La rentrée scolaire s’annonce à grand pas, elle est prévue officiellement pour le 26 septembre prochain. Mais déjà le ministre de tutelle laisse des traces de ses nouvelles ambitions pour l’école togolaise en annonçant une série de réformes non négligeables.
On note entre autre que dans les classes de seconde, notamment littéraires, il sera introduit la philosophie et la SVT avec un allègement de programme. Il en est aussi ainsi des classes de terminales où le contenu des programmes d’histoire et de géographie sera revu.
Il est annoncé par exemple l’introduction d’un chapitre sur les régions économiques du Togo et leurs potentialités. Intéressant, reconnaissons-le!
L’on sent en effet que le nouveau ministre qui a une mainmise sur tout le système éducatif depuis le primaire jusqu’à l’université, a envie de prendre ses marques et ainsi de laisser ses empreintes. C’est tant mieux et nous pouvons demander mieux à nos gouvernants surtout qu’ils sont, pour certains, assez jeunes avec un avenir à se construire.
Mais, bien sûr, il y a des questions.
De quelle manière ces nouveaux programmes et contenus ont été conçus ? Avec ou sans la complicité ou l’apport des acteurs décisifs du monde éducatif, notamment les enseignants eux-mêmes ? Le diagnostic des carences de notre système éducatif a-t-il été réellement fait et avec quels acteurs ?
Les enseignants eux-mêmes qui ont cette lourde mission d’infuser ces contenus aux apprenants sont-ils déjà outillés ou ont-ils reçu la formation requise leur permettant de s’approprier lesdits contenus ? Sont-ils présentement en nombre suffisant pour servir la cause annoncée sur le terrain ?
Si ce n’est pas le cas, l’objectif visé risque d’être vicié dès l’amorce du processus de réforme lui-même.
Mais au-delà de tout ceci, l’enseignant lui-même, quel est son état d’esprit actuel ? Lui donne-t-on la marge requise en tant premier modèle inspirant de l’élève pour qu’il s’assume comme tel afin de participer à forger le mental de ce dernier et d’y semer les graines de l’audace et de la confiance en soi qui constituent les socles du succès d’un apprenant?
Il aurait été, me semble-t-il, plus judicieux qu’avant la refonte des programmes ou l’introduction de nouvelles matières et autres, un travail d’approche humaine visant à refaire l’état d’esprit de l’enseignant soit fait en amont. L’intérêt d’une telle démarche aura alors été de faire de ce dernier la cheville ouvrière de la réforme, le principal dépositaire de toute la vision dont les nouveaux dirigeants sont porteurs de sorte que sur le terrain, il ne transmette pas que de la connaissance conformément à ce qui lui est dicté de haut, mais la vision du nouveau projet de société que l’on veut construire.
J’ai lu que certains enseignants ont fait des démarches demandant pardon à l’autorité pour avoir eu à manifester leur mécontentement par rapport à leurs conditions de vie et de travail ayant abouti à des grèves qui ont secoué le monde éducatif l’année dernière. Ces enseignants qui avaient été licenciés et dont certains camarades croupissent encore en prison, ont fait cette démarche de pardon par nécessité ou par conviction ? Vous conviendrez avec moi que cette question a tout son intérêt dans le contexte actuel où l’on attend de l’éducateur, un meilleur rendement!
Mais tout compte fait, l’ambition du ministre Dodzi Kokoroko de réformer le monde éducatif togolais est vraiment à saluer, mais celle-ci ne pourra guère prospérer avec des rendements efficients, si elle n’inclut pas en premier, l’épanouissement effectif de l’enseignant en tant que principal concerné qui, une fois convaincu, mieux persuadé et disposant des conditions optimales d’exercice de son métier, fera embrayer le reste par enchantement.
Luc Abaki
Source : icilome.com