Togo : Des écoles rurales délabrées à la merci des intempéries…

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Au Togo, plusieurs écoles rurales sont dans un état de délabrement avancé. A l’école primaire de Sape, village situé à 4 Km du centre-ville de Vogan ou à celle d’Azime, localité située à environ 6 Km de la ville d’Aklakou, le constat est le même. Les élèves étudient sous des huttes faites avec de vieilles tôles ou des pailles. Dans ces deux écoles, élèves et enseignants se battent à chaque instant contre la pluie et les reptiles pour travailler dans une certaine tranquillité.

Togo : Des écoles rurales délabrées à la merci des intempéries…

Etudier dans un village n’est jamais une chose facile. Surtout quand l’école dans laquelle vous êtes sensé apprendre, ne présente à première vue aucun signe d’un lieu d’enseignement. Au Togo, dans plusieurs villages les écoles n’existent que de nom. Les infrastructures sont inexistantes

Epp Sape et Epp Azime, si loin mais si semblables…

Située au centre du village de Sapé, l’école est entourée par des champs et de la broussaille. L’on se croirait presque au début du siècle dernier. Les salles de classe sont construites à base d’argile rouge. Elles sont couvertes de tôles usées. « Quand la pluie s’annonce, nous sommes obligés de libérer les élèves. L’eau arrive facilement dans les classes. En ce qui concerne les hangars, n’en parlons même pas », explique Assiogbo, un enseignant, avant d’ajouter que « c’est très dangereux de donner des cours dans ces conditions. Les reptiles nous visitent fréquemment. Les enfants ont fini par s’y habituer ». Evidemment, pour ce jeune enseignant qui vient de commencer sa carrière, l’amertume est totale. « Ce n’est pas une joie pour nous de rentrer chaque jour dans ces classes en ruine pour enseigner. Mais on n’a pas le choix », dixit-il.

« Un serpent est rentré une fois dans notre salle. J’ai eu tellement peur. Mais après, notre maître nous a demandé de garder notre calme quand nous voyons un serpent », témoigne Yéma, 8 ans, un élève en classe de CEI. « Nous aurions aimé avoir de nouveaux bâtiments pour éviter de subir ces tracas chaque jour », ajoute Messanh, 11 ans, un élève au CMII.

L’école primaire de Sape est créée en 2001. Mais 16 ans après avoir vu le jour, l’Etat n’a pas doté cet établissement d’un seul bâtiment. Aujourd’hui l’école compte environ 250 élèves. Malgré une augmentation annuelle de l’effectif,celle demeure dans un état calamiteux. « Cela me rend nerveux quand les enfants rentrent à la maison à cause de la pluie ou quand ils viennent me dire qu’ils ont tué un serpent dans leur classe. C’est très difficile nous essayons d’y remédier par nos moyens. Mai seulement la construction des classes en briques de ciment nous permettra de solutionner définitivement ces problèmes. Pour le moment, nous n’avons pas les moyens. Les autorités locales viennent ici, voient cela mais ne disent rien », confie pour sa part Ségnéglé Gabome, le président des parents d’élèves de l’Epp de Sape.

Mais l’école primaire de Sape n’est pas la seule dans cette partie du pays à connaitre ces difficultés. A une soixantaine de kilomètres de là, les écoliers de l’Epp Azime vivent la même chose que leurs compères de l’Epp Sape. « Notre école n’en est pas en réalité une. C’est déplorable que les enfants apprennent dans ces conditions », s’indigne Amouzou, un habitant du village.

« Cette école est l’une des plus performantes en matière de résultats dans les environs. Mais je ne comprends pas pourquoi les autorités chargées de l’éducation ne font presque rien pour permettre à ces petits enfants d’étudier dans de bonnes conditions. Pourtant elles soulignent chaque fois dans leur discours que c’est eux l’avenir de la nation. Comment peut-on préparer l’avenir dans de telles conditions », s’interroge Kodjo, la quarantaine, un ancien enseignant vacataire de l’école. Il est originaire du village.

Comme Sape, les élèves d’Azime se sont presque familiarisés avec les dangers qui les guettent. « Notre maître nous a donné beaucoup de conseils pour lutter contre les reptiles. Donc quand on voit ces reptiles, on sait quoi faire », explique Sémalon, 10 ans élève au CMI.

Dans ces conditions, les villageois se rabattent sur les bonnes volontés et certains organismes internationaux pour résoudre leurs problèmes.

Les organisations non gouvernementales à la rescousse…

Avec l’inaction de l’Etat dans ces écoles, les villageois se sont tournés vers les organisations non gouvernementales (Ong) et les organismes internationaux pour leur venir en aide. A Sape, c’est l’artiste de la chanson togolaise, Afia Mala qui a doté l’école d’un bâtiment, le seul de l’école. « Je passais là-bas, un jour et j’enttendais les cris des enfants. Alors je me suis approchée pour savoir ce qui se passe. C’est là que j’ai découvert que c’est une école. L’état de l’école m’a tellement touché que je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour eux. C’est ainsi que j’ai financé la construction du bâtiment à travers ma fondation ‘‘Vie et Vivre’’ », se souvient Afia Mala. Depuis elle est devenue, la marraine en apportant son aide aux enseignants de même qu’aux élèves. « Sans Afia Mala, notre situation serait encore plus compliquée. C’est pourquoi nous ne cesserons de lui dire merci », a laissé entendre Assigbey Amévi, le directeur de l’école.

En outre, les villageois cherchent aussi d’autres moyens pour bâtir leur école. « Nous sommes entrain de côtiser un peu d’argent. Nous avons aussi demandé à nos frères qui sont en ville ou à l’extérieur du pays de nous venir en aide », assure le président des parents d’élèves de Sape.

L’école primaire d’Azime, ne doit ses trois salles de classes qu’aux bienfaisances d’une organisation internationale. Là aussi, les tables bancs pour meubler la salle sont insuffisantes.

Ainsi, dans les villages du Togo ce n’est pas les enseignants qui décident du calendrier des cours mais les intempéries et les reptiles car ces facteurs peuvent décider à tout moment d’interrompre le bon déroulement des leçons.

Source : Le Canard

27Avril.com