Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle au Togo, selon la Cour constitutionnelle, deux ans après le scrutin, continue de clamer sa victoire. Ses compatriotes ont voté « massivement » pour lui le 22 février 2020, indique-t-il dans un entretien qu’il a accordé à Togoscoop.
Comment vous-vous portez depuis votre lieu d’exil ? Peut-on espérer que vous rentiez au bercail au cours de cette année 2022 ?
Je me porte bien comme vous pouvez l’imaginer au travers des actions déterminées que le Gouvernement légitime du Togo et tout l’écosystème DMK (NDLR: Dynamique Monseigneur Kpodjro) mènent sous ma conduite pour faire restituer au Peuple togolais sa dignité et sa souveraineté confisquée avec des complicités locales et internationales.
Il va de soi que mon exil motivé par les méthodes déloyales de Faure Gnassingbé, qui face à mon refus absolu de me laisser suborner a décidé d’exercer illégalement et illégitimement contre ma personne la violence policière et la terreur judicaire, tire à sa fin avec mes prochaines retrouvailles avec le Peuple togolais sur la Terre de nos Aïeux.
Faure Gnassingbé candidat au même titre que moi, ne peut ester en justice contre moi sur la base de fallacieux prétextes qui font criminaliser le contentieux post-électoral. Par contre tous les autres candidats peuvent l’attaquer en justice pour avoir instrumentalisé les instances de gestion et de régulation des institutions chargées du scrutin, et également pour avoir introduit des bulletins prévôtés en sa faveur.
Deux ans après la présidentielle de février 2020, pourquoi continuez-vous toujours par réclamer la victoire à ce scrutin ?
Tout d’abord la Victoire du Peuple togolais du 22 février 2020 est d’essence divine et participe à la mission de Délivrance du Togo confiée à la génération présente. C’est donc un contrat moral sacré entre le Peuple togolais et moi en tant que Président démocratiquement élu pour réaliser cette importante mission de refondation du Togo et de renaissance de l’Afrique dont notre sous-région semble actuellement l’épicentre. Ensuite tout le monde sait y compris Faure Gnassingbé lui-même et sa coterie que l’Alternance politique qui est la phase première de cette grande et noble mission générationnelle a été massivement réalisée le 22 février 2020 au Togo.
Faut-il au surplus rappeler que Faure Gnassingbé a avoué avoir volé ma Victoire et que je ne puis l’arrêter car il contrôle les forces de défense et de sécurité? Mieux on ne peut reconnaitre que ce qui existe. La prétendue victoire de Faure Gnassingbé c’est le vide, c’est le néant. Le 31 mars quand avec des complicités au sein de RFI des faux messages de félicitations furent diffusés reconnaissant une victoire fabriquée de Faure Gnassingbé, il y a eu deux réactions fortes, une de la société civile togolaise Front Citoyen Togo Debout, qui exprimait la colère et la frustration du Peuple togolais, et l’autre de Emmanuel Macron qui surpris confia à un ancien Ministre socialiste que nous connaissons tous, que ni la France ni l’Union Européenne, ni l’Allemagne ne l’ont reconnu.
Emmanuel Macron a d’ailleurs été interpellé par le député français Sébastien Nadot à procéder à un démenti formel. Mais la Françafrique et ses barbouzes ont fait leur basse œuvre, qui ne peut effacer dans la durée le crime de trahison de Faure Gnassingbé avec ses complices insoupçonnés au niveau international.
Les candidats malheureux : le Camerounais Maurice Kamto et le Guinéen Cellou Dalein Diallo avec qui vous avez co-signé en 2020 une tribune sont de plus en plus dans une posture républicaine. Pourquoi persistez-vous toujours dans la défiance des institutions républicaines ?
Prenez-vous vraiment la mesure de la mission générationnelle qui est nôtre à ce tournant particulier de l’histoire de l’Humanité spécialement de l’Afrique? La raison d’être du combat du Gouvernement légitime du Togo, de l’écosystème DMK et des Patriotes togolais de tous horizons s’y trouvent!
