Série de suicides : L’autre visage du désespoir profond au Togo

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Le phénomène de suicide est de plus en plus grandissant au Togo. Plus répétitif ces derniers temps, avec la jeunesse prise généralement pour cible, cela témoigne d’un inquiétant indicateur qui gangrène la gouvernance de Faure.

Mandat social, dites-vous?

Nombre de rapports internationaux levaient déjà un coin de voile sur un malaise social ambiant au Togo. Des indices sur le bonheur des Nations Unies, il en ressort que le Togo fait partie des pays les plus malheureux au monde. Ceci, malgré les ressources naturelles dont dame nature l’a doté.

Mais en face, les autorités politiques ne manifestent aucune volonté pour permettre aux togolais de sortir d’un tel bourbier. Avec un salaire minimum inter professionnel (Smig) vacillant entre 35 et 38.000 FCFA, le fonctionnaire togolais trime. Sinon, tire le diable pour survivre. Dans le privé, le Smig est loin d’être respecté. Loin de vivre épanoui de son travail, le travailleur togolais surfe sur des dettes qui, finalement, empoisonnement sa vie.

En face, se trouve également une jeunesse, diplômées mais désoeuvrée qui ploie sous le poids du chômage et du emplois. Même le simulacre de la politique entrepreneuriale ne constitue point un début de solution, puisque n’absorbant qu’une minorité privilégiée de ces jeunes.

Voilà décrite en somme une situation sociale morose qui exprime la misère ambiante dans laquelle baignent les togolais dont certains, face à un horizon sans lueur d’espoir optent pour la pire des solutions.

Une situation qui remet en cause, outre les 38 ans de règne sans partage de Gnassingbé Eyadema, les 15 ans de gouvernance de son fils Faure. Laquelle gouvernance est ponctuée par son mandat dit social qui, loin du concret, n’aura été plus qu’un effet d’annonce.

Des faits inquiétants…

En effet, c’est un constat que des cas de suicide s’enregistrent ces derniers temps ici et là dans le pays. Les derniers relevés par la presse date sont une série de cas, aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays. D’une jeune fille dans le Vo, il y a quelques semaines, à un vigile du village du Bénin (Université de Lomé), la semaine dernière en passant un enseignant dans l’Akebou, un homme retrouvé mort, le 19 août, dans la retenue d’eau à Agoè 2 Lions, le jeune Guillaume qui s’est pendu après l’échec au Bac 1, une autre pendaison enregistrée d’un jeune à Adidogome du nom de Messan-Koffi Dodzivi, un homme de la quarantaine, mort par suicide à Hanoukope, une jeune étudiante qui s’est suicidée le 17 octobre dernier à Avedzi… les cas sont légions.

Parallèlement à ces quelques exemples qui sont loin d’être exhaustif, le bilan sécuritaire du premier trimestre 2019 faisait déjà état de 28 cas de suicide signalés.

En détail, le rapport révèle que dans la région maritime, il a été enregistré 18 morts par suicide dont 8 par pendaison, 2 cas dans les Plateaux (1 par pendaison et l’autre par noyade), 3 cas par pendaison dans la région de la Kara, 5 cas dans les Savanes (3 par pendaison et 2 par absorption de produits nuisibles à la santé).

Preuves d’un malaise social

Somme toute des faits qui font craindre l’hécatombe, lorsqu’on se rend compte que le régime cinquantenaire de Lomé, plutôt préoccupé par la sauvegarde du pouvoir que le bien-être social des togolais, n’offre aucune alternative crédible pour sauver les meubles. Et à ce stade, ce n’est point surprenant que des togolais, dépités par les soucis de la vie, se donnent la mort. Même si parfois ces forfaitures sont par moment motivées par des raisons passionnelles et autres, elles le sont pour la plupart des cas par des conditions de vie misérables sous lesquelles croupisses ces âmes et dont les plus faibles ne trouvent malheureusement d’alternative que de se ôter la vie.

Échec politique…

Politiquement, quoiqu’il advienne et peu importe les motivations, cela met à nu, l’échec d’un régime comme celui du Togo qui, cinquante ans durant, n’a d’exploit que l’érection de deux Togo, un pour une minorité insolemment bourgeoise et une grande majorité extrêmement prolétaire. Une disparité préjudiciable qui, non seulement exprime l’échec de la gouvernance du père et fils, mais aussi et surtout repose la question de la redistribution équitable des ressources du pays. Une politique équilibriste censée donner de l’espoir aux laissés pour compte et marginalisés de la société qui, sans armes ni défense, sombrent dans la dépression.

Source : Fraternité

Source : 27Avril.com