Le jour tant attendu par Faure Gnassingbé et la minorité au pouvoir est passé ce dimanche 3 mai, avec la prestation de serment. Le « champion » a donc terminé officiellement son 3e mandat et débuté le 4e. Pour le peuple togolais, tout est comme une symphonie inachevée. Le vin est tiré, faut-il le boire ? A quoi faut-il s’attendre au cours de ce nouveau quinquennat débutant ?
«Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté populaire, Nous, Faure Essozimna Gnassingbé, élu Président de la République conformément aux lois de la République, jurons solennellement : de respecter et de défendre la Constitution que le Peuple togolais s’est librement donnée; de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées; de ne nous laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toutes nos forces à la promotion du développement, du bien commun, de la paix et de l’unité nationale; de préserver l’intégrité du territoire national ; de nous conduire en tout, en fidèle et loyal serviteur du Peuple ».
C’est par cette phrase indiquée à l’article 64 de la Constitution togolaise que le « champion » a prêté serment ce dimanche, devant une assistance triée sur le volet , au cours d’une cérémonie où Aboudou Assouma a fait des siennes, envoyant des piques à Agbéyom é Kodjo et à M gr Philippe Fanoko Kpodzro. Le « Prince » démarre ainsi son 4e mandat tant désiré. C’est à contrecœur que les Togolais qui ont voté massivement pour l’alternance à l’élection présidentielle du 22 février 2020 et y croyaient dur comme fer, ont suivi la cérémonie sur la Télévision Togolaise.
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Beaucoup qui ne pouvaient pas supporter, s’en étaient simplement abstenus. Qu’à celane tienne, cette prestation de serment du « Prince » scelle de facto la fin des espoirs.
Elle tourne aussi la page de l’élection présidentielle ayant entrainé un contentieux très vite évacué par le régime cinquantenaire en place au regard du sort réservé à Agbéyomé Kodjo, le « Président démocratiquement élu ». Après quelques semaines agitées ponctuées de convocations au Service central de recherches et d’ investigations criminelles (SCRIC), d’encerclements de son domicile, de menaces et de violences, le régime est parvenu à le bâillonner le vendredi 24 avril dernier avec sa libération sous contrôle judiciaire.
C’est sans doute la mort dans l’âme qu’il a aussi suivi de loin ce que l’on peut appeler la confiscation de sa victoire qu’il réclamait d’ailleurs et qui lui a valu ce sort. Il n’a même pas le droit d’en parler, au risque de prendre la direction de la prison…
Le vin est tiré…Ce vin, même si le peuple est contraint de le boire, doit être indigeste et avoir un goût très amer dans la gorge des Togolais. Tout a l’air d’une symphonie inachevée car ces milliers voire millions de Togolais ont vraiment cru à l’alternance avec cette présidentielle du 22 février 2020 et voté comme jam ais en conséquence. L’espoir lui a été d’ ailleurs donné suffisamment au cours du laps de temps qu’a duré la campagne électorale et il y a beaucoup cru. Mais hélas.
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C’est une symphonie inachevée pour ce peuple qui souffre le martyre depuis plus d’ un demi-siècle et espérait arracher l’alternance cette année. Mais elle lui file encore entre les doigts.
D’aucuns pensent qu’elle est partie à jam ais. Une chose est au moins manifeste, c’est parti pour cinq (05) ans plus tard, en 2025 peut-être. Sur le terrain de la contestation, il risque d’avoir un désert en face. Celui qui devrait incarner la contestation est bâillonné et interdit de parler de ce scrutin. Avec cette issue, les regards se tournent désormais vers les cinq prochaines années, pas en termes d’ espoir.
Le candidat du pouvoir s’ était employé à faire avaler au cours de la promesse électorale des promesses de poursuite d’une certaine politique de réalisation et d’inclusion. C’est dans les mêmes veines que le « cham pion » entendrait poursuivre son œuvre à la tête du Togo durant le quinquennat 2020-2025, à en croire Malick Natchaba, le Délégué Général du M ouvement des jeunes Unir (MJU). Il parle de gouvernance concertée et de réponses « concrètes » aux besoins des populations.
« Déjà la campagne électorale a démontré la dynamique dans laquelle le Président va inscrire son mandat. C’est une dynamique de proximité. Cela veut dire que Président de la République a développé une proximité avec les populations, pour recueillir ce dont elles ont besoin, mais aussi pour que chacun puisse à son niveau se préparer à faire des propositions concrètes (…) A travers la gouvernance concertée, le Chef de l’État veut une concertation au plus près des besoins pour pouvoir apport er des réponses », a-t –il laissé entendre samedi dernier, sur une radio de la place.
Malick Natchaba déclare que la « volonté de développer le pays reste la même et sera poursuivie par le Chef de l’Etat », parle de concrétisation des projets de développement dans les secteurs de l’ énergie, de l’ agriculture, de la santé et de l’éducation, et surtout de création d’emplois grâce à une dynamique de partenariat public-privé. De bien jolis mots, mais il s’agit des nièmes de Faure Gnassingbé depuis son intrusion fracassante au trône en 2005.
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En termes de respect de ses engagements, les Togolais ont suffisamment éprouvé la sincérité de leur interlocuteur avec qui ils cheminent depuis quinze ans. Le bonheur, cela fait quinze ans que le « Prince » le leur promet. Mais à l’épreuve du terrain, rien de concret.
Cela ne devrait donc pas changer avec le quatrième mandat débuté ce dimanche 3 mai 2020. Violation de la Constitution, mascarades d’élections, non-respect des droits des citoyens, assassinats politiques, impunité des crimes…voilà les maux sur le plan politique. La gestion économique n’est pas meilleure avec les fléaux connexes : détournement de deniers publics, accaparement des ressources nationales, malversations diverses.
Pendant que la minorité pille les richesses du pays et en dispose à des fins personnelles, le peuple est laissé dans l’indigence totale. Ce sont les signes particuliers de la gouvernance Faure Gnassingbé et elle n’est pas près de changer. Durant ce nouveau mandat , les Togolais sont simplement contraints de support er une fois de plus un régime qu’ ils ont vomi mais qui s’ impose à eux par les élections frauduleuses et la force, qui les martyrise depuis un demi-siècle.
Liberté No 3139
Source : Togoweb.net