Covid-19 au Togo : Qu’est-ce que nos voisins ont compris que le Togo tarde à comprendre ?

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La maladie Corona Virus a fait son apparition dans le monde depuis l’année dernière en Chine. Le bilan en Chine est de 4 634 décès  pour 99 462 aux USA et 346 232 dans le monde entier


Les premiers cas positifs au Togo déclaré sont déclarés en début de la seconde moitié du mois de Mars.

Entre l’apparition de la maladie, et le premier cas au Togo, permettez-nous de croire que le gouvernement a eu le temps de réfléchir à la chose, de s’y préparer et de planifier les actions. Accordons leur le bénéfice du doute. Rêvons, de leur prévoyance.

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État d’Urgence Sanitaire décrété par le PR, le 1er avril, avec des mesures d’accompagnement social, mais surtout, des mesures privatives de libertés (couvre-feu, réduction horaire de travail, bouclage des villes, interdictions des activités commerciales…)

Le premier mois est presque flatteur. Très peu de cas positifs, assez de guérisons, pas de cas grave et heureusement peu de décès.

Sauf que, les événements et surtout les chiffres de ces derniers jours ont dissipé nos illusions. On assiste à une montée en flèche des cas positifs.

La principale raison, c’est l’augmentation des tests effectués. Plus on testera de gens, plus on trouvera de personnes positives.

La raison secondaire, et celle brandit par les autorités, c’est l’assouplissement des mesures dans nos états voisins.

(Reprise des classes au Bénin, déconfinement au Ghana…)

On pourra s’inquiéter du fait que des mesures n’aient pas été prises de façon concertée, entre nos chefs d’état, dans l’intérêt de la sous-région.

Mais, si on planche mieux sur la première raison cité plus haut, il y a matière à débattre. Et si on la combine avec l’effet de la seconde raison, il y a des questions à se poser…

Les plus simples, et les plus légères sont : Qu’est-ce que nos voisins ont compris que le Togo tarde à comprendre ? Sommes-nous plus prudents qu’eux, ou tout simplement moins avancé, dans la compréhension de la pandémie ?

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Mais une chose est certaine, cette situation a mis à nue moultes insuffisances de notre État. Et ce, sur plusieurs plans.

Entre autres :

Système de santé :

Il n’est plus un secret pour personne que le système de santé du Togo n’est fort que de ses hommes. C’est l’occasion de saluer la bravoure du personnel médical qui opère des miracles avec le peu de moyens dont il dispose.

Si le nombre de test effectué au Togo est lamentablement bas, c’est parce que jusqu’à il y a deux ou trois semaines, le seul laboratoire capable de faire les tests au Covid se trouve à Lomé.

Ceci voudra dire, qu’un prélèvement effectué dans la préfecture de la Binah devra être acheminé sur Lomé.

Il est fort dommage de remarquer qu’il n’existe absolument aucun laboratoire digne de ce nom dans aucune autre région du Togo. Même pas un laboratoire par Centre Hospitalier Régional

Plan logistique :

Comment sont acheminés les kits de test, à l’intérieur du pays ? Combien de temps ce convoyage prend-il ? Combien d’hommes sur le terrain sont déployés à cet effet ? Comment sont-ils protégés ?

À ce jour, il existe des districts de santé n’ayant pas de véhicule. Comment font-ils dans ces zones ? Y font-ils des tests ? Comment les acheminer vers Lomé ? 

On va éviter de parler du réseau routier qui est ce qu’il est. La nationale 1 est suffisamment compliquée. Mais comment on la rejoint, lorsqu’on est à Kabou, Matchatom, ou à Djarkpanga (l’une des localités les plus enclavées du pays), ou à Badou ?

On va également éviter de se demander comment se fera les évacuations des cas graves, dans ces zones, vu que même les CHR n’ont pas d’équipements de prise en charge des cas grave (Respirateurs, oxygène…)

Administration territoriale :

L’état d’urgence sanitaire a eu pour conséquence la fermeture de toutes nos frontières. Soit ! On agit comme si on venait de découvrir la porosité de nos frontières terrestres. Ne pouvait-on pas renforcer la surveillance du territoire ? Comment se fait-il qu’il y a un tel afflux de retour au pays, suite à l’assouplissement des mesures chez nos voisins ?

Le Togo compte plus d’une vingtaine de préfectures ouvertes sur les pays voisins (à vérifier) Quelles mesures prend on à cet effet ?

Un regard sur les statistiques sur le site officiel, révèle que la majorité des cas positifs sont des Voyageurs, ou des cas contacts.

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Plan économique :

Nous savions tous que nos économies sont basées sur l’informel. Mais on ignorait jusqu’à quel point. Toutes les sociétés qu’on crée en 24h au CFE n’ont aucune compétitivité, aucune résilience.

En vrai, on peut prendre le risque d’affirmer que la situation échappe complètement à nos dirigeants. Eux-mêmes ne peuvent dire exactement le nombre de cas positifs asymptomatique qu’il y a sur le territoire.

Faute de tests grandeur nature, on ne peut y aller que par supposition. Soit seulement 200 cas positifs, ou 2.000, ou 20.000, ou 2.000.000. Si tel est le cas, 2.000.000 positifs, sans symptômes, il faudra tirer des conclusions et réfléchir à l’après.

L’état d’urgence sanitaire prendra fin sous peu.

Que fera-t-on, ensuite ?

Hubert BATALA

Source : Togoweb.net