Togo – L’Etat doit encourager les banques togolaises à financer massivement l’accession à la propriété de la diaspora

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Combien y a-t-il de Togolais à l’étranger ? Difficile de donner un chiffre exact à l’heure actuelle. Mais une chose est sûre, la diaspora togolaise reste et demeure un véritable trésor, un partenaire privilégié qu’il faut connaître, organiser, mobiliser et solliciter dans le cadre du développement du pays.  Et ça,  la start-up « Impact Diaspora » basée à Dakar l’a compris.

Première startup basée sur le continent africain à être spécialisée dans l’engagement 2.0 des diasporas africaines suivant une approche centrée sur les datas, le digital et l’ethnomarketing, « Impact Diaspora » regorge des experts africains qui assistent des gouvernements, des institutions financières et des sociétés privés à développer l’investissement, l’épargne, les réseaux d’influence…auprès de leur diaspora.

Parmi ses missions en cours dans une dizaine de pays : le profilage de la diaspora sénégalaise ; lancement d’un premier fond d’investissement pour la diaspora malienne ; élaboration de la stratégie nationale de mobilisation de la diaspora ivoirienne ; lancement d’une néobanque pour les diasporas d’Afrique du nord ; un cycle de conférences/formation solidaires (Mali, Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun…) et l’organisation à Paris du premier salon des diasporas africaines (avril 2023).

Diasporas africaines, une belle corbeille de fruits

L’Afrique dispose d’une diaspora formée, dotée de compétences diversifiées, et susceptible de jouer un rôle primordial dans son développement. Mais Jusqu’ici, seul l’aspect de transferts de fonds retient les attentions. Et c’est ce modèle unidimensionnel que la start-up « Impact Diaspora »  s’est donnée comme mission d’« évangélisation » de déconstruire.

« La diaspora africaine est une belle corbeille de fruits. On ne peut l’apercevoir seulement sous l’angle de transferts d’argent… Dans le nouveau « Diaspora round » qui s’ouvre, il s’agit de déconstruire le modèle unidimensionnel du migrant captif qui n’existe que par ses transferts financiers, pour s’ouvrir à un écosystème faisant se rencontrer les contributions multidimensionnelles de la diaspora dans sa globalité et où les fruits profitent à tous : épargne, investissement, tourisme, soutien à l’export, transfert de compétences, philanthropie, soft power, e-influence… Le gros problème de l’Afrique, c’est que les dirigeants ont peur de leur diaspora, il y voit une opportunité économique, mais ils voient aussi la menace politique de la diaspora. Dans beaucoup de pays, il y a ce problème. Le bon compromis, c’est : envoies de l’argent, mais restes chez toi. Mais aujourd’hui, il faut une nouvelle approche pour attirer la diaspora », a conseillé Samir Bouzidi, expert international en mobilisation des diasporas africaines et CEO de la start-up Impact Diaspora.

Le profilage est très important

Selon lui, la diaspora africaine n’est plus ce qu’elle a été il y a vingt ans. Aujourd’hui, les profils de la diaspora ont complètement changé. Et il serait temps de procéder à un profilage pour connaitre davantage ses besoins, ses qualités, ses défauts pour une intégration réussie.

« Nous dans notre métier, on ne parle plus de Togolais ou d’Ivoiriens de l’étranger, on parle de segments. Et la diaspora Africaine est scindée en six segments. Il y a les néo-nationaux qui sont des cadres dans des grandes entreprises. Ces gens sont très exigeants, ils ne vont pas se contenter d’un appel patriotique pour venir investir au pays. Ils veulent des garanties. Il y a aussi les transitoires, les permanents paradoxaux, les indignés etc. Mais tous ces gens-là ont des besoins différents qu’il faut connaitre. Et cela se fait grâce au profilage », a souligné Samir Bouzidi.

A l’en croire, le plus grand boulot qui incombe aux décideurs publics et privés dans les pays d’origine c’est d’abord essayer de connaitre leur diaspora pour afin créer un climat de confiance. Et pour y arriver, il faut miser sur l’ethnomarketing, les datas et la puissance des communautés digitales…Des domaines stratégiques que « Impact Diaspora » maîtrise  et pour lequel le fondateur de la société, l’équipe et les experts associés cumulent une expérience de 40 années à l’international.

Quid des décideurs togolais ?

La diaspora togolaise n’a rien à envier à celle des autres pays de la sous région. Même si le Sénégal et la Côte d’Ivoire se disputent la tête du classement, le Togo a plusieurs de ses fils et filles qui résident à l’étranger. Selon diverses sources, ils sont plus de 2 millions. Le recensement récemment lancé nous en dira davantage.

Mais à propos de cette initiative gouvernementale du recensement de la diaspora, l’expert tunisien Samir Bouzidi se montre plus circonspect : « Dans notre domaine, il y a deux travaux d’Hercule : vouloir compter la diaspora et chercher à la mettre d’accord ! ».

Il ajoute qu’aucun pays au monde n’est capable aujourd’hui de quantifier sa diaspora suivant une marge d’erreur raisonnable car c’est techniquement ingérable. En guise de solution alternative, le CEO de « Impact Diaspora » recommande de s’inspirer des pays qui ont su « incentiver » l’inscription consulaire et/ou d’exploiter le potentiel du Big data et du digital. Mais prévient-il, quelle que soit l’approche méthodologique retenue, c’est un travail de longue haleine qu’il faut savoir bonifier en confiance avec la diaspora…

Selon l’expert, le Togo a deux enjeux majeurs avec sa diaspora : consolider les ancrages multidimensionnels (extrafamiliaux) au pays d’origine ainsi que convertir ses potentiels individuels et collectifs : IDE, épargne, mobilisation des compétences, tourisme, soft power…Et le gisement est considérable y compris pour les transferts financiers où un Togolais de l’étranger envoie aujourd’hui au pays trois fois moins d’argent qu’un sénégalais de la diaspora !

Sur le fond des réformes, il faut encourager tout dispositif qui aidera à mieux connaitre la diaspora (profils, aspirations…), à l’aider à se réapproprier sa citoyenneté togolaise, se « réintégrer » dans l’écosystème local et mettre en œuvre toutes les opportunités. Par exemple, l’Etat doit encourager les banques togolaises à financer massivement l’accession à la propriété de la diaspora (c’est un besoin clé !).

Entre le volontarisme institutionnel du Togo et le potentiel remarquable de sa diaspora, il y a là tous les ingrédients d’un premier « Lab » africain de développement économique et humain inclusif via la diaspora. Cette ambition pour le Togo et l’Afrique pourrait être formalisée dans un nouveau pacte win win avec la diaspora. 

« L’heure est aux résultats et non plus au storytelling. L’essentiel est de s’atteler aujourd’hui à labourer et semer. Et chez Impact Diaspora, nous assumerons notre engagement fort pour l’intérêt général et l’avenir de millions d’africains !», a-t-il conclu.

Source : icilome.com