Togo / Golfe 1 : Les chantiers abandonnés font un mort à Ablogamé

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Cela fait plus de 3 ans que des chantiers ouverts dans la commune Golfe 1 sont abandonnés. Le maître d’ouvrage reste le gouvernement à travers le ministère de l’Urbanisme. Les populations, dans ces quartiers, côtoient quotidiennement la mort face à ces caniveaux creusés avec des barres de fer qui pointent vers le ciel, devant leur maison. Personne ne sait quand ces travaux vont reprendre ni quand ils vont finir. Le gouvernement, toujours dans son insouciance face au quotidien de la population, ne dit mot. C’est dans ce cafouillage organisé qu’un enfant a trouvé la mort à Ablogamé lundi dernier.

En 2022, dans le cadre du Programme d’Amélioration du Cadre de Vie (PACV) au Togo, le gouvernement avait lancé les travaux de construction d’ouvrages de voirie à Lomé. Ces travaux sont relatifs à la construction d’ouvrages de drainage des eaux pluviales et le bitumage de rues, couvrant trois communes de la préfecture du Golfe dont Golfe 1.

L’objectif de ces travaux s’inscrivant dans la deuxième phase technique du projet de « Construction d’ouvrages de drainage des eaux pluviales de la zone OBA à Lomé » et de « l’Aménagement, l’assainissement et le bitumage de 14,34 km de rues urbaines à Lomé », était de réduire les risques d’inondation, et faciliter la circulation des biens et des personnes, en améliorant le cadre de vie des populations ainsi que les activités économiques. Sauf que ce projet devient plutôt une source de multitude de problèmes pour les populations bénéficiaires.

Un projet ambitieux, mais en souffrance

À Bè-Apédomé, dans la commune Golfe 1, ce projet ambitieux de construction d’ouvrages de drainage des eaux pluviales, d’aménagement, d’assainissement et de bitumage des routes lancé en 2022 est en train de virer au cauchemar pour les habitants. Les populations des quartiers de Bê Gbényédzi, Wetekome, Hounvémé, Ahligo, Kotokoukondji, Akodessewa et Ablogamé, censées bénéficier de ces travaux, voient leur quotidien plombé par une lenteur et un manque de considération de la part des responsables du projet. Si les ouvrages traînent dans certaines zones concernées par le projet, l’on a constaté un abandon des travaux dans d’autres depuis des mois.

Un quotidien devenu infernal

Les conséquences des retards accumulés sont désastreuses. Les caniveaux, censés évacuer les eaux pluviales, sont souvent à ciel ouvert, certains encore ornés de barres de fer rouillés et pointues (laissées à l’air libre), dégageant des relents pestilentiels et débordant à la moindre pluie. Les riverains se trouvent piégés face à des rigoles d’eau stagnantes, bloquant l’accès à leurs maisons tout en les exposant aux risques sanitaires et à des accidents mortels. Les flaques d’eau devenues permanentes se transforment en « lagunes », créant un terrain fertile pour les moustiques, des reptiles et multipliant les cas de maladies vectorielles.

« Cela fait plus de deux ans que des chantiers de construction de routes ont été lancés. De grands caniveaux ouverts, avec des barres de fer éparpillées un peu partout en pleine agglomération, sont laissés dans l’indifférence totale des autorités. En cette saison des pluies, ces caniveaux deviennent des nids de moustiques qui envahissent malheureusement nos maisons », a rouspété Tétégan, un riverain d’une quarantaine d’années, rencontré dans la rue des Mesures en face de la Pharmacie Biova.

Et à Georges d’ajouter : « C’est une véritable piscine olympique que nous avons ici. C’est un étang. À part les moustiques, nous sommes obligés de composer aussi avec les insectes. Non, sérieusement. Ils ont tout simplement abandonné les travaux. Ils nous disent qu’ils vont d’abord construire les caniveaux de l’avenue Houphouët-Boigny avant de revenir terminer le chantier ici. Mais si c’est comme ça, pourquoi ont-ils commencé les travaux ici en premier ? Nous sommes fatigués. À cause de ces travaux, nous sommes constamment exposés aux inondations. Les bonnes dames ont dû fermer leurs commerces, et ceux à qui nous avons loué des boutiques sont partis à cause de la baisse des ventes. Tout ce que nous demandons, c’est qu’ils viennent terminer le chantier ».

Les voies sont impraticables, aussi bien pour les piétons que pour les véhicules. Des barres de fer bien dressées dans les bétons des caniveaux représentent un danger constant, ayant déjà causé des accidents tragiques. Pas plus tard que lundi dernier, un enfant a perdu la vie en jouant avec ses amis près des caniveaux inachevés de la rue de Tchaoudjo, à proximité de l’Hôtel Pélican à Ablogamé.

Les chantiers laissés à l’abandon ajoutent à ce tableau de désolation, transformant ce projet de développement en véritable cauchemar pour les résidents. Le boulevard Mobutu, la rue des Spondias, la rue des Mesures, la rue de la Pharmacie des Oliviers, la rue de Rue Maria Auxiliadora, et les bordures du boulevard Félix Houphouët-Boigny illustrent parfaitement cette situation chaotique. Les activités des entreprises le long de ces voies voient leurs activités paralysées et leurs chiffres d’affaires chuter en raison de la situation intenable, aggravant le phénomène d’inondation dans ces zones.

La même situation est observée dans les rues situées aux encablures de l’hôtel Eda-Oba (dans le Golfe 2) où les travaux tournent au ralenti.

Un problème de mauvaise gestion du projet?

Certainement. Bien que la mairie du Golfe 1 soit bénéficiaire du projet, elle se décharge de toute responsabilité quant à sa gestion. « Le gouvernement est le seul maître d’ouvrage de ce projet », ont déclaré nos sources bien placées au sein de la marie du Golfe 1.

La raison officielle avancée par le gouvernement pour justifier ce curieux retard dans l’exécution de ces travaux de construction d’ouvrages de drainage des eaux pluviales et de bitumage des rues, lancés depuis décembre 2022, est le « déplacement des réseaux ».

Mais la vraie raison, c’est que le budget alloué pour ce déplacement des réseaux s’est avéré insuffisant, dépassant la ligne budgétaire initialement prévue, informent nos sources.

Selon toujours ces dernières, il y a eu également des retards dans le versement des avances aux entreprises chargées d’exécuter ces travaux, ce qui a exacerbé les problèmes.

Source: L’Alternative / lalternative.info

Source : 27Avril.com