Togo- « Amédjro » : Le vrai sens du mot en Ewé et en Guingbé

0
387

Dans cette tribune, Prof Togoata Apedo-Amah partage ses connaissances sur le vrai sens du mot « Amédjro » dans notre dialecte. Une occasion de mieux connaître nos langues.

À PROPOS DU SENS DU MOT AMEDJRO EN EWE ET EN GUINGBE

Le 17 décembre 2022, Kokouvi Dzifa Galley a offert au public de l’espace Gododo, une lecture-spectacle de sa pièce de théâtre écrite lors d’une résidence d’écriture en France. Le titre de la pièce est “La Termitière”. Il y est question de migration de l’Afrique vers l’Europe et du mauvais accueil au niveau des élèves qui reprennent à leur compte les préjugés de leurs parents.

Au cours du débat, le dramaturge K D. Galley a tenté une comparaison au sujet de l’accueil entre l’Europe et l’Afrique. Il a tiré la conclusion selon laquelle l’Afrique accueille mieux l’étranger en raison de sa culture. Pour preuve, il a expliqué le vocable ewe-guin AMEDJRO qui signifie étranger. Le public a acquiescé. Mais je me suis opposé à cette explication à laquelle j’adhérais moi-même auparavant. C’est en lisant l’ouvrage de Roberto Pazzi, que je n’ai pas achevé, au moment où j’écris ces lignes, que j’ai découvert l’explication du vocable AMEDJRO à partir de sa racine.

Roberto Pazzi (“Les Peuples d’Ajatado ( entre Accra et Lagos)”, Paris, L’Harmattan, 2017, p. 26.) écrit, en substance, dans le liminaire consacré au vocabulaire adja, ceci:

“Tout étranger qui sollicite l’hospitalité est vue comme une personne qui se trouve en situation de perplexité et d’anxiété, puisqu’il ne peut prévoir quelle réponse sera donnée à sa demande : on l’imagine donc comme l’oiseau qui sautille avant de s’envoler, ou comme l’homme qui trépigne dans l’attente.”

AMEDJRO, c’est donc littéralement la personne qui est mal à l’aise dans un milieu qui n’est pas le sien quant à l’accueil qui va lui être réservé. Ce n’est pas la personne désirée comme nous le croyons à tort. Merci à Kokouvi Dzifa Galley pour nous avoir donné cette occasion de mieux connaître nos langues.

Leçon : partageons nos connaissances de notre vivant.

Ayayi Togoata APEDO-AMAH

Source : icilome.com