Le débat cristallise l’actualité sur le plan national et international. Les médias en font leur chou gras. Il n’y a pas de jour où les experts, économistes surtout, ne défilent sur les plateaux des télés ou radios pour expliquer la nécessité pour les pays de la zone franc d’abandonner cette « monnaie de servitude ». La question crée d’ailleurs une tension diplomatique entre l’Italie et la France accusée d’empêcher le développement de ces pays africains.
Aujourd’hui, que ce soient des activistes ou des intellectuels africains, tous optent pour l’abandon de cette monnaie. Rares sont ceux qui veulent son maintien. Le débat ne laisse pas indifférent le Centre de recherche et de sondage d’opinion, Afrobaromètre. Ce centre a interrogé un certain nombre de Togolais sur l’abandon ou non du franc CFA.
L’enquête a porté sur 1 200 adultes togolais, selon Afrobaromètre. « Un échantillon de cette taille donne des résultats au niveau pays avec une marge d’erreur de +/- 3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95% », renseignent les résultats.
Selon le rapport d’enquête, deux Togolais sur trois (66%) pensent que le Franc CFA profite plus à la France qu’aux pays membres de la zone franc comme le Togo et qu’il devrait être remplacé. L’enquête précise que les Togolais les plus riches et les plus éduqués, les citadins, et les hommes sont les plus enclins à choisir une sortie du franc CFA.
« Plus les Togolais perçoivent que le pays va dans une mauvaise direction ou que la situation économique actuelle du pays ou encore que leurs propres conditions de vie sont mauvaises, plus ils sont pour que leur pays se retire du franc CFA », indique le rapport.
Par contre, moins d’un Togolais sur quatre (23%), quant à eux, déclarent que cette monnaie est un instrument de développement pour un pays comme le Togo et devrait être maintenu. Comme on peut le constater, ceux qui soutiennent cette monnaie sont minoritaires dans le pays.
« Le soutien pour le remplacement du franc CFA est plus masculin (73% contre 58% chez les femmes) et urbain (73% contre 61% au milieu rural). Il est également plus proéminent chez les personnes les plus riches (78%) et chez les 36-65 ans (68%-71%). Enfin, le soutien au retrait du Togo de la zone franc augmente avec le niveau d’éducation, passant de 53% pour les sans éducation formelle à 76% pour les Togolais avec une éducation post-secondaire. Si cet avis n’est pas uniformément partagé, il reste majoritaire auprès de toutes les couches socio-démographiques des Togolais explorées ici », souligne l’enquête.
Eu égard à ces résultats, selon Afrobaromètre, il faut que les décideurs africains, notamment les chefs d’Etat travaillent de sorte que le continent ait sa propre monnaie.
« Au vu des débats sur le franc CFA qui agitent depuis plusieurs années l’espace public africain et de la volonté des citoyens de s’affranchir de cette monnaie, il s’avère plus qu’important que la volonté des états d’Afrique de l’Ouest d’aller vers une monnaie commune de la CEDEAO se concrétisent et permettent aux populations de fermer un pan de leur histoire », conclut le rapport.
I.K
Source : www.icilome.com