Le Togo a célébré samedi 5 février 2022, le 17ème de l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé ou le 17ème anniversaire du décès de Gnassingbé Eyadema, le père, c’est selon. Occasion de faire aussi le bilan du règne au long cours du fils.
Les populations sont accablées par la vie chère, mais un domaine les fait maugréer: la télécommunication. « Est-ce un crime d’être né au Togo? » Cette interpellation d’un citoyen en dit long sur la profonde consternation des Togolais à propos de la gouvernance d’à-peu-près du régime actuel.
Les services de télécommunication au Togo sont les plus chers au monde. Tout le monde le dit, tout le ressent, tout le monde s’en offusque, sauf Cina Lawson et les siens qui s’en soucient comme d’une guigne. Des années durant, la Banque Mondiale et le FMI avaient alerté sur le coût extrêmement exorbitant des des produits et services offerts. Ils avaient recommandé la libéralisation du marché de la téléphonie mobile détenu par deux acteurs, afin de stimuler la concurrence et faire baisser les prix. Hostile, le régime togolais n’avait que faire des injonctions des institutions de Bretton Woods. Méprisées, désabusées et lassées, elles se sont tues et ont laissé faire.
Aujourd’hui, c’est une institution nationale, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) qui a repris le flambeau et qui, à son tour, sonne le tocsin, suite à un benchmark portant sur les tarifs des communications électroniques qu’elle a réalisé dans la zone UEMOA.
Une analyse comparative des tarifs pratiqués dans la zone UEMOA a été faite sur les offres mobiles (voix et data) et FTTH (la fibre à domicile). Les conclusions de l’ARCEP sont sans appel. Pour les offres mobiles, notamment les offres forfaits 100% data, « le Togo se positionne parmi les tarifs les plus élevés de la zone avec des tarifs jusqu’à 25 fois plus chers que le meilleur tarif de la zone. Concernant les forfaits 100% voix, les tarifs au Togo font partie des tarifs les plus élevés de la zone, jusqu’à 4 fois plus chers que le meilleur tarif de la zone », indique le document.
La solution pour offrir des tarifs low-cost aux consommateurs togolais passe nécessairement par la libéralisation des marchés. Selon Global Opportunities for Internet Access Developments, « cela rend les services moins onéreux grâce au jeu de la concurrence. Et un meilleur niveau d’accès à Internet engendre des opportunités en termes d’emplois, d’initiatives entrepreneuriales et de développement social».
Il y a 8 ans, pourtant le régime s’est vu obliger de lancer un appel d’offres pour l’acquisition d’une troisième licence au Togo. «Pour permettre au secteur des télécommunications de réaliser tout son potentiel et de réaliser ainsi l’essor économique et de l’économie numérique, le Togo entend adopter une stratégie axée sur la création d’une nouvelle dynamique concurrentielle et le relèvement du niveau des investissements dans les infrastructures de la téléphonie mobile », avait indiqué le gouvernement.
Le processus suivait son cours quand, patatras, le régime a tout annulé. Sans explications. Et les Togolais continuent de payer cher la communication téléphonique au Togo.
Médard Ametepe
Liberté
Source : 27Avril.com