Sénégal : quand Y’en a marre « clashe » Macky Sall

0
456

Avec d’autres organisations de la société civile, Y’en a marre appelle à désavouer Macky Sall dans les urnes lors du référendum prévu le 20 mars. Le rappeur Kilifeu, co-auteur d’un « single » dénonçant le wax waxeet du président Sénégalais, s’en explique à Jeune Afrique.

« Sénégal bañ na wax waxeet » : le Sénégal refuse le wax waxeet. C’est le leitmotiv que se sont choisi les rappeurs de Y’en a marre, hier alliés objectifs de Macky Sall face à Abdoulaye Wade et aujourd’hui remontés comme une pendule face à la volte-face du président élu en 2012, qui a finalement renoncé à réduire son premier mandat de sept à cinq ans.

Dans un « single » rendu public mercredi 24 février, Kilifeu (du groupe Keur Gui), Simon et Fou Malade, trois des membres fondateurs de Y’en a marre, ont mis en musique le mot d’ordre adopté par cette organisation emblématique de la société civile sénégalaise, convoquant le souvenir de résistants mythiques comme Lat Dior, Aline Sittoé Diatta, Maba Diakhou Bâ ou Valdiodio Ndiaye.

Revendiquant leur intention de « défier » Macky Sall, ils appellent sans nuance à voter « Non » lors du référendum constitutionnel qui doit se tenir le 20 mars.

Jeune Afrique : Avec d’autres organisations, Y’en a marre vient d’annoncer la création d’un Front du Non. Qu’est-ce qui vous conduit à souhaiter l’échec du référendum ?

Kilifeu : À la veille du deuxième tour de l’élection de 2012, Macky Sall était venu nous rendre visite au quartier général de Y’en a marre. Devant les caméras, il avait alors promis de réduire son premier mandat de sept à cinq ans, ce qu’il a encore confirmé une fois élu. Et le voilà aujourd’hui qui trahit cet engagement et nous propose de cautionner quelques réformes. Nous voulons lui rappeler que son élection, avec 65% des suffrages exprimés, il la doit au peuple sénégalais. Ce peuple est toujours là, et il refuse le wax waxeet – les présidents qui se dédient. Le 20 mars, nous irons donc massivement voter Non.

En 2012, Abdoulaye Wade entendait s’accrocher au pouvoir pour un troisième mandat. Macky Sall, lui, renonce à réduire son premier mandat mais il propose tout de même, à travers ce référendum, de revenir au quinquennat…

Il a été élu en 2012 après avoir fait cette promesse. Il est le président de la République, il avait la possibilité de faire adopter cette mesure et de respecter son engagement. Mais il a attendu quatre ans pour venir se défausser un beau jour sur le Conseil constitutionnel, tout en sachant que celui-ci allait suivre sa logique, comme il avait déjà validé à l’époque la troisième candidature d’Abdoulaye Wade. Notre appel à voter Non ne porte pas sur les questions techniques contenues dans le texte mais sur le respect de la parole donnée. Macky Sall n’a pas tenu parole, le contrat est rompu. Il doit être sanctionné le 20 mars.

Ferez-vous campagne aux côtés du Parti démocratique sénégalais (PDS), que vous combattiez hier ?

Le Front du Non « Ñani bañ na » a été lancé par des organisations de la société civile et des citoyens lambda. Les grands partis étaient absents de notre conférence de presse, le 24 février. Mais il se trouve qu’au même moment, ces partis [notamment le PDS, Rewmi et le Grand Parti] ont eux aussi annoncé qu’ils feraient campagne pour le Non. C’est une bonne chose que toutes ces organisations appellent à voter « non » plutôt qu’à s’abstenir, ce que beaucoup de Sénégalais comptaient faire. Un boycott du référendum arrangerait Macky Sall.

Jeune Afrique