Les fameux réseaux sociaux; on peut les détester comme on peut les aimer. Malgré le fait qu´ils aient leur côté négatif sur plusieurs plans, ayons quand même l´honnêteté de reconnaître qu´ils peuvent aussi servir de canal pour véhiculer des informations à la minute presque, mieux que certains médias officiels classiques. C´est ce à quoi nous avons eu droit jeudi 24 février 2022 quand Faure Gnassingbé, président de fait du Togo, était arrivé presqu´incognito à Bafilo, le chef-lieu de la préfecture d´Assoli; ce gros village, oh pardon! cette “ville” oubliée dans son dénuement par le régime plus que cinquantenaire, comme d´ailleurs beaucoup d´autres localités de notre cher pays qui n´ont leur dénomination de villes que par le nom.
Donc ce jeudi 24 février 2022 nous eûmes tout d´abord droit à l´information avec images selon laquelle plusieurs camions militaires avaient envahi la ville Bafilo. Ces camions remplis de militaires seraient stationnés à la sortie de la ville sur la route menant au village de Soudou. Nos investigations auprès de nos contacts dans cette région d´Assoli nous ont confirmé que des contrôles étaient effectués sur des passants. Une présence militaire qui fit paniquer la population, car tout le monde sait au Togo de quels “exploits”nos hommes en treillis sont capables, et en toute impunité, sur la population civile. Et qui ne sait pas, par exemple, que la folie meurtrière de nos vaillants militaires n´épargne même pas les enfants? Personne ici n´a oublié l´assassinat par balle en septembre 2017 du jeune élève de 14 ans répondant au nom de Rachad Agrignan. C´est pourquoi aux moindres bruits de bottes de l´armée togolaise dans quelque région que ce soit au Togo, tout le monde se tient tranquille, car on ne sait jamais.
Après des images de camions militaires, vinrent ensuite celles montrant Faure Gnassingbé entouré d´une petite foule et en pleine discussion avec quelques personnes. Nos informateurs sur les lieux nous apprendront plus tard que le chef de l´état du Togo venait d´arriver par hélicoptère. Nous pouvons donc maintenant comprendre cette présence militaire assez importante à Bafilo. Quoi de plus normal que de sécuriser le déplacement d´une personnalité politique de cet acabit qui est Faure Gnassingbé? Mais qu´est-il venu faire dans le chef-lieu de la préfecture d´Assoli? L´hélicoptère ayant atterri sur le stade de la ville, était-il là pour le projet de modernisation du terrain de football? Ou voulait-il donner le coup d´envoi de la réfection de la route Bafilo-Alédjo Koura? Son déplacement était-il plutôt motivé par d´autres projets au profit de Bafilo? Voilà, après la visite impromptue de Faure Gnassingbé dans l´Assoli les rumeurs auxquelles sont confrontées les populations. Nos efforts pour en savoir plus ont tous achoppé sur le manque d´informations précises de la part de nos contacts.
Un chef de l´état est au service du peuple qui le nourrit et le blanchit. Il n´est pas un entrepreneur privé pour faire ce qu´il veut et quand il veut. Les moyens financiers mis à sa disposition le sont pour la mission qui lui est confiée; c´est pourquoi rendre compte de tout ce qu´il fait, doit être la devise de tout chef de l´état ou président de la République. C´est pourquoi dans tous les pays qui se respectent et où les dirigeants respectent leurs peuples, les populations sont informées en avance de tous les déplacements de leurs premiers responsables politiques. Le jour, l´heure, le lieu et le motif du déplacement sont communiqués par les services compétents; et c´est ce qui permet à la presse audiovisuelle, écrite et radiophonique de s´apprêter en envoyant leurs reporters selon l´importance de l´évènement. Chez nous au Togo la confusion quant aux droits et devoirs du chef de l´état est telle que personne ne sait plus dans quel système politique nous vivons. Sommes-nous en république? S´agit-il d´un royaume? Ou bien avons-nous affaire à un système politique tellement bizarre auquel les experts devraient chercher une définition?
Jamais un régime politique aussi dictatorial soit-il, à travers le monde, n´a eu du mépris pour son peuple comme nous le vivons au Togo. La corruption à grande échelle, les nombreuses violations des droits de l´homme avec leur corolaire d´impunité garantie sont devenues une deuxième nature pour ceux qui prétendent nous diriger, au point que la gouvernance politique au Togo est devenue une véritable mafia qui ne profite qu´à une minorité au détriment du plus grand nombre. En dehors de Faure Gnassingbé qui, apparemment, n´aurait de comptes rendre à personne de tout ce qu´il fait, il y a le gouvernement composé de personnalités qui, prises individuellement, sont supposées être des têtes bien faites. Mais le travail du gouvernement, si on peut l´appeler ainsi, est tellement inefficace ou inexistant que le pays tout entier va droit dans le mur sur tous les plans.
Quant à la bande à Madame Yawa Djigbodi Tségan, c´est l´un des plus grands scandales de la gouvernance Gnassingbé. Cette comédie de parlement togolais fait la honte de tous les vrais parlements au monde. Un parlement est fait pour contrôler l´action du gouvernement et non pour jouer le rôle d´une chambre d´enregistrement comme c´est le cas de nos soi-disant députés que personne n´a élus. Nous nous demandons quel travail ils font pour recevoir ces colossales sommes d´argent à la fin de chaque mois. Ont-ils encore un coeur pour voir la misère ambiante de leurs compatriotes autour d´eux, et reconnaître l´inutilité de leur présence en ces lieux?
Si toutes ces dépenses faites pour satisfaire les caprices des uns et des autres au sommet de l´état, si ceux qui sont aujourd´hui au pouvoir pouvaient reconnaître tous les abus dont ils sont responsables et faire amende honorable, un Togo plus humain, sans exclusion aucune, serait possible sans grands accrocs.
Samari Tchadjobo
Source : icilome.com