Togo / Violences policières sur un jeune à Kara. «Kozah Espoir» interpelle le ministre de la sécurité: Encore un coup d’épée dans l’eau?

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AYOUGUELE Kudjukabalo moleste police kozah

«Nous dénonçons avec la plus grande vigueur cet abus qui expose dangereusement nos populations aux brimades et qui sape le vivre-ensemble malgré vos efforts pour affermir les liens civilo-militaires.»

Voilà un extrait de la lettre envoyée au ministre de la sécurité par l’association «Kozah Espoir», signée par le Conseiller municipal de Kozah 1, Aklèsso Agouzou, pour protester contre les violences exercées sur le jeune citoyen à Kara par les forces de sécurité. En effet, trois éléments de la sécurité auraient débarqué, mercredi 22 mai en début d’après-midi, sur le lieu de travail du jeune citoyen répondant au nom de AYOUGUELE Kudjukabalo pour contrôler le contenu de son téléphone portable. Ayant naturellement refusé de s’exécuter, les agents ont donc fait ce qu’ils savent le mieux faire en toute impunité: ils se seraient jetés sur le malheureux en le rouant de coups avant de le conduire au camp. Après vérification, les images recherchées n’auraient pas été retrouvées sur le portable. Relâché par le lieutenant qui aurait envoyé ses éléments pour la curieuse mission, notre malheureux jeune homme, couvert de blessures et cherchant des moyens pour se faire soigner, se serait alors adressé au „bureau du citoyen“ de la commune de Kozah 1, qui l’aurait orienté vers la police, qui se serait déclarée incompétente pour traiter son cas. La police d’un pays qui se déclare incapable pour porter secours à un citoyen en détresse! Mais on est où là? Le jeune, victime de ces violences policières, contacté de nouveau par ses agresseurs qui chercheraient à le rencontrer à une heure tardive dans la nuit, connaissant très bien les habitudes pas très catholiques de la maison „Togo“, côté armée et police, aurait pris peur et serait entré dans la clandestinité. «Kozah Espoir» estime que la victime aurait été accusée injustement et violentée.

Nous savons depuis longtemps que les Togolais sont en insécurité dans leur propre pays, livrés qu’ils sont, poings et pieds liés, à ceux qui sont supposés être payés pour qu’ils vivent en paix: agents de sécurité et militaires. Mais que cette malheureuse attitude, malgré les nombreuses dénonciations des citoyens, des organisations nationales, comme internationales des droits de l’homme, persiste et prenne de l’ampleur en toute impunité, donne à réfléchir et à se demander si la lettre de «Kozah Espoir» au supposé ministre de la sécurité, ne tombera pas encore une fois dans les oreilles de sourds. Dans sa lettre, l’association de la société civile «Kozah Espoir» rappelle au ministre de la sécurité la gravité des faits en évoquant la violation des droits de l’homme que cela constituerait et serait contraire aux dispositions de l’article 21 de la constitution togolaise et de l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme: «nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants.» Poursuivant son adresse au ministre, «Kozah Espoir» évoque le danger qui menacerait désormais la vie du concitoyen agressé en rappelant les écarts de comportement des agents de sécurité qui pourraient récidiver et faire des victimes dans la commune. La lettre se termine par un appel à «Monsieur le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour que la cause de la victime soit entendue, pour assurer sa sécurité puis sanctionner les auteurs de ces bavures conformément à la loi.»

À propos victime, ce qui est arrivé à notre compatriote à Kara est regrettable et surtout condamnable. Son cas vient s’ajouter à beaucoup d’autres, encore plus malheureux, connus ou restés dans l’anonymat. Beaucoup de nos compatriotes, ainsi violentés par nos forces de „sécurité“ en toute impunité, n’ont malheureusemnt pas eu la chance de survivre. Leurs familles ont dû les enterrer et faire leur deuill sans broncher. C’est aussi ça le Togo, le Togo de la peur, le Togo de l’impunité, le Togo du désordre total béni depuis le sommet de l’état. Inutile de rappeler que nous y sommes en dictature où règne la loi de la jungle, donc la raison du plus fort. Si nous voulons parler de victimes, il y a celles constituées par les plusieurs dizaines de prisonniers politiques qu’on refuse de libérer. Il y a également les prisonniers de droit commun qui croupissent depuis plus d’une décennie sans jamais avoir été jugés, comme nous le rappelle notre ami Ferdinand Ayité. Il y a les exilés politiques dont justement fait désormais partie le directeur du journal «L’Alternative». Et notre ministre à qui «Kozah Espoir» s’adresse pour que justice soit faite pour AYOUGUELE Kudjukabalo à Kara, est bel et bien au courant des nombreuses bavures ou violences policières et militaires sur les citoyens, ainsi que des multiples violations des droits de l’homme au Togo. Nous espérons que rien de grave n’arrivera à notre jeune compatriote. Mais en même temps la réalité togolaise veut que nous restions fidèle au titre de notre article, hélas!: cette interpellation de «Kozah Espoir» au ministre de la sécurité et de la protection civile, ne risque-t-elle pas d’être un coup d’épée de plus dans l’eau?

