À Ouagadougou, le coeur de l’Union économique et monétaire ouest-africaine bat au rythme du va-et-vient incessant de ses fonctionnaires.
Devant le siège de l’UEMOA, dans le quartier de Koulouba, à Ouagadougou, claquent au vent les drapeaux des huit pays membres. L’inscription, en grosses lettres visibles de la rue, ainsi que l’inimitable logo de l’organisation – deux lianes entremêlées, l’une verte et l’autre bleue, symbolisant l’union des pays côtiers et sahéliens – qui habille le mur d’enceinte, finissent de différencier l’enclave sous-régionale des autres édifices administratifs du voisinage.
L’institution régionale dispose d’un budget de 193 milliards de F CFA (294 millions d’euros).
Derrière l’impressionnante fontaine qui cache en partie la façade, le grand hall ressemble à une fourmilière avec ses fonctionnaires cravatés, dossiers volumineux à la main, qui semblent presser le pas sur le carrelage étincelant, comme pour montrer que l’institution régionale, souvent citée comme le modèle d’intégration le plus abouti du continent, avance au même rythme que son administration. Laquelle n’a rien de pléthorique.
L’Union et ses différents organes emploient environ cinq cents personnes, dont près de la moitié sont des cadres en provenance des quatre coins de la sous-région.
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Depuis vingt ans, ce personnel suit les mutations institutionnelles de la maison, les profils et les compétences recherchés évoluant avec les missions confiées à l’Union. « Nos besoins changent constamment, et nous devons de plus en plus recourir à de véritables spécialistes, dans des domaines très étendus », constate Essowè Barcola, le commissaire chargé du Département des services administratifs et financiers.
Indépendance financière
À l’intérieur, c’est un va-et-vient incessant dans les couloirs. Mais cette ruche paraît avoir les moyens de ses ambitions. « Notre indépendance financière nous permet de faire notre travail en ne comptant que sur nous-mêmes », précise avec une satisfaction certaine M. le commissaire. « Notre budget 2014, qui s’établit à plus de 193 milliards de F CFA [294 millions d’euros], est ainsi financé à 83 % sur nos fonds propres », insiste Essowè Barcola.
Près des deux tiers de cette somme sont réservés au frais de fonctionnement de l’organisation ouest-africaine, le solde étant destiné à alimenter le Fonds d’aide à l’intégration régionale (Fair) ainsi que le Fonds régional de développement agricole (FRDA), qui gère la politique commune mise en place sur ce secteur ô combien stratégique pour l’Union et ses populations.
Fonctionnement
Calquée sur sa grande soeur européenne, l’organisation institutionnelle de l’UEMOA est savamment hiérarchisée. L’organe suprême de l’institution reste la Conférence des chefs d’État, qui se réunit une fois par an pour définir les grandes orientations. Lesquelles sont ensuite lancées par le Conseil des ministres de l’UEMOA, avant que la Commission, qui est l’organe exécutif permanent de l’Union, s’occupe de leur réalisation sur le terrain. Cette dernière se compose de huit commissaires, issus de chacun des pays membres. Cette Commission est le véritable pouvoir d’exécution de l’Union.
Dès sa création, et pour répondre à ses multiples missions, l’organisation sous-régionale a pu s’appuyer sur un ensemble d’organes spécialisés, à commencer par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont la fonction originelle est de veiller à l’unité monétaire des pays membres, pendant que la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) sert d’instrument de financement aux projets communautaires.
Toutes deux sont encadrées et complétées par les organismes de contrôle, parmi lesquels la Cour des comptes et la Cour de justice. Cette dernière concourt à la réalisation des objectifs de l’Union en matière de normes communautaires, quand la Cour des comptes doit veiller à la régularité des opérations comptables réalisées par l’ensemble des différentes organisations de l’UEMOA.
Jeune Afrique