Parmi les mesures conjoncturelles prises en fin de semaine dernière par le gouvernement togolais, en vue de juguler l’inquiétant phénomène de la vie chère, figure en bonne place, cette question de plafonnement des prix des produits à grande consommation.
Si l’on doit évidemment se féliciter du fait qu’enfin, nos dirigeants ont bien compris qu’ils doivent agir pour trouver des solutions aux différentes difficultés auxquelles leur peuple fait face, il y’a cependant un réel problème qui se pose malheureusement sur les mesures ainsi prises.
Prenons en exemple, le cas de l’huile ou du riz dont le prix, dit-on, est désormais théoriquement encadré. Ces produits sont importés et leur prix dépend forcément du producteur. Comment donc le consommateur peut-il avoir la prétention d’en fixer le prix et de le maintenir sur une durée raisonnable dès lors qu’il ne maîtrise aucunement les coûts de leur production?
Oui la contrepartie proposée par nos gouvernants est l’exonération de la TVA sur ces produits importés, mais tout le monde sait que la définition du prix d’un produit en vente ne dépend pas que de la taxe en ajout, mais de son prix d’achat. L’on comprend alors qu’il y’a forcément un réel souci sur l’efficacité et la justesse d’une telle mesure qui risque d’être particulièrement difficile à être appliquée sur le terrain, sans causer de dommages et de préjudices aux importateurs eux-mêmes.
Deuxième chose, j’ai eu un échange hier avec un inspecteur du commerce qui m’a avoué que par région, notre pays ne dispose pas de plus de 5 inspecteurs de commerce et encore moins de contrôleurs. Comment donc l’État entend-il assurer le contrôle des prix qu’il a arbitrairement fixés au titre des mesures contre la vie chère ?
Va-t-il, sur le champ et en urgence, en recruter? Comment, de façon concrète, l’État va assurer sa présence sur le terrain et ainsi s’assurer de l’effectivité de la mise en œuvre de ses mesures ?
En tout état de cause, ces solutions, je l’ai mentionné plus haut, ne sont que d’ordre conjoncturel, et ne sauraient servir la cause d’un défi plutôt structurel.
La solution à tout ceci est l’incitation des citoyens à produire ce qu’ils consomment. Et quand je parle d’incitation, il s’agit là des dispositions visionnaires que nos gouvernants se doivent de prendre en amont et de façon anticipatoire, en vue d’encourager la production efficiente de ce que leur peuple consomme dans le sens plein du mot.
Car le phénomène de la vie chère s’explique simplement par le fait que l’essentiel de ce que notre peuple consomme est fondamentalement importé et par conséquent, il suffit que de nouveaux aléas s’imposent à leurs producteurs pour que ceux-ci changent radicalement leur prix à l’importation et tout se chamboule sur tout le long de la chaîne.
C’est exactement ce qui arrive avec le baril de pétrole sur lequel nos États n’ont aucune emprise en ce qui concerne son prix à l’importation. Ainsi donc les gesticulations de subventions ou d’exonération de taxes ne suffiront jamais pour maîtriser leur prix sur le marché.
Produisons simplement ce que nous consommons à tous points de vue. C’est alors que nous sortirons définitivement des effets d’annonce et du jonglage pour assumer notre vie et en devenir de vrais maîtres. L’exemple d’un pays comme la Russie ou de bien d’autres qui se sont intelligemment et efficacement affranchis de la dépendance maladive de l’extérieur, éclaire opportunément notre lanterne à cet effet!
Luc Abaki
Source : icilome.com