Tribune /les cris d’Anne Éza, épouse de Joseph Eza : « Rendez-moi mon mari! »

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Joseph Eza, informaticien de haut niveau, cadre de banque et Vice- président de l’association Nubueké, croupît en prison depuis maintenant 12 mois. Sa femme, Anne Eza, longtemps restée en retrait des médias, a décidé de manifester son désarroi et son ras-le-bol dans une tribune. Elle y raconte les circonstances de l’arrestation de son mari, et son calvaire quotidien avec ses enfants…

«Avez-vous déjà eu le courage de regarder un enfant, votre enfant, droit dans les yeux et lui mentir ? C’est mon quotidien.

Joseph Eza n’est pas un malfaiteur. Ce jour-là, il devait voyager. Pour une mission. Pour nos enfants, il est parti. Sans dire au-revoir. Et ils lui en veulent pour ça. Mais ce que Fafa (7ans) et Kévin (5ans) ne savent pas, c’est que leur père n’est jamais parti.

Du jour au lendemain, je me retrouve toute seule, avec nos enfants. Obligée d’être le père et la mère. Moi adulte qui sais la vérité, je le supporte; tant bien que mal. Mais pour mes enfants qui n’ont que 7 et 5 ans, c’est un calvaire. Chaque jour avec son lot de questions : où est parti papa ? Qu’y fait-il ? Quand rentre-t-il à la maison?

Quelqu’un peut-il avoir la bonté de répondre à mes enfants ? Je suis fatiguée de devoir mentir à mes propres enfants.

Ils ont terminé l’année scolaire dernière sans leur père. Ils attendent toujours son retour pour lui présenter leurs carnets scolaires. La rentrée vient de commencer. Ils attendent, comme d’habitude, que leur père leur souhaite bonne chance pour la nouvelle année scolaire.

Tout petits, mes enfants sont obligés de se poser des questions d’adultes : ce n’est pas normal, cette fois-ci son voyage a trop duré, que nous cache-t-on ? Papa a-t-il eu des problèmes?

Ne leur volez pas leur enfance, permettez-leur de la vivre pleinement.

Ne faites pas de mes enfants, de petits malheureux qui grandiront avec dans le ventre, une haine envers leur pays.

Je n’en peux plus. J’ai besoin de mon mari. Mes enfants davantage. Rendez-le nous».

Anne Eza

Source : www.icilome.com