Togo : Une femme victime des violences militaires à Mango raconte.

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Togo : Une femme victime des violences militaires à Mango raconte.

A Mango, la répression des manifestations a été particulièrement sauvage. Hommes, femmes, jeunes et enfants ont été passés à tabac sans ménagement. On comprend désormais pourquoi les jeunes ont déserté la ville pour se réfugier au Ghana voisin. A lui seul, le témoignage glaçant d’une dame rencontrée la semaine dernière par les leaders de l’opposition rend compte du niveau de violence qui s’est abattue sur ces populations. Lecture !

C’était aux environs de 6h du matin que les militaires ont fracassé la porte de notre chambre et sont rentrés. Nous étions deux (femmes, Ndlr) à l’intérieur. Ils ont commencé à nous matraquer à coup de bâtons. Ils nous ont sauvagement rouées de coups. Après, ils nous demandent où se trouvaient nos maris. Nous leur avons répondu que nous n’avions pas de maris, ma seconde ayant perdu le sien. Insatisfaits de la réponse, ils nous ont une fois de plus fessées, et d’une manière plus effroyable.

Ils ont aspergé un enfant dans notre voisinage et ont menacé de le brûler vif. On ne sait pas notre tort. Ils ont chassé les hommes qui ne reviennent plus à la maison. Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter tout ça ? Tout le monde a déserté chez lui. C’est triste. Dites-leur de cesser ces brimades. Maintenant on ne sait plus à quel saint se vouer. Ils m’ont impitoyablement fessée tellement que je n’arrive plus à m’asseoir. On ne sait pas vraiment pourquoi ils agissent ainsi.

Ils ont brulé nos biens, détruit nos choses, emporté nos céréales et autres. On veut être en paix ici à Mango, dites leur ça. Les hommes ne reviennent plus. Certains se sont refugiés au Ghana, mais d’autres se sont noyés en voulant fuir les atrocités. C’est pitoyable. Maintenant c’est la rentrée qui s’approche, nos enfants ne savent pas où ils vont fréquenter. Ils ont aussi arrêté bon nombre d’élèves. Ce que nous vivons est inimaginable. Même l’argent avec lequel je fais mes petites activités a été volé par les militaires. Je n’ai rien pour me rendre à l’hôpital pour mes soins, alors que je n’arrive plus à poser mes fesses sur une chaise.

Maintenant ils veulent quoi au juste ? Avant de partir, ils m’ont une fois de plus demandé pourquoi je ne me suis pas mariée. Ce a quoi j’ai répondu que je n’étais pas encore mature pour me donner à un homme. Ils ont également cherché à savoir mon âge. Ils se mirent aussitôt à me fesser une fois de plus, au motif que je ne me suis pas encore mariée.

Source : L’Alternative No.645 du 03 octobre 2017; Vidéo : Bill Emile Davolk

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