Quant à l’aspect factuel de votre question, les cas ne sont pas les mêmes. Maurice Kamto bien que concerné par la spoliation de sa Victoire n’est pas signataire de la Tribune cosignée entre le Député Nadot, Cellou Dalein, Martin Fayulu et moi, pour indisponibilité.
En Guinée Conakry, l’Armée est venue mettre un terme à l’aventure du troisième mandat illégitime d’Alpha Condé, en RDC où le contexte politique est différent, Martin Fayulu s’active pour rempiler et l’emporter.
Ici au Togo, c’est 55 ans de règne de terreur et de destruction d’une seule et même famille biologique et politique dont la longévité dépasse la durée de vie des organisations communautaire et continentale (CEDEAO, UA).De plus, c’est le cœur du système de prédation international qui confisque la souveraineté des peuples d’Afrique, les spolie de leurs richesses et les déshumanise dans le mépris total du droit international. Il est clair que face à un tel diagnostic, la thérapie ne peut être que radicale car toute démarche palliative s’apparenterait à de la folie; ce qui justifie la combativité dont nous faisons montre ce d’autant plus qu’après 62 ans d’indépendance nominale, tout le monde admet les graves régressions du pays dans tous les domaines, d’où l’impératif catégorique de mettre le cap sur le développement et la prospérité partagée pour tous.
Face à l’hypothèque qui pèse sur l’avenir des générations présentes et à venir aussi bien au Togo qu’en Afrique, trahir le contrat moral sacré du 22 février 2020 n’est guère à l’ordre du jour.
Bref, je ne défie pas les institutions illégitimes de la République mais plutôt c’est Faure Gnassingbé qui défie le Peuple togolais et entame la crédibilité des acteurs de la gouvernance mondiale.
Etes-vous prêt à rencontrer le chef de l’Etat pour discuter du contentieux électoral ?
Il ne tient qu’à lui dans le respect absolu de la souveraineté du Peuple togolais.
Quelle issue de sortie de crise entrevoyez-vous à la crise électorale au Togo ?
Le transfert pacifique du pouvoir pour l’implémentation vertueuse du triptyque Transition-Constituante-Refondation du Togo.
Récemment vous avez saisi par courrier le président français Emmanuel Macron. Qu’attendez-vous du président français ?
Qu’il soit honnête avec lui-même, écoute la voie du Peuple français à travers sa Représentation nationale de même que l’interpellation de deux avocats pénalistes du barreau de Paris, et qu’il respecte le choix souverain du Peuple togolais.
Il est évident qu’à la sortie de la dernière présidentielle, l’opposition togolaise est plus que jamais divisée et fragilisée. Etes-vous prêt à faire un pas vers les autres forces démocratiques et s’il le faut à demander pardon pour repartir sur de nouvelles bases en vue de la relance de la lutte politique dans le pays ?
Je n’ai de cesse d’appeler à la mutualisation des énergies et d’ailleurs notre offre programmatique lors de la présidentielle du 22 février 2020 est intitulée “Ensemble pour la Refondation de la République”. Combien de fois n’ai-je demandé pardon au Peuple togolais en prenant de la hauteur comme en témoigne récemment mon adresse à la Nation du 08 août 2021? La prise de conscience véritable des enjeux géostratégiques, géopolitiques et géoéconomiques mondiaux actuels devrait nous amener tous au Togo à fédérer sans délai nos ressources pour libérer définitivement la Terre de nos Aïeux de la pire dictature militaro-clanique néocoloniale de l’Afrique.
Les élections régionales seront les premières élections après la présidentielle de 2020. A quelles conditions la DMK participera-t-elle à cette élection ?
Trêve de plaisanterie! L’urgence est-elle d’énucléer la crise post-électorale actuelle ou de consolider l’imposture ? Les régionales c’est une étape supérieure dans le renforcement de la décentralisation. Les communes peinent à fonctionner et à déployer leur potentiel pour des services de proximité de qualité aux populations à la base. Elles ne sont pas outillées administrativement et techniquement pour leurs missions. On veut organiser des régionales pour flatter l’ego de certains et distribuer des prébendes. C’en est assez de cette politique de diversion. Les Togolais sont dans la dynamique de la reconquête de leur souveraineté confisquée en vue de l’émergence glorieuse du Togo “Or de l’Humanité”.
