Top 10 des secrets qui maintiennent Faure Gnassingbé au pouvoir

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Au pouvoir depuis 15 ans, le président togolais Faure Gnassingbé est candidat à sa propre succession pour la présidentielle du 22 février 2020.

 Sauf grande surprise, tout porte à croire que le président-candidat devrait se faire réélire dans un contexte où la majorité des Togolais souhaitent une alternance politique à en croire le  sondage Afrobaromètre 2018.

Et pourtant, celui  qui a succédé à son père le Général feu Eyadéma Gnassingbé à la tête du Togo n’a pas des années de pouvoir tranquille. Faure Gnassingbé a, en effet, survécu à deux grandes crises politiques (2013 et 2017) qui ont failli emporter son régime.

Si le locataire du palais de la Marina a survécu, c’est à cause de 10 points-clé qui caractérisent son pouvoir  comme me notait l’analyste politique Eric K. Alovor dans un  article publié en 2017 par le site de radio FM Liberté.

Retour sur les dix points clés qui caractérisent le pouvoir de Faure Gnassingbé:

1 – L’expérience

Faure Gnassingbé a hérité du plus vieux régime politique de l’Afrique de l’Ouest après la mort de son feu père en 2005 après 38 ans au pouvoir. D’ailleurs, le régime est le dernier à avoir régné aussi longtemps dans la sous-région.

Le fils du « Timonier » qui cumule déjà trois mandats maîtrise déjà les rouages du pouvoir. Il fait et défait qui il veut. Ses potentiels adversaires dans son camp sont mis aux arrêts. Son demi-frère Kpatcha Gnassingbé et son ex-bras droit Pascal Bodjona ont payé le prix fort en voulant se rebeller indirectement.

2 – L’armée

Après l’accident de Sarakawa en janvier 1974, le feu Eyadéma, a décidé de militariser le Togo. Le feu président qui voit l’ennemi partout, a substitué une politique sécuritaire à une politique de défense nationale du territoire.

L’armée togolaise a toujours été un socle sur lequel le pouvoir de Lomé II a bâti son régime cinquantenaire. Elle est restée fidèle au fils du « Timonier » qu’elle a porté au pouvoir illégitimement quelques heures après la mort d’Eyadéma en 2005.

L’armée est soutenue par une idéologie de conservation du pouvoir. Durant toutes ces années de lutte de l’opposition contre le régime, elle est toujours disposée à réprimander les manifestants.

Aucune grogne n’a été jamais enregistrée dans l’armée togolaise. Les grands Officiers de l’armée ont toujours été bien traités. Depuis, l’armée constituée en majorité des corps habillés originaires du nord est un des piliers du système Biya.

3 – La chefferie traditionnelle

Comme l’armée, la chefferie traditionnelle est très politisée et voue une fidélité « hors-norme au clan Gnassingbé. Elle est souvent instrumentalisée à des fins conservatrices du pouvoir au point où les gouvernants s’invitent dans les coutumes et rites traditionnels. Les fêtes traditionnelles respectent aujourd’hui plus les calendriers des gouvernants que les messages de leurs divinités.

Et puisque les chefs traditionnels occupent et jouent un rôle essentiel dans la vie des communautés locales, le pouvoir de Lomé II les associe toujours à la gestion du pouvoir politique en leur offrant des avantages et autres prestiges.

4 – Le parti RPT-UNIR

Le plus vieux parti, le Rassemblement du Peuple togolais (RPT) a fait sa mue avec “l’adoption” d’un nouveau nom pour le parti en 2012 Unir. Selon les militants du nouveau parti du clan Gnassingbé, Faure Gnassingbé a voulu se démarquer de l’héritage peu reluisant de l’ancien parti RPT en créant une nouvelle vision grâce à UNIR (Union pour la République). Mais pour bon nombre d’observateurs, c’est blanc bonnet, bonnet blanc ; au fond, c’est le même régime répressif qui se maintient dans sa logique de conservateur du pouvoir.

