Togo : Du Vatican en Egypte, une présence encombrante dans les voyages présidentiels…

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Le règne de Faure Gnassingbé qui a commencé depuis février-avril 2005 et se poursuit, au grand désarroi du peuple togolais, se révèle comme une somme de scandales aussi bien sur le plan politique qu’économique ou social

Des violateurs certifiés des droits de l’Homme ou criminels de tout acabit promus, des auteurs de détournement des deniers publics et pillages des ressources nationales recyclés et parachutés à des postes de responsabilités…c’est la routine sous sa régence. Le scandale qui retient notre attention dans ces lignes, c’est l’omniprésence de Sabine Mensah, la mère du chef de l’Etat dans les voyages présidentiels officiels ou officieux. Un phénomène est banalisé, mais qui ne semble gêner personne.

Faure et sa maman en Egypte

Le mois de décembre 2016. Cette dernière semaine avant le début du cycle des fêtes de fin d’année, le commun des Togolais, les parents notamment courraient dans tous les sens, pour trouver de l’argent et se procurer de quoi faire passer une bonne fête de Noël à leurs enfants. Durant cette même semaine, les enseignants étaient en grève de quatre (04) jours, en guise d’expression de leur mécontentement suite à la sortie musclée des ministres des Enseignements primaire, secondaire et de la Formation professionnelle Komi Tchakpele, et de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative Gilbert Bawara, le nième débrayage dans cette crise dans l’enseignement qui dure depuis trois mois et que les parents et les enseignants voudraient voir les gouvernants s’employer à résoudre.

Mais pendant que la maison brûlait, le premier responsable du pays, Faure Gnassingbé flânait dans les airs. Le chef de l’Etat était, en ce moment de décembre notamment, en Egypte. Ce n’était pas en visite d’Etat, donc pas un voyage officiel. Et, le plus cocasse, il était en compagnie de sa maman, Sabine Mensah. Des images de lui, avec à ses côtés sa mère, visitant des kots chrétiens dans ce pays, ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux. Sur certaines, c’est la « maman de la République » qui était mise en évidence et son fils derrière, cachant même la vue au chef de l’Etat.

Voyage de tourisme ? Voyage d’affaires ?…Il faut être dans le secret des dieux pour connaitre les réelles motivations de cette visite. Une chose est certaine, elle n’était pas officielle. A preuve, les canaux officiels n’en ont pas fait cas, même republicoftogo qui en est spécialiste.

Fils et mère au Vatican

28 janvier 2016. Faure Gnassingbé était en visite officielle au Vatican, la nième depuis son avènement au pouvoir. Le chef de l’Etat avait alors rencontré le Pape François et bien d’autres responsables du Saint-Siège et de la communauté Sant’Egidio. Avec le souverain pontife, entre autres sujets abordés, ils avaient « passé en revue quelques défis qui intéressent les pays de l’Afrique occidentale et sub-saharienne, soulignant la nécessité d’un engagement commun en faveur de la sécurité et de la paix dans la région », déstabilisée notamment par le jihadisme.

On se rappelle qu’au cours de l’entretien avec le Saint Père, ce dernier avait offert en présent à son hôte, une médaille représentant Saint Martin de Tours, un officier romain vénéré en Europe pour sa charité envers les pauvres et démunis, né en 317 et décédé en 397, et donné ce conseil laconique rapporté des journalistes présents à l’audience : « Il faut défendre et de comprendre le peuple ». Ce qui avait fait le buzz.

Cette visite dite officielle au Vatican, Faure Gnassingbé l’avait faite avec sa maman. Loin d’être confinée dans un rôle de figurante, Sabine Mensah était aux premières loges, bien mise en évidence. C’est elle qui était à ses côtés lors de l’audience à lui accordée par le Pape François, comme un officiel donc. Et pourtant ce n’était pas une visite privée ! Sur plusieurs images, elle était bien visible. Le comble, Sabine Mensah fut présentée par les journalistes du Vatican et plusieurs autres confrères comme l’épouse du chef de l’Etat, et donc la première dame du Togo. Et c’est plus tard qu’ils ont rectifié le tir.

