Zimbabwe: la création du ministère de la Cybersécurité ravivent les craintes

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À quoi sera réellement dédié le ministère de la Cybersécurité, nouvellement créé au Zimbabwe dans le cadre d’un remaniement ministériel ? Cette question anime les débats dans le pays alors que le régime du président Mugabe continue de souffrir d’une vive contestation qui prend ses appuis sur les plateformes sociales.

Le “ministre de Facebook et de WhatsApp”. Les Zimbabwéens n’ont pas perdu de temps pour affubler Patrick Chinamasa, le nouveau ministre de la Cybersécurité, de ce surnom. Pour nombre d’internautes zimbabwéens qui réagissaient à la création de ce ministère en début de semaine, en effet, la principale charge à laquelle s’afférera le ministre, sera de museler les réseaux sociaux.

Une définition aux antipodes de ce que prêche le gouvernement, qui promeut plutôt un ministère “protecteur” qui viendra réguler un secteur encore trop libertin. À ce sujet, les autorités ont reconnu vouloir apprendre de l’expérience de la Russie et de la Chine, qui préfère mettre l’accent sur les réseaux locaux sur lesquels ils ont un plus large regard, au détriment des grandes marques comme Facebook.

Pas de quoi convaincre les détracteurs du nouveau ministère, qui y voient un outil pour matraquer la liberté d’expression et avoir une mainmise sur les messages postés sur les réseaux sociaux, surtout au regard des événement ayant précédé sa création.

La semaine dernière, notamment, Patrick Chinamasa qui était alors ministre des Finances avait blâmé les réseaux sociaux pour la divulgation de rumeurs sur une prétendue inflation dans le pays. À l’en croire, ces rumeurs avaient engendré des pénuries de denrées de base dans les supermarchés, poussant les investisseurs à sonné l’alarme sur l‘état de l‘économie.

Au-delà, il faut dire que le président Robert Mugabe a une longue histoire avec les plateformes sociales. Depuis quelques années, l’homme fort du Zimbabwe est devenu la risée d’internet pour avoir “fermé les yeux” lors d‘événements majeurs, avoir lu le mauvais discours, avoir trébuché ou encore pour des phrases incongrues qui lui sont prêtées.

Mais l’affaire est devenue un peu plus sérieuse lorsqu’en 2016, le pasteur Mawarire a tiré profit des réseaux sociaux pour soulever la contestation contre le régime de Mugabe, accusé d’enfoncer le pays dans la pire crise économique de son histoire.

A présent, analysent des experts en TIC, le gouvernement craint que ces outils populaires soient utilisés à l’encontre du président Mugabe lors de la campagne électorale de la présidentielle 2018 à laquelle il compte se présenter.

“Les gens font des blagues sur ce ministère, mais je vois une menace sérieuse pour la liberté d’expression, l’accès à l’information et le droit à la vie privée”, a déclaré Chris Musodza, expert en TIC à Harare.

CamerounWeb.com