorités hiérarchiques du pays », affirme le mouvement.

Au vu de ces dérives sur les Ifè de la préfecture de l’Est-mono imputés au préfet Kuma Bitenewé, le M7C demande au chef de l’Etat d’user de ses prérogatives pour le démettre de ses fonctions. Au nom de la paix civile. « Il urge de copter une commission susceptible d’aller écouter les chefs de collectivités, les chefs de villages et cantons, les personnes ressources en vue de trouver un schéma de pacification de la zone car le préfet a subtilement monté les Kabyé contre les Kpessi, les Ifè et les Losso », propose-t-il.

Pour arrêter cette gestion hasardeuse de la chefferie traditionnelle, le M7C recommande de revoir, entre autres, la loi N°2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo qui contient des manquements énormes qui ne favorisent pas la consolidation de la paix sociale dans les communautés à la base.

Ces manquements portent, selon le mouvement, sur l’article 10 qui ne précise pas les dispositions à prendre pour mettre le conseil coutumier à l’abri de l’influence extérieure dans le processus de désignation des chefs traditionnels. Et l’article 14 qui, souligne le M7C, manque de préciser le temps maximal dont dispose l’autorité pour se prononcer sur la reconnaissance officielle du chef ainsi que sur les conditions et procédures de cette reconnaissance. Les articles 17, 24 et 28 sont également cités.

Enfin, la population Ifè des Sept Collines et sa diaspora disent non à l’expropriation injuste des terres ; à la transformation des jeunes en bétail électoral ; et au plan de génocide en préparation par le préfet Kuma Bitenewé.

Joël D.

Source : Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com