Quoi de mieux qu’une rencontre au sommet pour régler les différends entre deux pays ? A Dakar comme à Nouakchott, on s’est résolu à croquer les pommes de discordes dans la diplomatie. A l’invitation du président mauritanien, Macky Sall est attendu ce jeudi 8 février à Nouakchott pour une visite de deux jours. La tension dans les relations entre les deux pays va peut-être finir par se relâcher.
C’est une diplomatie de coulisses rondement menée qui va amener Macky Sall à fouler, ce jeudi 8 février, le sol mauritanien. Alors que les projecteurs médiatiques étaient branchés sur la visite dakaroise d’Emmanuel Macron, un discret émissaire du président Mohamed Ould Abdelaziz venait confirmer avec les cachets et assurances officiels, ce qui a sans doute été scellé dans les salons annexes du Sommet de l’Union africaine (UA), les 28 et 29 janvier.
Diplomatie en eaux troubles
Les « excuses [mauritaniennes] pour l’incident regrettable » de la nuit du samedi 27 au dimanche 28 janvier semblent donc « insuffisantes ». Cette nuit-là, un pêcheur sénégalais de 19 ans est mort après que la pirogue qui le transportait avec 7 autres membres d’équipage ont essuyé des tirs des garde-côtes mauritaniens pour s’être aventurés dans les eaux territoriales du pays. En représailles, des commerces de plusieurs mauritaniens ont été vandalisés, saccagés ou même brûlés à Saint-Louis.
Nouakchott semble désormais vouloir résoudre le problème au plus haut sommet. Entre les deux capitales voisines, les eaux s’agitent autour d’un accord de pêche expiré en 2015 dont le Sénégal a refusé les termes de renouvellement. Pour aller vite, la Mauritanie a durci sa législation, imposant aux bateaux de pêche de n’employer que du personnel mauritanien et de débarquer leur prise sur des quais mauritaniens. Des mesures qui plombent les armateurs sénégalais contraints d’envoyer de plus en plus loin leurs bateaux pour trouver du poisson.
Pétrole, gaz, G5 Sahel et Cedeao, les vrais enjeux?
Au milieu de cette situation explosive, Macky Sall devrait négocier une exemption assortie de taxes pour les pêcheurs sénégalais notamment ceux de Saint-Louis (nord du Sénégal). D’un autre côté, même s’il est prêt à faire des concessions pour calmer l’agitation, Mohamed Ould Abdelaziz, sous le regard de son opinion publique, devrait serrer la vis sur les négociations autour de la pêche. Les mesures prises devraient multiplier par trois, le rendement de la pêche dans le pays. Il ne faudrait donc pas s’attendre à voir Macky Sall obtenir des concessions miraculeuses.
Et pourtant, Mohamed Ould Abdelaziz aura bien besoin de son homologue de l’autre rive. Si la pêche est une pomme de discorde que les deux présidents veulent croquer avec diplomatie, l’autre sujet qui pourrait soulever la tempête est celui du gaz et du pétrole à la frontière avec les deux pays. Le partage de cette manne sans dommage est peut-être la véritable finalité de cette visite.
Sur un plan purement diplomatique, Macky Sall devrait murmurer dans l’oreille du Président Ould Abdelaziz, sa volonté de faire du Sénégal, un partenaire même périphérique de la Force du G5 Sahel à défaut d’en devenir un pays membre à part entière. La partie mauritanienne devrait quant à elle pousser auprès de la diplomatie sénégalaise, le dossier de sa ré-adhésion à la Cédéao. Diplomacy as usual !
Source : www.cameroonweb.com