Togo, Commune d’Agoè-Nyivé 2 : Faute de réserve aménagée, les populations ne savent où enterrer les morts

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La décentralisation serait-elle synonyme de bradage des réserves sous le nez et la barbe des autorités préfectorales ? Dans la commune Agoè-Nyivé 2, l’absence de cimetière du fait d’une mauvaise gestion des réserves pourrait pousser les allogènes à venir déposer les corps de leurs proches décédés à la mairie.

La gestion des réserves en général, et celle dans la commune Agoè-Nyivé 2 est loin d’être optimale. Et la situation est telle que les projets d’infrastructures communautaires tardent à voir le jour. Suite à une rencontre avec la presse, les allogènes de ladite commune ont brandi la menace de ramener les corps de leurs proches décédés dans les locaux de la commune afin que les autorités communales prennent la mesure de l’urgence d’aménager un cimetière pour le repos des morts.

Le maire approché, estime que l’un des problèmes des communes est le phénomène des gros bras, et l’émergence de neveux issus des lignées des femmes qui tiennent à voir les répartitions déjà effectuées depuis des lustres, refaites. Et du fait de l’absence de plans homologués par les services de l’urbanisme, ces neveux font appel à ces supposés gros bras pour réclamer, parfois avec violences, des parcelles érigées en réserves.

Mais cette analyse est édulcorée par des témoignages selon lesquels la problématique des réserves n’était pas si aigüe il y a encore quelques années. Or, depuis la mise en place du conseil municipal, le phénomène a pris un nouveau tournant. La raison fondamentale avancée pour justifier cette approche est que certains conseillers municipaux siégeant actuellement seraient déjà dans les affaires foncières avant d’être élus. Ce faisant, ils sont allergiques lorsque des parcelles sur lesquelles ils avaient travaillé pour leur enlever le caractère de réserves, sont ciblées.

Un chef de village s’étonne de l’attitude de trois des conseillers municipaux soupçonnés de connivence avec ceux qui bradent les réserves. « En supposant qu’il n’y a pas de plan d’approbation de la zone, comment se fait-il que des écoles aient été construites sur des réserves que tout le monde reconnaît ? Normalement, ne revient-il pas aux nouveaux conseillers élus de préserver les réserves existantes que les populations ont eux-mêmes dégagées en attendant les plans d’approbation ? Mais plutôt que de procéder ainsi, ces conseillers qui s’assimilent à de la mauvaise graine sont tapis dans l’ombre et participent à la destruction de ces réserves. Nos parents ont fréquenté dans cette localité alors qu’il n’y avait pas de plan d’approbation ; ces écoles fréquentées sont construites sur des réserves non homologuées quand même. Avancer l’excuse de la non approbation est une fuite en avant et une manière de détourner le problème », dénonce-t-il.

Il propose « que l’Etat, à travers le ministère de l’Administration territoriale, mène une enquête en associant les chefs de villages et les comités de développement des quartiers, avec une mise à l’écart s’il le faut, des membres de la commission domaniale afin que la vérité se manifeste. Et si au cours des enquêtes, il s’avérait que ces conseillers sont impliqués, leur changement devrait être acté pour plus de transparence dans la gestion de la chose communale ».

Le phénomène est surtout d’actualité dans le village d’Ahonkpoè. Tant et de manière si accrue que le préfet d’Agoè-Nyivé, le Colonel Awate Hadabalo fut saisi. Dans le but de faire recenser les réserves de la commune d’Agoè-Nyivé 2.

En effet, dans un courrier en date du 10 mai 2022, un comité de défense des intérêts dudit village a écrit au préfet. « Nous venons très respectueusement solliciter auprès de votre haute bienveillance de nous venir en aide pour préserver les réserves administratives dans le village d’Ahonkpoè. A cet effet, nous venons de constater que les réserves initialement dégagées par des collectivités pour le bien-être de la population, sont en train de disparaître avec la complicité de la commission domaniale de la commune Agoè-Nyivé dont le conseiller Fiagno assume la responsabilité. Par conséquent, nous sollicitons votre intervention rapide sur ce dossier tout en interpelant le président de ladite commission avec la mobilisation d’une équipe compétente sur le plan administratif pour faire l’état des lieux de ces réserves ».

Le préfet Awate Hodabalo a-t-il donné suite à la demande ? A-t-il rendu compte au cas où le travail à faire ne serait pas de son ressort ? Certains vont jusqu’à assimiler le silence de la préfecture à de la complicité diffuse, surtout que certains conseillers impliqués dans la destruction des réserves seraient de la même localité que l’autorité préfectorale. Une chose est sûre, les réserves devant abriter les infrastructures communautaires sont menacées de disparition.

Des villages devraient être dotés d’un collège d’enseignement général cette année, mais faute de réserve disponible, le CEG a été installé dans la cour d’une école primaire

Des informations ont pointé du doigt la responsabilité des services étatiques. La commune de Légbassito ne serait pas la seule à avoir ce problème. A Vakpossito par exemple, il n’existerait pas une seule réserve à ce jour. Et le phénomène de lotissement clandestin serait tout aussi prégnant dans d’autres communes à Dalinko également qui a dû implanter le collège sur le dépotoir de l’école primaire. Et pourtant, des réserves existent.

Mais est-ce parce que le problème existe ailleurs qu’on doit laisser la médiocrité gangréner aussi cette commune ? Des écoles ont été construites un peu partout sans que l’homologation ou l’approbation ne soit faite. Mais il a suffi que les nouveaux conseillers soient mis en place pour que le désordre s’installe à Ago-Nyivé 2. Il nous a été confirmé que les demandes des populations afin que les inscriptions sur les réserves recensées par la préfecture, mais qui ont été entre temps effacées par des esprits cupides, soient refaites, n’ont plus trouvé d’écho favorable auprès des conseillers municipaux en général et de la commission domaniale en particulier. Pour quelles raisons ?

Les acquéreurs de bonne foi et qui ont construit dans la localité, mais peinent à trouver de cimetière pour enterrer leurs proches décédés ont donné mi-juillet pour mettre à exécution leur menace somme toute légitime. La mairie attendra-t-elle de recevoir le premier cercueil, ou bien fera-t-elle diligence pour dégager une réserve et en faire un cimetière municipal ? Attendons de voir.

Godson K.

Source : Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com