« Première dame », ange-gardien… ?

La confusion des journalistes du Vatican mettait tout de même en exergue une réalité. Généralement, comme membres de la famille des présidents, ce sont à la rigueur les premières dames qui ont dans certains pays des fonctions officielles et figurent dans le protocole d’Etat, qui les accompagnents dans leurs déplacements. Les confrères l’avaient donc prise pour son épouse, ignorant royalement que c’était plutôt sa maman.

Loin de cette confusion, la fréquence de Sabine Mensah aux côtés de son fils au cours des voyages officiels comme privés pose problème. Cela pousse à se poser une question légitime, celle de savoir si elle a un rôle officiel ou officieux autour de son fils. Sinon les deux donnent l’image d’un « couple présidentiel », et donc Sabine Mensah celle de « première dame » du Togo. L’image peut choquer, mais elle peint idéalement la situation.

A défaut de ne pas pu être la première dame de la République durant les 38 ans de règne, pour le feu président général Etienne Gnassingbé Eyadéma, le père de son fils, dame Sabine Mensah se contente maintenant de jouer le rôle de « première dame » de la République pour son fils Faure Kodjo Essozimna Gnassingbé, chef de l’Etat.

Dans les milieux ésotériques, certains parlent de « première dame » dans une dimension spirituelle, ou même d’ange-gardien. Des considérations difficilement accessibles aux non initiés. Une chose est certaine, Sabine Mensah est tout de même reconnue très protectrice, et cela se ressent dans sa promiscuité avec son fils. Elle serait très active dans la commande de messes et autres prières spéciales pour implorer la protection divine sur son rejeton, aurait laissé des empreintes dans bien de paroisses catholiques à Lomé ou au Togo entier, avec à l’appui des dons en espèces sonnantes et trébuchantes ou en nature intempestifs. Des sources proches la disent très fréquente dans les couloirs du Vatican, parfois seule ou en compagnie de son fils – on parle de pas moins de quatre voyages effectués au Saint Siège.

Une omniprésence qui fait désordre

L’omniprésence de la « maman de la République » autour de son fils fait violer le protocole d’Etat afin de lui tailler une place dans l’entourage de son fils. Cela n’est pas sans rappeler le cas de l’ancienne patronne des Impôts au Togo qui se prenait pour la première dame, débarquait parfois à des manifestations officielles et bousculait l’ordre préétabli pour se loger dans le cercle immédiat de « son » homme. Il en est de même une autre dame qui est ministre depuis mai 2010 jusqu’à ce jour, se comporte aussi comme la première dame et à chaque voyage du chef de l’Etat à l’étranger, dès qu’elle fait partir de la délégation, elle bouscule l’ordre du protocole.

Au-delà, il y a un népotisme qui ne dit pas son nom. Maman Sabine, sans avoir un statut officiel, utilise ainsi l’avion présidentiel et bénéficie de pleins d’autres avantages, conditions ou attributs réservé(e)s au chef de l’Etat ; mais cela ne semble gêner personne. Bien de chefs d’Etat africains ont encore leurs génitrices vivantes. Imaginons un seul instant le bordel que cela serait de les voir embarquer tout le temps dans les voyages officiels ou officieux leurs mamans, dans les avions présidentiels, et tout le temps à leurs côtés. Sous d’autres cieux, la chose serait vécue comme un scandale. En Afrique du Sud, Jacob Zuma a frôlé la destitution pour s’être permis de puiser dans les fonds publics pour rénover sa résidence privée. Il a dû son salut à son parti, l’ANC (African national congress), mais ce scandale a énormément terni son image au point que sa popularité est quasiment nulle. En France, un officiel qui s’était permis d’aller suivre une rencontre de football avec son fils, aux frais de l’Etat, en marge d’une mission officielle, a dû régler la facture lui-même lorsque le scandale a éclaté.

On serait dans des pays civilisés démocratiquement parlant, où le respect des normes prescrites serait la chose partagée que ce désordre n’aurait pas droit de cité. Malheureusement, « ici c’est Togo »…

Source : La Nouvelle

Togosite.com