Pièces d’identité aux Togolais : Nathaniel Olympio n’approuve pas « la manière discriminatoire » des audiences foraines

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Pièces d’identité aux Togolais : Nathaniel Olympio n'approuve pas

La problématique est portée à l’opinion nationale et internationale depuis quelques mois par le Parti des Togolais qui en a fait son cheval de bataille. Tous les Togolais, sans exception, doivent avoir leurs actes d’identité. Pour cela, Nathaniel Olympio, président de ce parti, a organisé plusieurs conférences sur la thématique au Togo et dans la diaspora. L’ampleur de la situation l’a amené à écrire aux présidents des groupes parlementaires et à la présidente de l’Assemblée nationale.

Selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à la suite de son audit du fichier électoral en 2015, plus de 75% des Togolais n’ont pas d’actes de naissance. 85% de la population ne disposent pas de cartes d’identité. La situation ne réjouit pas le Parti des Togolais qui veut que les autorités togolaises fassent tout pour que chaque citoyen ait ses actes d’identité.

Lorsque l’occasion se présente, il a toujours interpellé le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et son collègue Garde des Sceaux, ministre de la Justice chargé des Relations avec les institutions de la République.

Et depuis quelques jours, les autorités togolaises semblent avoir entendu cet appel. En effet, la Direction du service des nationalités et la Délégation à l’organisation du secteur informel (DOSI) ont lancé une campagne d’audiences foraines pour l’établissement des certificats de nationalité aux citoyens à travers tout le pays. Objectif, selon ces deux structures, accompagner la mesure du gouvernement qui rend obligatoire le permis de conduire catégorie A à tout conducteur d’engins à deux roues et assimilés.

Seulement pour le Parti des Togolais, le gouvernement passe à côté de la plaque, surtout que c’est une catégorie de personnes, conducteurs de taxi-moto, qui est ciblée par cette opération.

L’opération telle que lancée ou conduite, selon Nathaniel Olympio, ne peut pas résoudre le problème de nationalité ou de carte d’identité au Togo. Parce qu’il y a des dispositions qui doivent être respectées pour faire de cette opération une réussite et permettre à la majorité, sinon à tous les Togolais d’avoir ces pièces d’identité.

D’abord, il faut que ce soit un projet initié par l’Etat lui-même. « Il faut qu’il y ait un décret présidentiel qui lance l’ouverture des audiences foraines, parce que c’est un problème qui a aujourd’hui une dimension nationale. De la même façon qu’ils ont fait un projet de loi pour l’apatridie, c’est exactement de la même manière qu’ils doivent procéder pour faire les audiences foraines », a soulevé le président du Parti des Togolais.

Ensuite, les audiences foraines doivent être pilotées par les services des ministères de l’Administration territoriale et de la Justice. Parce que ce sont ces deux ministères qui coiffent les états civils. « Ce sont les deux ministres qui ont la responsabilité des états civils, et non un service quelconque dans l’administration », a-t-il souligné.

En outre, le gouvernement devrait voir la bourse des Togolais avant de se lancer dans ces opérations. On n’a jamais interdit aux Togolais d’avoir d’actes de naissance. Mais plus de 75% ne l’ont pas. « Ça peut être un problème financier. Il faut que ça se fasse gratuitement, ces audiences foraines. Et cette décision revient à l’Etat pour qu’on ne fasse pas payer les gens dans les villages et hameaux les plus reculés sur le territoire. La finalité, c’est pour permettre à tout le monde d’avoir ces pièces d’identité », relève Nathaniel Olympio.

Un autre point tout aussi important. Si les gens n’ont pas ces documents, c’est qu’ils ne comprennent pas la nécessité de les avoir. « Pour faire l’audience foraine et que les gens sortent, il faut une grande campagne de communication et de sensibilisation, activer les radios privées, la presse, les radios et télévisions d’Etat et privé, les réseaux sociaux, etc. Il faut que ce soit un mouvement national pour que tout le monde sache qu’on demande de sortir pour aller se faire établir des pièces d’identité », explique-t-il.

La campagne qu’ont lancée la Direction du service des nationalités et la DOSI prend seulement quelques jours, alors qu’il y a un grand nombre de citoyens qui sont concernés par la situation. Par exemple à Lomé, la campagne n’a duré que deux jours. C’est insuffisant, selon le Parti des Togolais. « En deux jours, on ne peut pas boucler Lomé. C’est impossible », a-t-il déploré.

Il regrette le fait que ce soit seulement les conducteurs de taxi-moto qui sont ciblés alors que la nécessité se fait sentir par plus de la moitié de la population togolaise. « Faire cette opération d’audience foraine de manière sélective, de manière discriminatoire, c’est extrêmement grave. Donc les gens qui n’ont pas besoin de permis de conduire n’ont pas droit à la nationalité ? C’est très grave », a-t-il dit.

Il revient au gouvernement de prendre sérieusement les choses en main et de permettre à tous les Togolais d’avoir leurs pièces d’identité. Sinon, ce qui se fait actuellement n’est que du folklore pour des intérêts inavoués.

I.K

Source : www.icilome.com