«Petrolegate », le trésor public évalue les dégâts : Les non-dits d’une réduction des prix à la pompe. Adjakly, le fusible qui sauve Adedjé ?

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Le 09 Juin 2020 dernier, dans leur édition 879 nos confrères du bihebdomadaire l’Alternative publiaient, dans un dossier qui deviendra le «petrolegate», des informations scandaleuses sur la gestion de l’or noir au Togo. Il nous sied de revenir sur ce dossier, mais on se demande s’il reste encore à dire si tant est que les décideurs ont réellement envie de décider. Du coup, pour ceux qui trouvent l’occasion de nier l’évidence au point d’ester le confrère devant leur «cour martiale», nous avons préféré rafraîchir la mémoire par la réédition de notre Rendez-vous N°300 du jeudi 16-03-2017.

En temps normal, la Rédaction de notre confrère n’a pas de souci à se faire. Mais une sagesse a été virale ces derniers jours dans les échanges sociaux : l’anecdote de la police, la chèvre, l’antilope et l’éléphant. Au Togo du fils du «père de la Nation», notre expérience personnelle nous enseigne que la justice c’est cette anecdote: « un éléphant croise une antilope qui courait à la vitesse de croisière. A la question de savoir le pourquoi elle courait ainsi, l’animal répond que la police arrête toutes les chèvres du village. « Mais tu es bien différente d’une chèvre, dis-donc ». La biche rétorque : « avec la justice actuelle, ça me prendra 20 ans pour prouver que je ne suis pas une chèvre ». Devant cette réponse, l’éléphant à son tour, se mit à courir ». C’est devant cette justice que Ferdinand Ayité est convoqué, pour dit-on, le 19 Août prochain, la Rédaction et toute la corporation est alors aux aguets. L’affaire fait grand bruit et l’impunité qui règne en maître accorde une marge de triomphe aux débats et masturbations judiciaires. Mais en attendant un dossier en bonne et due forme si ça vaut la peine du moment où une équipe dirigeante corrompue n’a que faire des révélations de journalistes, nous voulons avancer quelques nouveaux éléments indispensables à la compréhension de ce qui se trame.

En effet, monsieur Adjakly a déjà une pierre dans la chaussure au moins une semaine avant même que le journal n’étale ses puanteurs et pour cause.

Primo, de nos investigations, grâce à la multinationale Ethiopian Airlines, notre aviation internationale a un Hub. Mais depuis toujours, cette compagnie aérienne comme toutes les autres d’ailleurs, se plaint de la cherté des produits pétroliers, principalement le Jet-A1, et autres nécessaires au fonctionnement de ses avions et engins roulants. Par rapport au Togo, la compagnie éthiopienne achète tous ces produits à moitié prix en Côte-d’Ivoire, au Burkina-Faso, au Ghana et au Bénin. C’est alors que Ethiopian Airlines, après de vains espoirs de trouver au Togo ces combustibles au prix des autres pays, a mis sur la table l’option de déplacer ses avions à Accra donc le Hub avec. Car, entre occultisme administratif et mystification du mécanisme des prix à l’international, les Adjakly et compagnie, Adedjé en bonne place, s’opposent aux doléances de la compagnie qui a vainement caressé l’espoir d’obtenir une réduction sur ces produits auprès de nos autorités compétentes. Devant la menace de la compagnie de déplacer sa base du Togo vers le Ghana, ce qui réduirait notre aéroport à une coquille vide. Inutile de rappeler que Asky n’est plus dans les bonnes grâces depuis que des soupçons de financement d’Agbéyomé pèsent sur Djondo, le promoteur. Les hautes sommités de la République ont pris l’affaire au sérieux. Piqué au vif devant l’escroquerie qui enveloppe la gestion du secteur pétrolier au point d’obliger les compagnies de poids à partir, Faure est tombé dans une colère noire. La tâche fut difficile au Ministre Adédjé et Adjakly. In fine, le 15 mai 2020, Adjakly Sossah est sauté de sa place de coordonnateur du CSFPP, Comité de Suivi, des Fluctuation des Produits Pétroliers. Remplacé par Monsieur Kondo Comlan Koffi en intérim. Adjakly devient conseiller technique au Ministère. La réduction des prix des produits pétroliers que les compagnies négociaient pour elle seule a été étendue à tous les consommateurs, donc vous et moi. Depuis 08 juin 2020 les Togolais se sont réveillés par une réduction des prix des produits pétroliers. Voilà le motif de la dernière baisse.

