Relents dictatoriaux de l’église catholique du Togo

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Construire juridiquement l’édifice sur lequel repose aujourd’hui l’État a nécessité beaucoup de temps. D’ailleurs, c’est le résultat d’une activité intellectuelle séculaire et les penseurs de l’État auront toujours de nouvelles découvertes à faire pour approfondir les éléments qui caractérisent l’objet État et en améliorer les ressorts.

Depuis le XVIIIème siècle, conscients des risques d’une confusion entre le politique et le religieux, les philosophes des Lumières œuvrèrent pour une séparation entre les deux institutions.

Cependant, pour la conquête du monde et en particulier l’Afrique, recours a été fait à l’Eglise connue pour sa rigidité et sa tendance dictatoriale L’Eglise a ainsi servi comme catalyseur de la colonisation.

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L’on se rappelle, avec émotion, le discours du roi Léopold II de Belgique en 1883 devant les missionnaires se rendant en Afrique pour évangéliser le continent noir. En clarifiant le sens de leur mission, le roi, qui se substitue au Seigneur Jésus pour envoyer en mission apostolique les ministres de Dieu, leur rappelle deux choses essentielles : déstabiliser la stabilité spirituelle de l’Africain et faciliter le terrain à la conquête coloniale.

Dans toutes les colonies françaises en Afrique, le même type de rapport complémentaire entre l’église et l’administration coloniale a présidé à la création des écoles coloniales et confessionnelles, des séminaires et des centres de formation.

Les prêtres, les évêques et leurs auxiliaires sont formés dans cet esprit de suprématie de l’église sur les autres composantes de la société. Dès lors, l’Eglise catholique se voit dans le rôle de la gardienne de la morale de la République.

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Cette hardiesse a engendré plusieurs conflits politico-religieux, comme c’est le cas actuellement au Togo L’Eglise catholique du Togo a visiblement conservé cette illusion archaïque de gardienne de la morale de la République, qu’elle évite pourtant de s’appliquer en son sein.

A la conférence nationale de 1991, le clergé du Togo a cru être dans son bon droit de diriger les travaux politiques. On connaît les dérapées dont nous continuons de payer le prix encore aujourd’hui : Mgr Kpodzro s’est assis au fauteuil de président du présidium comme un général à la retraite rappelé au secours de ‘son’ peuple.

Tout est dit d’ouverture, par un rappel décontextualisé de Robespierre : « Nous sommes réunis par la volonté du peuple et nous n’en ressortirons que par la force des baïonnettes! »

Les relents dictatoriaux chez des hauts dignitaires de l’église catholique du Togo, expliquent probablement les sentiments de supériorité « en grâce et en intelligence » que ces prélats étalent face aux fidèles, leurs ouailles qu’ils pensent pouvoir manipuler à souhait.

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Il est logique de se demander alors ce que deviennent la liberté de conscience et de choix chères à l’Eglise et établies par le sacro-saint principe de liberté des enfants de Dieu.

Cette attitude orgueilleuse semble leur faire oublier qu’ils ne détiennent pas le monopole de l’intelligence, de la moralité, de l’éthique et du sens du bien commun.

Les laïcs qui animent la vie politique, sociale et associative ont reçu la même science de la vie et les  mêmes dons. Existe-t-il une structure plus centralisée et monocorde que l’église catholique, elle qui ignore dans son vocabulaire les notions de démocratie et de critique ?

Toute critique envers les petits dieux que sont les prêtres, curés, évêques et archevêques sont des péchés que le fidèle doit confesser.

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La dictature des prélats du Togo est aussi faite d’aveuglement facilement observable dans leur affection pour le modèle du « pharisien » qui voit la paille dans l’œil de l’autre sans voir la poutre qui est dans le sien.

En outre, c’est de croire que les situations ambiguës et condamnables dans lesquelles ils se couvrent mutuellement ne seraient connues que d’eux seuls. Tellement habitués aux facilités de tout genre, ils croient encore aujourd’hui pouvoir s’accaparer tous les droits et les étendre indéfiniment sur des terrains qui ne sont pas prioritairement les leurs.

Si des peuples ont lutté pour la séparation entre l’Etat et l’Eglise, c’est qu’il y a une bonne raison qui mérite d’être respectée encore plus aujourd’hui dans nos pays en développement

Le Libéral

Source : Togoweb.net