Togo, Rénovation de la Route Lomé-Kpalimé : Quand Ebomaf met la vie des usagers en danger

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Entamés depuis juin dernier et ce pour 36 mois, les travaux de rénovation de la nationale numéro 5 compliquent la vie aux usagers plus qu’on ne pouvait s’y attendre. Pourtant Bokoungou Mahamadou et Fils (EBOMAF), l’entreprise exécutrice a été encensée dès le debut pour son professionnalisme.

Le dimanche 18 octobre dernier dans la nuit, un accident horrible a mis en émoi les riverains de l’hôtel Nord-Sud situé sur la nationale numéro 5. En effet, un gros porteur de la société Ebomaf a « ramassé » un conducteur de taxi-moto, en face de l’hôtel susmentionné à Adidogomé. La victime a rendu l’âme sur le coup. Si les circonstances exactes de ce drame n’ont pas été élucidées, certains usagers de la voie pointent néanmoins d’un doigt accusateur, la société en charge des travaux.

Ebomaf rechigne à aménager les déviations.

Il fait partie des exigences que pour un chantier aussi gigantesque, l’entreprise attributaire doit construire ou aménager des déviations afin de permettre aux usagers de la voie en rénovation de vaquer assez aisément à leurs occupations. Mais tel n’est pas le cas dans la réhabilitation de cette voie. La société burkinabé a lancé les travaux sans même que les déviations ne soient aménagées. C’est seulement plusieurs jours après le début des travaux qu’ Ebomaf a affrété l’un de ses engins pour le terrassement de certaines voies qui devraient servir de déviations.

Mais là encore, cela l’a été nonobstant les normes requises en la matière. Par endroit, à peine les premieres gouttes de pluie que la voie devient glissante et poussiéreuse. Pour camoufler la situation, l’entreprise a déversé du gravier sur quelques portions de certaines voies. « Avec le gravier, la voie est devenue encore plus impraticable. On a la poussière dans les yeux et si vous ne faites pas attention, si vous tombez, vous allez vous blesser grièvement », a confié Ayikoué, un conducteur de taxi-moto.

Selon un ingénieur en génie civil interrogé par notre rédaction, avant la construction ou la réhabilitation d’une route, l’entreprise qui a gagné le marché est dans l’obligation de proposer des déviations aux usagers. « D’ailleurs, normalement cela fait partie des exigences du maître d’ouvrage », a expliqué ce spécialiste, avant d’ajouter « les déviations répondent à des normes prédéfinies notamment une voie sécurisée avec des feux tricolores et de l’éclairage pendant la nuit ».

La vie des usagers en danger…

Malgré des cris d’alerte, Ebomaf fait la sourde oreille et rechigne à aménager correctement les déviations. Face à cette situation, certains usagers ont fait le triste choix de continuer à emprunter la voie principale en chantier surtout aux heures de pointes. Entre les gros engins et les gravats, se forment alors des bouchons. Et les accidents se multiplient. « Des accidents, on en compte chaque jour», confie un conducteur de taxi, grand marché-totsi. « On aurait peut-être pu éviter ces accidents si les déviations ont été faites. Pour moi, c’est une mise en danger de la vie d’autrui. On a l’impression que certaines personnes attendent qu’on commence par compter les morts avant de rappeler à Ebomaf ses engagements », a ajouté le conducteur.

Un sentiment partagé par Mathieu, fonctionnaire au Centre administratif et des services économiques et financiers (CASEF), usager de la route Lomé-Kpalimé. « Chaque matin pour me rendre au service et le soir pour rentrer à la maison, c’est un calvaire avec la peur au ventre. La déviation non aménagée est aussi dangereuse que la route en chantier. Mais comme la route est plus courte, on a choisi de l’emprunter. Si les déviations avaient été aménagées, la route serait fermée par endroit. Mais comme cela n’a pas été fait, on laisse les usagers emprunter la route malgré les dangers de tous les côtés », a relaté le fonctionnaire.

En rappel, d’un coût de 214 milliards de FCFA, les travaux de réhabilitation et de renforcement de la voie Lomé-Kpalimé devront durer 36 mois. Ils consistent principalement en : l’aménagement d’une chaussée en 2×3 voies du tronçon Todman-Zanguéra (15km), l’aménagement en 2×2 du tronçon Zanguéra-Noépé (19km), la construction d’une chaussée de 2 voies entre Noépé et Kpalimé (91km). D’autres travaux sont aussi programmés, notamment l’aménagement de bassins de rétention d’eau à Todman, Ségbé et Adidogomé.

Source : Fraternité

Source : 27Avril.com