Togo- Le sulfureux OLAM brade le coton, le DG de la NSCT menace les producteurs

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Ceux qui se posaient des questions concernant des articles de presse qui circulent depuis quelques jours, prétextant la bonne santé de la filière coton et du miracle que ferait OLAM dans ce secteur, doivent maintenant se rendre compte du subterfuge. La Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC-COOP CA) vient de faire découvrir le pot-aux-roses. En réalité, ces écrits sont commandités pour cacher la gestion opaque de ce groupe singapourien autour du coton togolais.

Et ce n’est pas surprenant quand on sait que c’est ce même OLAM qui avait tenté dans un passé récent de faire déverser du riz pourri au Togo puis dans la région. Face aux oppositions rencontrées dans la région, le riz a été finalement détruit en Côte d’Ivoire.

Dans ce bras de fer, au lieu de soutenir ses compatriotes qui se donnent pour la réussite de cette filière, le DG de la NSCT, un Togolais, verse dans des menaces.

Le torchon brûle entre le Groupe OLAM, majoritaire à 51% dans l’actionnariat de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) et la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC-COOP CA), minoritaire à 25%. Ces deux entités sont actuellement dans un conflit ouvert. La FNGPC-COOP CA réclame le départ du géant singapourien, accusé de foutre du bordel dans le secteur de l’or blanc au Togo.

En effet, cela fait près de quatre ans que l’État togolais a cédé le contrôle du secteur du coton au Groupe OLAM. En décembre 2020, OLAM a pris les commandes de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) en acquérant 51% de ses actions pour environ 10 milliards FCFA, avec un supplément de 12 milliards FCFA pour le fonds de roulement net. L’État ne détenait que 24% des parts, et les producteurs de coton 25%. L’un des arguments avancés pour justifier cette privatisation étaient que la croissance de cette filière de rente était plafonnée et qu’il faudrait chercher un bouffée d’oxygène pour atteindre le cap des 200.000 tonnes de coton-graine d’ici 2022. Seulement depuis que ce groupe asiatique a pris les rênes du secteur, plus rien ne va.

Seul maitre abord de la NSCT, le Groupe OLAM a rapidement mis fin au comité multipartite chargé de déterminer le moment optimal pour la vente du coton fibre, une décision qui a exclu les producteurs et l’État togolais des discussions stratégiques. Avec un contrôle exclusif sur l’achat du coton grain et la vente du coton fibre à travers ses filiales, OLAM a consolidé sa position en dictant les prix et en limitant la participation des autres acteurs du secteur. Mêmes les acquisitions des intrants qui se faisaient auparavant par l’intermédiaire de la fédération sont désormais passées sous son contrôle.

Conséquence. Durant ces trois dernières années, les rendements ont drastiquement dégringolé du côté des producteurs. Par exemple, de 110 000 tonnes pour la campagne de 2019 à 2020, la production est passée à 68 000 tonnes en 2020 à 2021. La campagne suivante est passée à 56 000 tonnes et la dernière celle de 2023 à 2024 est chiffrée à 67 700 tonnes.

La situation finit par exaspérer les producteurs de coton. Devant la presse samedi à Lomé, la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC-COOP CA) a dénoncé cette mauvaise gestion du secteur par le groupe OLAM. Elle accuse OLAM d’abus de pouvoir, de montages financiers douteux, et de rapatriements illicites des fonds de la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT). OLAM refuse de partager équitablement les revenus et de payer des dividendes depuis quatre ans, selon les producteurs.

« Depuis l’arrivée du Groupe OLAM en 2020, il ne nous a versé aucun dividende. Il nous parle plutôt d’une dette de 14 milliards. Et le groupe tente de mettre cette dette sur le dos des producteurs et l’Etat togolais », a indiqué Koussouwe Kouroufei, Président du Conseil d’Administration de la FNGPC COOP-CA.

Ces producteurs exigent le départ d’OLAM du Togo ou la mise en place de réformes significatives, incluant la création d’une interprofession sous supervision étatique, la nomination de cadres togolais à des postes clés au sein d’OLAM, et la mise en place de comités de régulation et de gestion pour assurer une meilleure transparence et un partage équitable des bénéfices.

Ils ont invité au chef de l’Etat, Faure Gnassingbé à intervenir pour résoudre cette crise qui affecte gravement la filière cotonnière, déjà affaiblie par une baisse du nombre de producteurs et une désillusion croissante parmi les agriculteurs.

La Menace de la NSCT

Alors que ces producteurs réclament des améliorations pour la campagne 2024, exigeant le départ du Groupe OLAM, dans une note d’information en date de ce 10 juin 2024, le Directeur général de la NSCT brandit des menaces à l’endroit de la FNGPC-COOP CA.

Il reproche à la fédération et à son président Koussouwe Kouroufei de tenir des propos « inexacts » qui, selon lui, pourraient « ébranler l’ensemble de la filière cotonnière, remettre en cause les efforts collectifs des différents acteurs et démotiver les producteurs ». Il a également annoncé la convocation urgente d’une réunion du Conseil d’Administration pour examiner les implications potentielles de ces déclarations.

« Face à cette situation préoccupante, une réunion d’urgence du Conseil d’Administration de la NSCT sera convoqué dans les plus brefs délais afin de statuer sur les conséquences potentielle de ces déclarions », a pondu le DG de la NSCT dans sa note d’information.

Dans un pays où le bradage des sociétés d’Etat à des étrangers est devenue une mode de gouvernance, rien d’étonnant qu’on assiste aujourd’hui à ce bras de fer entre OLAM et FNGPC-COOP CA. Et le comble, en lieu et place de trouver une solution à ces problèmes soulevés, comme d’habitude, l’on se verse dans des menaces.

Source: lalternative.info

Source : 27Avril.com