Le candidat de la DMK à l’extérieur, le parrain et patriarche Mgr Kpodzro également à l’extérieur du pays. Comment arrivez-vous à diriger ce mouvement depuis l’extérieur ?
Souvenez-vous qu’il s’agit d’une mission générationnelle portée par des Patriotes de tous horizons à travers le monde et qui travaillent avec le Gouvernement légitime du Togo et l’écosystème DMK! Et les outils modernes des technologies de la communication aidant, il n’y aucun souci à ce niveau même si nous sommes constamment attaqués par les logiciels espions au service de la dictature héréditaire et néocoloniale.
Ces derniers temps des Togolais de la diaspora qui rentrent au pays sont interpellés. Comment interprétez-vous ces arrestations ?
Une honte pour le pays et un échec cuisant du régime à composer en toute intelligence avec la 6ème région du Togo qui demeure le premier bailleur de fonds de la Nation. C’est également une entorse au droit international puisqu’il s’agit de binationaux ou des personnes sous protection internationale délaissés par les représentations diplomatiques occidentales qui ont visiblement abandonné leur mission de veille et de respect des engagements internationaux pris par le Togo. C’est dommage qu’elles sont des grands VRP pour les intérêts de leurs pays mais cette posture est intenable à long terme, et le Sahel en offre l’illustration parfaite!
La vie devient de plus en plus chère au pays. Quelle peut-être la contribution d’Agbéyomé Kodjo pour alléger la souffrance des populations togolaises ?
C’est la gouvernance qui est en cause. Il y a une forte concentration des ressources nationales entre les mains d’une minorité dixit Faure Gnassingbé, un aveu d’impuissance d’un homme censé défendre l’intérêt général qui est devenu le Président des riches et complétement déconnecté de la réalité du quotidien du Togolais ordinaire. Les finances sont pillées dans l’impunité, des recettes dissimulées notamment celles du diamant, de l’or et du pétrole qui a été vendu uniquement à la France en 2019 pour 155 milliards de francs CFA non déclarés. En plus l’image que projette le pays à l’extérieur n’attire pas les investisseurs réels pour la création d’emplois durables. L’approche de solution à tous ces maux a été développée dans le point cinq des Douze phares de la Transition portant allègement du panier de la ménagère et des charges de l’entreprise dans notre offre programmatique “Ensemble pour la Refondation de la République” plébiscitée lors de la présidentielle du 22 février 2020. N’eût été la confiscation ces deux dernières années du pouvoir, la souffrance de nos populations serait grandement allégée d’où l’impérieuse nécessité que tout cela prenne fin cette année 2022 dans l’intérêt supérieur de la Nation tout entière.
Quelle doit être la contribution de la communauté internationale dans la résolution de la lancinante crise électorale au Togo ?
Que la France prenne ses responsabilités car elle est comptable des souffrances et du désastre actuels qui inéluctablement vont conduire le pays à une révolte avec de nombreux dégâts. Les pays amis et toutes les bonnes volontés soucieux du respect de la souveraineté des peuples et de la stabilité de notre sous-région sont appelés à agir dans le sens d’un transfert pacifique du pouvoir au Gouvernement légitime du Togo avant qu’il ne soit trop tard.
Les coups d’Etat au sahel. Quelle appréciation faites-vous ?
Ils sont révélateurs des bouleversements géopolitiques majeurs dans notre monde devenu multipolaire et où ne peuvent plus prospérer le déni du droit international et de la souveraineté des peuples de même que l’absence de transparence dans la redevabilité des élites dirigeantes. Ces coups d’Etat militaires font également résonance à la révolte légitime des populations prises en étau par la prédation internationale de leurs ressources avec la complicité des potentats locaux illégitimes ou délégitimés en raison des coups d’Etat constitutionnels et de la mauvaise gouvernance.
Source : icilome.com