Quant à Ethiopian Airlines, pour l’amener à abandonner son projet, un tarif préférentiel lui est accordé. A combien il s’approvisionnait au Togo et ailleurs ? A combien revient le prix préférentiel qui lui est accordé présentement ? Bon à suivre. Mieux des avantages parallèles lui ont été offerts, entre autres. L’autorité compétente avait quasiment fermé les yeux quand Ethiopian n’a presque pas souffert de l’arrêt des vols aériens dans le cadre de la lutte contre la pandémie en cours. Cette compagnie a toujours eu l’avantage du silence des responsables togolais devant des atterrissages d’avions qu’on disait uniquement pour les marchandises même si les voyageurs figuraient en bonne place entre le Togo et les différents pays africains transits de la multinationale. Même Air France n’a pas eu cet avantage similaire au passe-droit qu’on peut accorder, bon an mal an, à une jeune fille courtisée. Bref, la situation a arrangé la multinationale qui d’ailleurs était déjà celle qui, à un moment donné, si ça ne continue pas, loue les avions à Faure parfois au prix de scandales dans le processus de paiement au dos de l’Etat.

Secundo, parlant de la gestion Adjakly, nous vous disions depuis 2017 dans l’édition que vous allez relire ceci : « …l’opacité est totale, il est même arrivé un temps où, le sieur Adjakly fut interpellé par des services de sécurité togolaises afin qu’il s’explique sur la gestion de son département ». De quoi a-t-il été interrogé ? Les services du ministre Yark en savent beaucoup. On se demande si au gré des révélations qui suivront, les trafiquants de l’or noir ne seront pas gardés comme ça a failli se produire il y a quelques années. Nous vous en dirons.

Tertio, présentement, un comité mixte, dont la tête et la racine est au Trésor public, est en travail de fourmis pour évaluer les dégâts. Des experts du trésor Public, HAPLUCIA, IGS, IGT, des têtes pensantes de toute une armada sont en investigation et ce comité qui interroge déjà les mis en cause a un mois pour faire l’Etat des lieux et déposer un rapport. Course contre la montre, espérons qu’entre transactions financières des marqueteurs aux bénéficiaires, évaluation du montant réel de l’escroquerie institutionnalisée, le comité pourra mettre la main sur les documents compromettants. Il est de toute façon question de mettre en évidence le clair-obscur de la gestion d’une famille. L’arrogant fils Adjakly, entre temps à l’extérieur, est revenu au pays pour les besoins de la cause.

Des spécialistes du secteur pétrolier que nous avions croisés ont laissé entendre que la gestion Adjakly du pétrole était trop émaillée d’atouts de fraudes, les dysfonctionnements sont trop criards pour un véritable enrichissement illicite au dos des populations. Pire, ils affirment que si la machine a pu exploiter toutes les failles qui s’offrent à ce CSFPP, Comité de Suivi, des Fluctuation des Produits Pétroliers pendant ses années d’existence du père en fils, les 500 milliards CFA dont a parlé le confrère seraient un petit chiffre. Avec une telle faille financière aux mains d’un père et son fils, un commis de l’Etat, si fidèle soit-il, peut à tout moment entretenir une rébellion. Au sommet, on est amère devant ce scandale et si Adédjé ne bénéficiait pas d’une certaine carapace qui ne dit pas son nom, c’est bien lui qui tombait le premier dans ce scandale. Comment est-on arrivé là ? Si depuis 2017, au lieu que nous recevions des menaces pour cet article qui n’était que la première série de 4 publications déjà rédigées, au point d’arrêter les publications, une autorité sérieuse avait ouvert les yeux sur nos informations, on aurait pu arrêter tôt l’hémorragie. 500 milliards, quand Faure arrivait au pouvoir en 2005, le budget annuel du pays n’en n’était pas loin.

En attendant que le «Rendez-vous» aussi soit assigné, voici, en intégralité, ce que notre journal disait de la gestion Adjakly au couvent du ministère du commerce depuis mars 2017. Lisez plutôt : « Dossier : Gestion de l’or noir au Togo, la face émergée d’une déconfiture. Délogés de la mer en eaux profondes, les dieux du pétrole se déplacent à la pompe »

Source : Le Rendez-Vous N°351 du 11 août 2020

Source : 27Avril.com