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Togo : un marathon de rencontres internationales qui trahit un manque de réelles initiatives de développement ?

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Il y a du mouvement dans la capitale togolaise. Depuis hier, Lomé vit au rythme d’événements internationaux qui réunissent des personnalités venus de divers pays, aussi bien d’Afrique que des autres continents. Il s’agit de deux conférences, la première sur le terrorisme et la seconde sur le financement. Pendant ce temps, les initiatives pour un réel développement du pays sont inexistantes.

Pour la première, il s’agit de la « Conférence de haut niveau sur l’engagement parlementaire avec les jeunes et les organisations de la société civile dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent sur le continent africain » qui se déroule du 19 au 20 janvier 2023. Les travaux ont été ouverts hier par la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsegan qui n’a naturellement pas manqué d’éloges à l’endroit de son patron dont elle salue « l’engagement constant en faveur de la recherche de la paix et de la fraternité entre les nations ». « Que toute gratitude lui soit donnée pour son leadership audacieux et pragmatique, gage de résultats tangibles tant sur le plan national que sur la scène internationale. Le caractère récent de l’aboutissement de certaines de ses actions dans notre sous-région ouest-africaine nous conforte dans cette conviction », a-t-elle louangé.

Dans un communiqué de presse publié quelques jours avant la rencontre, il est indiqué que cette conférence qui fait suite aux assises organisées en mars 2022 à Doha au Qatar, va poursuivre la recherche et les moyens par lesquels les parlementaires pourraient effectivement renforcer leur engagement avec les jeunes dans la prévention de l’extrémisme violent. « Les recommandations élaborées par le groupe de travail seront partagées et analysées par les délégations pour envisager davantage d’actions bilatérales », explique le communiqué.

Soit dit en passant, il est évident que pour renforcer l’engagement des jeunes, il suffit pour les parlementaires d’aller régulièrement sur le terrain, mais surtout de jouer le rôle de vrais mandataires du peuple dans le contrôle de l’action gouvernementale et l’adoption des textes. Et puis, en apprenant l’organisation de cette conférence, nombreux ont pensé que les travaux allaient aboutir à une solution miracle de lutte contre le terrorisme. Il n’en est rien. C’était visiblement de simples retrouvailles entre amis.

Dans la même journée du jeudi 19 janvier, une autre Conférence Internationale de Lomé sur le Financement (CILF 2023) a été ouverte dans la capitale togolaise. C’est la deuxième conférence dont nous parlions. L’événement qui, selon les informations, réunit entrepreneurs de premier plan, avocats prestigieux, éminents experts financiers, investisseurs et hauts responsables politiques est organisé sous le patronage du chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Comme pour la première rencontre, les travaux vont aussi durer deux jours sur « le financement des entreprises et des grands projets ».

A cette conférence, c’est la ministre Rose Kayi Mivedor, chargée de la promotion de l’investissement qui représentait le président de la République. « Votre participation en nombre important démontre la nécessité de tenir de tels évènements qui visent à créer des cadres de discussions avec les acteurs d’origines et d’expertises diverses sur des sujets d’actualités tels que le financement des entreprises et l’émergence, nos champions comme on dit dans nos pays afin d’avoir un secteur privé économiquement et financièrement fort », a-t-elle déclaré.

Dans tous les cas, cette deuxième conférence ressemble un peu à un événement tenu il y a moins de deux mois dans la capitale togolaise. Il nous souvient que fin novembre 2022, se tenait au Togo l’édition 2022 de l’Africa Financial Industry Summit (Afis). Faure Gnassingbé y a même prononcé un discours. Et d’autres sommets et conférences s’annoncent après la multitude organisée dans le pays. Finalement on se rend compte que le projet du gouvernement et du pouvoir en place de faire de Lomé un centre de conférences, va bon train. Les rencontres s’y multiplient. Lomé le hub est en marche.

Malheureusement, on constate aussi que la volonté du pouvoir d’accueillir des rencontres internationales quelles qu’elles soient, prend le pas sur de réelles initiatives visant le développement du pays. En dehors du Plan national de développement (PND) 2018-2022 qui s’est soldé par un fiasco et remplacé à brûle pourpoint par la Feuille de route (FDR) 2020-2025, quelles réelles initiatives le gouvernement a-t-il pris pour enclencher un vrai développement du Togo ? Le pays s’est souvent contenté de rapports flatteurs de certaines institutions internationales, des statistiques aveugles d’instituts nationaux pour dire que le Togo tend vers l’émergence.

Depuis déjà une décennie, des dizaines de milliers de jeunes Togolais ont fait l’expérience du volontariat. Avant les années 2020, le volontariat était présenté comme la voie royale pour se faire une place au soleil. Ensuite, avec les crises qui ont miné le volontariat, le langage a évolué. Désormais, il faut créer son entreprise soi-même, devenir son propre boss. Des milliers d’entreprises ont été créées, mais l’évidence est que la majorité est constituée d’entreprises mort-nées. Pendant ce temps, le pays se vide de sa jeunesse, poussée à l’exil par les difficultés qu’ils rencontrent au pays. Dans un contexte de déficit aigu de démocratie.

Avec Liberté

Source : Togoweb.net