RAS Sankara : L’artiste dont la chute n’a pas brisé l’engagement

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Le 09 novembre 2017 à Lomé, les manifestations politiques battaient leur plein malgré les tirs de gaz lacrymogènes voire de balles réelles des Forces Armées Togolaises. Sur un car podium, Un groupe d’artistes engagés (AET) accompagnent une foule de manifestants. Une fois encore, l’armée dégaine. C’est la débandade. A bord du car podium, un artiste, photographe, plasticien et performeur est concentré sur sa caméra, mais pas pour longtemps. En un éclair, la chute… Et la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : L’artiste RAS SANKARA a été fauché par une balle.

Transporté à l’hôpital, on se rend compte que c’est plus de peur que de mal. La légendaire intervention musclée de l’armée sur un cortège de manifestants a créé une bousculade et entrainé la chute du jeune artiste engagé qui se casse le tibia dans une chute, avec d’autres blessures importantes. L’accident va freiner l’élan de celui qui, quelques mois plus tôt, réalisait La voix du Captif, une performance qui remémore l’esclavage.

L’artiste Engagé
La mauvaise gouvernance et la torture des peuples, liberté et paix, viol, colonisation et esclavage, migrations, RAS Sankara s’attaque à des sujets brûlants qu’il interprète dans un décor artistique dans un environnement politique très hostile aux artistes engagés surtout dans des pays se voulant théoriquement démocratiques, mais conquis par des régimes oligarchiques de fait.

« Pour moi, militantisme et art, ce sont deux mondes qui marchent ensemble », Soutient-il.

Il draine avec lui un cœur compatissant puisqu’il parraine des enfants démunis à travers son association CASCAD-Togo. « Après ma formation en entreprenariat social, je me suis dirigé plus vers les enfants et j’ai créé l’association CASCAD-Togo. Avec les enfants, nous animons des projets sociaux axés sur la culture et le tourisme », nous confie-t-il après un spectacle dans un centre culturel à Lomé en Février dernier.

Viol voilé

Depuis plusieurs mois, le performeur s’engage contre ce phénomène social qui prend de l’ampleur sous tous les cieux. Dans l’acte 6 de « Viol voilé », RAS Sankara décline « une pensée émue et pleine de compassion pour cette petite fille de quatre ans, violée au Ghana, il y a à peine 10 jours ».

« Force à ces 150 jeunes filles, dames, brutalement violées par les forces de l’ordre et militaires en Guinée Conakry en date du 28 septembre 2009 sous caution de junte militaire. Par cette performance, j’aspire à essuyer leurs larmes et panser leurs plaies malgré leurs passages plus sombres les uns que les autres de leur vie », remémore-t-il dans le cadre de ce spectacle réalisé dans un décor de sous-vêtements que des filles et femmes du Bénin, Europe et USA lui ont fait parvenir avec des textes. De ces paquets, RAS –Sankara fait des créations artistiques et véhiculent le message des victimes.

« Les violences sexuelles envers les femmes sont des problèmes récurrents dans nos sociétés. Ces abus et agressions restent souvent dans l’ombre. La honte, la peur et la culpabilité réduisent les victimes au silence. Outres les enfants de 09 mois à 19 ans qui sont des victimes, peu d’entre elles posent le mot agression sur les violences régulières auxquelles elles doivent faire face », déplore-t-il.

A. Lemou

Source : www.icilome.com