Togo Debout saisit Nana Akufo-Addo et Alpha Conde

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Suite à l’interdiction du meeting du Front Citoyen Togo Debout (FCTD) par la Délégation Spéciale de la ville de Lomé, les responsables du mouvement ont saisi les deux facilitateurs du dialogue intertogolais, les présidents Alpha Conde de la Guinée et Nana Akufo-Addo du Ghana. Lire la lettre !

Lomé, le 15 juillet 2018

A
Leurs Excellences Présidents Alpha CONDE de la République de Guinée et Nana AKUFU-ADDO de la République du Ghana, tous deux Facilitateurs du dialogue inter-togolais,

Conakry-Guinée/ Accra-Ghana

Objet : Notre vive protestation contre l’attitude du gouvernement togolais

Excellences Messieurs les Présidents,

Nous avons la faveur de porter à votre connaissance ce qui suit :

Par lettre portant déclaration préalable en date du 10 juillet 2018, le Front Citoyen « TOGO DEBOUT » (FCTD), un mouvement citoyen composé d’organisations de la société civile et de syndicats, a informé les autorités compétentes, notamment le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé, de la tenue d’un meeting d’information et de la sensibilisation à l’endroit des populations, et ce, conformément à la loi portant réglementation des manifestations pacifiques publiques en République togolaise. L’objet de cette manifestation était d’interpeller la CEDEAO sur la responsabilité qui est la sienne dans la gestion de la crise togolaise et dont la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement se réunit le 31 juillet prochain dans la capitale togolaise, en vue d’adopter une feuille de route pour une sortie pacifique et durable de la crise togolaise, (Document N°1).

Un accusé de réception N°2116/ML du 10 juillet 2018 de ladite déclaration nous a été régulièrement délivré par les soins des services de la Mairie de Lomé, (Document N°2).

Pour des raisons d’organisation interne, le FCTD a, par courrier en date du 18 juillet 2018, saisi le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé du report du meeting, initialement prévu pour se tenir le samedi 20 juillet 2018 à partir de 14 heures sur le terrain de Akassimé à Hanoukopé, au samedi 28 juillet 2018 de la même année au même endroit et à la même heure (Document N°3).

Par correspondance N°169/ML du 20 juillet 2018 à nous notifiée le lundi 23 juillet 2018, et sous prétexte que le lieu prévu pour notre meeting (terrain de Akassimé) se trouve dans le périmètre sécuritaire conçu en prélude au sommet CEDEAO-CEAC et CEDEAO les 30 et 31 juillet 2018 à Lomé au Togo, le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé recommandait au FCTD de surseoir à son meeting, « ou de le transférer à un autre endroit comme par exemple sur le terrain de Kondjindji », (Document N°4).

Par lettre en date du 24 juillet 2018 adressée au Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé, le FCTD, sans aucune objection, a marqué son accord quant à la délocalisation de son meeting au lieu tel qu’indiqué par la Commune de Lomé dans son courrier du 20 juillet 2018, c’est-à-dire sur le terrain de Kondjindji, (Document N°5).

Mais curieusement et contre toute attente, et alors qu’il avait déjà beaucoup avancé dans les préparatifs de son meeting, ce qui suppose des dépenses engagées, le FCTD reçoit le mercredi 25 juillet 2018, une nouvelle correspondance N°375/ML de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé le priant de surseoir purement et simplement à l’organisation de son meeting, motif pris « des dernières instructions relatives à certaines impératifs », (Document N°6).

Excellences Messieurs les Présidents-Facilitateurs, aux termes des dispositions de l’alinéa 2 de l’article 8 de la loi du 11 mai 2016 fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestation pacifiques publiques, « la décision d’interdiction de l’autorité administrative est dûment motivée ».

Dans le cas d’espèce, il n’en est rien, le Président de la Délégation Spéciale s’étant contenté, sur forme, d’une simple lettre dépourvue de toute valeur juridique, et sur le fond, d’arguments tout aussi vagues, subjectifs et imprécis, tirés de « dernières instructions relatives à certaines impératifs ».

Cette attitude des autorités togolaise dénote de leur volonté réelle et renouvelée d’étouffer toute velléité d’expression populaire, alors que la liberté de manifestation est garantie par la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 en son article 30 et par bien d’autres instruments et mécanismes internationaux de protection de droits auxquels le Togo a adhéré. Et c’est pour cette raison que le FCTD demande à la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé de bien vouloir reconsidérer sa position, pour la tenue effective de son meeting.

Si les autorités togolaises rechignent à satisfaire aux simples mesures d’apaisement et de confiance pour décrisper l’atmosphère socio-politique, il est à craindre quant à leur bonne foi à opérer les réformes de fond.

Dans l’attente que cette attitude de duplicité attire d’ores et déjà votre attention sur l’enjeu et la mesure de la situation qui d’ailleurs, ne vous échappe guère, nous vous prions de recevoir, Excellence Messieurs les Présidents-Facilitateurs, l’expression notre très haute considération.

Le Front Citoyen « Togo Debout »

Professeur David Ekué DOSSEH
PJ. : Six (06)
Ampliations :
– CEDEAO
– Groupe des cinq
– Gouvernement togolais
– UNIR
– C14
– Presse

Source : www.icilome.com