Togo–Quand les patrons d’entreprise paupérisent leurs employés

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Les dispositions élémentaires de la législation du travail au Togo sont considérablement méprisées dans le secteur des entreprises privées. Les salaires irréguliers, les montants en dessous du SMIG, la non-déclaration des employés sont des pratiques courantes qui enfoncent les salariés dans la précarité.

Le gouvernement togolais est très souvent pointé du doigt lorsqu’il s’agit d’évoquer la misère sociale régnant dans le pays. Des voix s’élèvent pour la revalorisation du SMIG resté à 35.000 F CFA depuis des années en dépit de l’augmentation du prix de tous les produits de consommation. Pourtant le gouvernement emploie moins de 70.000 togolais. C’est dire que le secteur privé est celui qui engloutit la grosse masse salariale.

Dans ce secteur, si quelques grandes entreprises multinationales (secteurs bancaires ou des microfinances, des assurances et automobiles) se démarquent par un traitement salarial digne de leur statut, la majorité des « entrepreneurs privés » n’ont aucun égard à la législation togolaise du travail.

Un jeune collaborateur dans un cabinet d’avocat, nanti d’un master en droit privé, a confié à la rédaction qu’il est rémunéré à 60.000 F CFA par mois. Mme Delphine, secrétaire principale d’une entreprise de commerce général & intermédiation, a avoué être payée à 30.000 F CFA depuis son engagement à l’essai en 2018. Cette dernière n’a jamais été déclarée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Ces témoignages sont loin d’être des cas isolés car des employés de sociétés de la Zone Franche togolaise se retrouvent avec moins de 20.000 F CFA à la fin du mois.

Pourtant, ces entreprises privées ne mettent jamais les clés sous la porte. Mieux, il n’est pas rare de voir ces patrons d’entreprise ouvrir des chantiers de constructions de maison ou s’offrir un train de vie luxueux au moment où leurs employés ont des retards de paiement de salaires.

On pourra toujours reprocher au gouvernement togolais son laxisme à l’égard des entreprises privées quant aux manquements à la législation du travail. Cependant, il convient d’interpeller les employeurs eux-mêmes sur le risque d’une décadence sociale généralisée. Les patrons d’entreprise ont, en vue de la pérennisation de leurs structures, l’obligation d’instaurer et d’entretenir un dialogue social avec leur personnel.

Selon Voltaire, le travail devrait pouvoir éloigner de l’homme « l’ennui, le vice et le besoin ». Cependant nombre de travailleurs togolais, par manque de motivation, s’ennuient au travail ; ils sont livrés à toute sorte de vices et menacés encore par des besoins élémentaires.

Source : icilome.com