Samari Tchadjobo
Allemagne

Ci-dessous le courrier adressé par Kozah Espoir au ministre (Télécharger la version PDF ici)

Kara, le 24 Mai 2024

A

Monsieur le Ministre de la Sécurité Et de la Protection Civile

Objet:Lettre d’information

Monsieur le Ministre,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les actes de violence exercés volontairement et arbitrairement ce mercredi 22 mai 2024 à 14H 30 sur M. AYOUGUELE Kudjukabalo, jeune entrepreneur dans la commune de kozah 1, par des éléments de foce de sécurité qui seraient en stage au camp groupement de Kara.

En effet Monsieur le Ministre, selon les témoignages de la victime que nous avons rencontrée dans sa tenue déchirée avec des blessures qui témoignent les sévices corporels dont il a étévictime, trois éléments de la sécurité ont débarqué dans son atelier de cordonnerie situé sur la voie du campus-sud de l’université de Kara et lui ont intimé l’ordre de déverrouiller son téléphone portable. Surpris de leur demande, il a opposé un refus en cherchant à comprendre l’objet de leur visite. Sans avoir eu d’explications, les trois agents se sont jetés sur lui et l’ont molesté avant de lui retirer le téléphone puis l’ont conduit au camp groupement de Kara. ll a été écouté par un lieutenant qui l’informe que ses éléments étaient passés vérifier son téléphone pour s’assurer qu’il n’avait pas pris d’images quand ils faisaient le sport. Son portable a été fouillé sans trouver aucune image. Il était donc injustement accusé et violenté.Relâché par le lieutenant, la victime s’est confiée au bureau du citoyen de la commune de kozah1 qui l’a dirigée vers la police. Mais cette dernière s’est vue incompétente pour agir.

Ne pouvant plus supporter les douleurs au lendemain, la victime est retournée dans la journée du jeudi 24 mai 2024 à la gendarmerie demander des soins au lieutenant .Ce dernier lui répond que c’est parce qu’il n’a pas été bien molesté et enfermé qu’il réclame des soins. Mais dans la nuit aux environs de 21h il reçoit un appel téléphonique de ces agents qui disent vouloir le rencontrer. Sentant sa sécurité menacée, il s’est mis à l’abri.

Monsieur le Ministre, ces faits ainsi relatés constituent une violation grave des droits de l’homme et sont contraires aux dispositions de l’article 21 de la constitution togolaise et l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de I’Homme :« Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitement cruels, inhumains ou dégradants ».Dans le cas d’espèce, ce comportement arbitraire des agents des forces de sécurité constitue une bavure policière et un abus d’autorité qui viole les alinéas premiers des articles 15, 16,17 et 20 de la constitution togolaise et l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et poltiques ratifié par le Togo: «Tout individu a le droit à la liberté et à la sécurité de sapersonne.Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire».

Nous dénonçons avec la plus grande vigueur cet abus qui expose dangereusement nos populations aux brimades et qui sape le vivre ensemble malgré vos efforts pour affermir les liens civilo-militaires.

Craignant pour la vie de notre concitoyen, et les écarts de comportement de ces agents de forces de sécurité qui pourraient se récidiver et faire des victimes dans notre commune,je vous prie, Monsieur le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour que la cause de la victime soit entendue,assurer sa sécuritépuis sanctionner les auteurs de ces bavures conformément à la loi.

Comptant sur votre sens élevé de respect, de protection et de promotion des droits des citoyens, je vous prie d’agréer Monsieur le Ministre,l’expression de mes considérations les plus distinguées.

Ci-joint la photo de la victime.

Pour le groupe KOZAH-ESPOIR,

Source : 27Avril.com