5 – Le népotisme

“Régime dictatorial, régime cinquantenaire, régime sanguinaire, régime diabolique”, voici les noms que donnent des Togolais au pouvoir mis en place par le clan Gnassingbé. Les opposants dénoncent cette dictature soutenue qui se base sur la division ethnique.

La majorité des Togolais pensent que les compatriotes originaires du nord surtout ceux de la même région (Kara) que le président Faure Gnassingbé sont plus privilégiés. Ce sont eux qui occuperaient les postes stratégiques dans l’armée, l’administration, presque dans tous les domaines au détriment de leurs concitoyens des autres ethnies.

6 – Le réseau des femmes

L’autre force du régime Gnassingbé serait les réseaux des femmes qui pullulent dans l’armée, dans l’administration, dans les collectivités locales. Elles sont souvent femmes des militaires tous faisant parti de l’UNIR ou occupent des postes clé. Très organisées, elles soutiennent le régime par des manifestations de soutiens sous l’étiquette de l’UNIR en mobilisant leur entourage.

7 – Le fameux accord du RPT-UFC

Cet accord signé le 26 mai 2010 entre le RPT et l’UFC est une erreur grotesque selon les observateurs. En ce temps le Togo avait connu un tournant décisif au lendemain de l’élection présidentielle de 2010 qui avait donné Faure Gnassingbé vainqueur. Une décennie de lutte féroce des partisans de l’UFC avec des lots de victimes avait été balayé d’un revers de main.

7 ans déjà que dure cet accord, mais les résultats escomptés sont pas atteints. Gilchrist Olympio, l’ex-opposant charismatique dans la lutte contre le régime, a préféré plutôt se ranger su côté de son adversaire dans la logique de préserver la solidarité du peuple togolais, la consolidation de la paix, le redressement du filet socioéconomique et d’ouvrir la voie à une alternance politique pacifique.

8 – La corruption

Au Togo, la corruption est faite à ciel ouvert. Selon le rapport 2016 de Transparency International », le Togo ne fait pas de progrès, puisqu’il compte toujours parmi les pays les plus corrompus au monde malgré la mise en place de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées.

Une pratique qui profiterait aux nantis du pouvoir. Les critères de base sont entre autres la relation entre la corruption et les inégalités, l’inégale répartition du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse. Des 176 pays à travers le monde, le Togo figure à la 23e place.

9 – Les divisions de l’opposition

Le clan Gnassingbé a toujours surfé sur la division de l’opposition depuis des décennies. Il arrive à les « corrompre » de diverses manières. Les opposants qui ne parlent pas d’une même voix se sont toujours fait avoir par le régime qui les utilise pour conserver son pouvoir. Des coalitions ont souvent volé en éclats par le fait des leaders politiques au grand dam des militants. Depuis le mois d’août dernier, l’opposition semble retrouver son unicité. Ils avancent ensemble au front contre le pouvoir de Lomé II, en exigeant le retour de la constitution de 1992.

10 – Les réseaux internationaux

Après son accession « catastrophique » au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé ne bénéficiait pas officiellement des soutiens de ses pairs. Mais en novembre 2013, le président togolais Faure Gnassingbé est parti rencontrer le président congolais Denis Sassou Nguesso dans le village national.

Officiellement, c’était une visite officielle pour renforcer les liens de coopération entre le Togo et le Congo, mais selon La Lettre du Continent, ce déplacement de Faure Gnassingbé s’inscrit dans le cadre de son initiation par Denis Sassou Nguesso. Ce dernier l’a enlevé de sa singularité.

Faure Gnassingbé entretient également une relation particulière avec le Vatican. « Fervent catholique » comme il aime le dire, il se rend d’habitude à Rome pour rencontrer le Pape. À cela, il faut ajouter les réseaux que lui ont laissés son feu père Eyadéma notamment, auprès d’hommes d’affaires, de partis politiques de pays étrangers, d’amis et d’obligés.

Faure Gnassingbé aujourd’hui préfère les relations avec l’Israël qu’avec la France, une amie de longue date du Togo. Faure Gnassingbé essaye de redonner une belle image du pays à l’étranger à travers des forums, des sommets internationaux.

Source : Togoweb.net