Projets avortés: Faure Gnassingbé bon ou mauvais vendeur?

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Le cirque du PND, ces derniers jours, aura illustré, de manière éclatante, à quel point le régime du monarque Faure n’occupe aucune place prépondérante ni dans le conscient collectif des Togolais ni dans le monde des affaires. Le prince se sachant l’objet d’une bouderie, a décidé, à coup de milliards, de prendre en charge sa propre publicité. De Londres a Lomé. Or, la criante corruption qui ronge son pays a exposé aux yeux de tous un roi nu, forcé de légitimer l’impunité, incapable d’arguments persuasifs pour faire affluer les argentiers au chevet de son économie. Le PND, comme tout projet, est d’une beauté fascinante. Sur papier. Mais il va achopper à un terrain difficile, impraticable. Dis moi qui conduit un tel projet, dans quel royaume politique et dans quel environnement, je te dirai ses chances de réussite ou d’échec. Tel est l’axiome, un point de départ qui condamne le PND à la sentence suprême, la peine de mort.

Par Kodjo Epou

Notre prince, une fois encore, vend du vent. Quel néophyte pour le lui acheter?Cela fait des décennies qu’on parle, au Togo, de l’arrivée des investisseurs étrangers. Pourquoi tout se passe comme si notre pays est une destination à risques? Se pose t-on cette question à Lomé? Réponse plausible: la politique du bord du gouffre, de l’homme fort, ne charme plus personne. Le pouvoir de Lomé, « out of date », n’appâte aucun investisseur sérieux. Le plus palpitant quand on barbote dans la mélasse politique locale, c’est que chaque semaine trimbale son brimborion de forums économiques, ses messes redondantes, présentées comme éminemment stratégiques, alors même que l’économie, siphonnée dans toutes ses lucarnes, passe de déconfiture en capilotade, que le pays croule sous la pauvreté de ses fils et filles, un pays passé de la république à une monarchie de droit divin.

La monarchie de droit divin, c’est ce régime non démocratique dans lequel le pouvoir du monarque est considéré comme émanant de la volonté du ciel. En se présentant comme « investi par Dieu », il n’a de compte à rendre qu’à lui seul. L’on comprend pourquoi le monarque est fréquent au Vatican. Aux pieds du Pape. Il n’admet de limites de son pouvoir que celles fixées par Dieu. Au nom de cette conception, il a droit de vie et de mort, d’aller et venir sur tous les habitants de l’espace qu’il considère comme son royaume. La tête d’un citoyen ne lui plait-il pas que ce dernier est restreint dans ses libertés de circuler ou interdit d’accès à son pays natal. Le cas Francois Boko témoigne contre la democratie de Faure et illustre l’étendue de la toute puissance du monarque pour qui tout l’appareil judiciaire est un outil de répression, au service exclusif de sa gouvernance. Cela effraie l’étranger qui ne peut voire au Togo que des circonstances dantesques pour ses affaires!

On se souvient aussi qu’un entrepreneur Franco-Espagnol installé sur notre sol, pour avoir commis le crime de ne plus correspondre aux intérêts personnels de du souverain, avait été sommé de quitter le pays sous 24 heures, malgré le contrat d’affaire reglémentaire qui le lie à l’Etat togolais: cette affaire Jacques Dupuydauby, président du groupe Progosa, est un exemplaire parfait des déboires auxquels peut s’attendre tout investisseur qui accepte de prendre le risque dans une monarchie de droit divin. L’opérateur du Port de Lomé d’alors a du prendre la poudre d’escampette, pris en chasse par un mandat d’arrêt. Les investisseurs, avant de déposer leurs valises dans un pays, font leurs propres recherches. Ils découvriront que les Togolais n’aiment pas leurs dirigeants et poussent des cris de détresse: “ces hommes sans foi, rebut de notre peuple nous volent et nous assassinent chaque fois qu’ils veulent le faire, impunément”. Faure Gnassingbé pense t-il que les investisseurs dont il sollicite l’argent ont oublié ces épisodes douloureux? Lui est-il par ailleurs arrivé de croire que les gens réunis au 2 Février pour son PND ont dû oublier que l’un des plus grands centres commerciaux d’Afrique de l’Ouest, le marché d’Adawlato, avait été “incendié au kerozen” sans que la justice togolaise soit autorisée à prendre dans ses mailles les vrais coupables de ce crime odieux?

