Le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé n’a pas du tout usurpé le titre de globe-trotter. Les voyages, c’est son domaine de prédilection, son sport favori, comme certains l’écrivent souvent sur leur curriculum vitae. Il est très habile quand il s’agit de se procurer des occasions de voyager, de sortir de son pays, dans le cadre de son travail de chef de l’Etat. Rien que pour ce mois de février 2022 qui n’est pas encore terminé, nous avons recensé une demi-douzaine de sorties du territoire pour le chef de l’Etat et le chef de la diplomatie togolaise. Si l’on tient compte du mois de janvier, il est probable que Faure Gnassingbé et Robert Dussey aient déjà effectué une vingtaine de voyages officiels.
Pour s’en rendre compte, nous avons relevé les voyages les plus importants. Le 18 janvier 2022, Faure Gnassingbé était en Gambie dans le cadre de l’investiture pour un second mandat du président Adama Barrow. Le lendemain, 19 janvier, il a fait un détour au Mali pour rendre visite à la junte militaire au pouvoir depuis le renversement de l’ex-président feu Ibrahim Boubacar Keita (IBK). De son côté, le chef de la diplomatie togolaise a effectué un voyage de quatre jours en Iran où il s’est entretenu avec les dirigeants de ce pays qui entretient des rapports conflictuels avec les Occidentaux, les Etats-Unis en première ligne. C’était du 23 au 26 janvier 2022. Un voyage similaire aux nombreux séjours dont il a bénéficié au cours de l’année 2021 en Turquie, sur les terres de Receip Tayyip Erdogan, l’autre tyran.
Comme prévu lors de la rencontre par vision conférence le 28 janvier, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est réunie à Accra le 3 février 2022 dans le cadre du sommet extraordinaire sur la situation au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Faure Gnassingbé y était également, lui qui tente de jouer depuis toujours un rôle de premier choix dans la résolution des crises dans l’espace CEDEAO et ailleurs en Afrique.
Pendant son séjour à Accra, Faure Gnassingbé a envoyé le ministre des Affaires Etrangères à Addis-Abeba en Ethiopie où se tenait la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA). La présence de Robert Dussey a été signalée dans la capitale éthiopienne depuis le 2 février 2022. « Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, s’est entretenu mercredi à Addis Abeba avec son homologue togolais Robert Dussey. Egalement présent à la rencontre, Ramtane Lamamra, le chef de la diplomatie algérienne. La situation au Sahel et les sujets d’intérêt commun inscrits à l’ordre du jour du Sommet de l’Union africaine ont été abordés. Le Conseil ministériel s’est ouvert ce matin avant la tenue le 6 février du sommet », renseigne republicoftogo.com. Même au-delà des frontières de la CEDEAO, Faure Gnassingbé et son émissaire se signalent, on ne sait au nom de quel intérêt pour le peuple togolais.
Les voyages des officiels togolais se sont poursuivis. A peine a-t-il quitté l’Ethiopie qu’on le revoie aux Etats-Unis. « Je remercie le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres pour sa disponibilité de co-parrainer avec le Président Faure Essozimna Gnassingbé la conférence de Lomé sur : les transitions politiques et la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest et au sahel », a écrit Robert Dussey le 11 février, lors de son séjour New-Yorkais. Il y est allé pour solliciter le parrainage des Nations pour l’organisation de la conférence d’avril 2022.
Les préparatifs ainsi lancés, Faure Gnassingbé prend à son tour le relais de la mobilisation des chefs d’Etat. Mine de rien, on le retrouve le 12 février en compagnie de trois présidents de l’Afrique Centrale. Il s’agit de Denis Sassou Nguesso du Congo, Félix Tshisékédi de la République démocratique du Congo (RDC) et Yoweri Museveni de l’Ouganda. « Essentiellement au menu, la situation politique et sécuritaire sur le continent, particulièrement en Afrique Centrale (Région des Grands Lacs). Au cours des travaux, le Chef de l’Etat a partagé avec ses pairs les différentes initiatives diplomatiques prises par le Togo, en vue de la préservation de la paix et de l’instauration d’un climat de stabilité dans la sous-région ouest-africaine, entre autres. Lomé, qui est très engagé sur la question, abritera d’ailleurs en Avril prochain une conférence internationale parrainée par les Nations Unies », déclare-t-on à Lomé.
En réalité, il n’y a qu’à Lomé que s’observe cette avidité de voyager, mais surtout de vouloir s’occuper des problèmes des autres alors que le Togo est lui-même un pays en situation de crise. Même s’il y règne une apparente accalmie. « Les Togolais n’acceptent pas cette énième forfaiture, et le pays peut exploser à tout moment, en raison de la démission de Faure Gnassingbé face aux problèmes de la Nation », a écrit Agbéyomé Kodjo dans sa récente adresse à Emmanuel Macron.
En réalité, en se tournant vers l’extérieur comme il l’a toujours fait et en multipliant les voyages qui n’apportent aucune retombée au peuple togolais, Faure Gnassingbé a démissionné de son rôle de chef de l’Etat. Il est aujourd’hui difficile pour un peuple de mettre ses espoirs en un dirigeant qui passe le plus clair de son temps à cumuler les heures de vol, à sillonner le monde à la recherche du néant. Pourtant, les besoins de développement sont bien manifestes. Infrastructures routières, hôpitaux acceptables, système éducatif performant, pouvoir d’achat, paupérisation ambiante, injustice sociale, musèlement des voix discordantes… Le Togo n’est pas un pays où il fait bon vivre. Raison d’ailleurs pour laquelle Faure Gnassingbé lui-même s’en échappe régulièrement.
G.A
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com