Un jeune homme était vendredi dans un état grave après avoir tenté de se suicider du haut de l’atrium du nouveau tribunal de Paris, objet de critiques de magistrats et d’avocats car il n’a pas été tenu compte de ce risque, dans un bâtiment judiciaire.
«L’homme a chuté du 4e étage après avoir enjambé le garde-corps vitré (…) trois agents ont tenté en vain de le retenir pendant plusieurs minutes», a indiqué une source judiciaire.
«Polyfracturé», il a été transporté à l’hôpital dans «un état grave», selon un porte-parole des sapeurs-pompiers de Paris. Mais «ses jours ne sont pas en danger», a indiqué une source proche du dossier.
Les policiers ont réussi à le retenir par le bras pendant plusieurs minutes mais il a fini par tomber, vers 10H45. En contrebas, des témoins avaient eu le temps de créer un cordon et de disposer des vêtements, a raconté à l’AFP Rémy Heitz, le nouveau procureur de la République de Paris.
Selon des avocats interrogés par l’AFP, le jeune homme est un migrant originaire d’un pays africain qui avait entamé des démarches pour régler sa situation et être pris en charge.
«Il est tombé devant la cafétéria, où j’étais. On a entendu des hurlements et on s’est précipité», a témoigné une avocate auprès de l’AFP.
«On a vu un jeune homme noir tenu par quelqu’un. Il ne faisait aucun effort pour remonter, au contraire, il tapait avec ses pieds contre le mur pour tomber», a-t-elle ajouté. «On était une vingtaine en bas, on a tous posé nos manteaux pour amortir sa chute, mais il a fini par tomber en heurtant un lampadaire et il est tombé à côté».
Décisions douloureuses
«Depuis le début, j’ai peur que des enfants tombent», a-t-elle ajouté, en pointant la configuration des lieux, inauguré en avril porte de Clichy: de larges coursives reliant les salles d’audiences convergent sur un vaste puit de lumière de six étages surplombant la salle des pas perdus.
Sur place et sur Twitter, le drame a ravivé les critiques de magistrats et d’avocats qui pointent les risques de suicide dans un lieu où sont rendues des décisions de justice parfois douloureuses.
«Il y a un problème de conception évidente dans ce tribunal, ils ont bloqué des fenêtres pour éviter des suicides, mais dans cet atrium les seules protections sont des vitres d’1,40 m que tout le monde peut facilement escalader», a dénoncé un autre avocat.
Au quatrième étage se tiennent les audiences les plus tendues : comparutions immédiates, rétentions administratives, tribunal pour enfant…, souligne une autre.
«Une enquête en recherche des causes des blessures graves a été ouverte et confiée au Service de l’accueil et de l’investigation de proximité (SAIP) du 17e arrondissement», a indiqué la source judiciaire.
A la demande du président du tribunal de grande instance et du procureur de la République, «une cellule médico-psychologique a été mobilisée afin de prendre en charge les intervenants et les nombreux témoins» du drame.
Source : www.cameroonweb.com