Plus repoussant, c’est quand les ministres et généraux de l’Armée, couverts par une immunité qui n’a pour légalité que la seule volonté de sa majesté, sont plus puissants que les juges et les représentants du peuple à l’Assemblée Nationale. Dans son système absolu, construit en toile d’araignée, l’entrepreneur étranger est tenu de se comporter en fidèle, parfois en docile adorateur du trône ou, à défaut, c’est la porte. La cour s’arroge tous les privillèges, notamment recruter des étrangers, derrière portes closes, en octroyant aux choisis des émoluements mirobolants, sans passer par les procédures légales du code du travail en matière de recrutement d’expatriés. Aussi, une ancienne ministre du Bénin voisin se verra t-elle propulser conseillère près la cour, sans doute avec rang de ministre, et vachement payée avec l’argent du contribuable togolais. Cette dame, placée à un poste auquel beaucoup de Togolais sont pourtant largement qualifiés, l’a été simplement parce qu’elle a su entrer dans les bonnes graces du prince. Le Parlement a t-il eu un droit de regard sur le contrat de travail qui a permis à Reckya Madougou de se tailler un poste de décision au coeur de la présidence de la république? Certainement pas. Ses cosmétiques ont suffi et la seule volonté du monarque a fait le reste.

C’est l’absolutisme au Togo: législation, justice, administration, armée relèvent de l’homme fort. N’est-ce pas dit dans le Meunier de Sans-Souci (Francois Guillaume Andrieux) que “les souverains, malaisément, souffrent qu’on leur résiste” et que conséquemment l’Etat est au roi, tous les attributs sont à lui? Qui au Togo peut faire revenir le souverain Faure Gnassingbé de ses caprices? Qui peut lui opposer un quelconque refus effronté pour lui faire accepter que dans une république, la volonté d’un seul homme ne saurait s’imposer à tout le peuple? Les participants au Forum économique UE-Togo sont, plus qu’on ne le croit, suffisamment informés des dérives dont s’est rendu coupable le régime obscur de Lomé, jamais en phase avec les droits des operateurs economiques étrangers et la protection de leurs biens en cas de litige.

Le Togo – trop de faits corroborent ce triste constat – n’est pas une destination sûre pour les bonnes affaires, ses autorités de fait ayant à mainte reprises, dans le passé, démontré que le pays n’est pas basé, au plan politique comme écomomique, sur des règles de compétition justes et transparentes. Dans la réalité, il s’agit d’une monarchie de droit divin corrompue aux raclures totalitaires, capables de toutes sortes d’usages de faux et qui, en plus, ne recule devant rien lorsqu’il s’agit de protéger le trône et ses intérets. C’est pour ces raisons que l’Etat togolais est à la peine, tombé en rebut, cherchant désespérément preneur. Un pays n’émerge et n’attire que quand le patriotisme, la discipline, la transparence y ont droit de cité. Sur ces plans, le Togo est loin du compte. Mais quand, devant une réalité aussi frappante, l’autre Béninois, Lionel Zinsou, affirme, dsns un langage digne d’un hybride, que “le Togo impressionne tout le monde en Europe” l’on est en droit de lui demander de quel Togo parle t-il. Ce propos est blessant; il ressemble à son auteur: laid, faux, vulgaire.

 

Les prochains mois nous diront si les investisseurs vont se bousculer aux ports d’entrée du Togo, impressionnés par les discours du souverain et de ses courtisans. Il y a quelques années, un sommet sur la sécurité maritime s’est tenu à Lomé. La rencontre avait englouti des milliards de nos Francs. Sans retombée aucune. A ce jour, le pays organisateur, le Togo, est le seul à en avoir ratifié le traite. Cette démocratie aux pas assourdissants de bottes militaires ne charme personne, n’en déplaise au Franco-Béninois Zinsou Lionel, visiblement en mission monnayée, sans doute soulé par les dividentes de la vaste campagne de prédation de la terre togolaise. Qui va investir son argent dans une monarchie de droit divin, un système où les humeurs et envies du prince ont force de lois, exécutables avant la tombée de la nuit?

Néanmoins, tout Togolais aimant son pays doit souhaiter un franc succès pour le PND. L’amour de la patrie nous en appelle. Car, notre peuple souffre. Beaucoup. Sa jeunesse en particulier s’en trouverait soulagé. C’est pourquoi le « Vive le PND » tente. Seulement voilà, une question de bon sens persiste, têtue, douloureuse: qui va investir son argent dans une monarchie de droit divin où les projets meurent en venant au monde, à cause d’un environnement vicié où tout est permis à l’homme fort et a ses milices braqueuses? Courage à tous ceux qui refusent de voir les tares du PND et les grands craquements de ses agrégats. Souhaitons que ce soit eux qui aient raison. Alors, rendez-vous au paradis pour tous les soutiens de sa Majesté.

Kodjo Epou

Source : Togoweb.net