Ouganda: après 31 ans de pouvoir, Museveni en veut encore

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Président d’Ouganda depuis 1986, Yoweri Museveni, 73 ans, n’en a pas assez. Il l’a fait savoir de manière fracassante cette semaine en affirmant que la fixation d’un âge maximum pour être chef de l’Etat – 75 ans, selon l’article 102 de la Constitution ougandaise – devait être supprimée.

Voilà plusieurs mois que la question fait débat en Ouganda. En 2005, M. Museveni avait fait modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat sur base de la nouvelle loi fondamentale, au lieu de deux maximum. Il a été réélu lors de scrutins controversés en 2011 et 2016 et voudrait maintenant se présenter à celui de 2021. Mais il aura alors 77 ans, soit trop pour être candidat, selon l’article 102 de la Constitution qui indique qu’on ne peut être chef de l’Etat si l’on a moins de 35 ans et plus de 75 ans.

Qu’à cela ne tienne! En août dernier, Yoweri Museveni a fait corriger sa date de naissance à l’état civil: il n’est pas né en 1944, comme on l’avait toujours cru, mais en 1947 – selon son certificat de baptême. L’Eglise d’Ouganda a bien été accusée de connivence avec le Président – qui prêche parfois à la Miracle Centre Cathedral devant les chrétiens évangéliques – mais, en attendant, il n’aura plus que 74 ans en 2021 et pourra donc se présenter à une nouvelle présidentielle, que ses méthodes musclées envers ses rivaux lui permettont certainement de gagner.
Mais le septuagéniare doit se rendre compte que cela fait un peu désordre. Ou bien il vise plus loin encore que 2021.

Car cette semaine, s’exprimant devant des parlementaires chargés de consultations en vue de supprimer les limites d’âge pour être Président, il a assuré que celles-ci étaient inconstitutionnelles, a rapporté le site Africanews, et que c’était au « peuple » de décider qui pouvait le diriger. « La politique, ce n’est pas les Jeux olympique ou du rugby, où il y a compétition physique. La Présidence est un rôle de guide », a-t-il justifié.

Alors que la question a déjà provoqué une bagarre générale au parlement ougandais le 26 septembre dernier, M. Museveni en a rajouté. Il estime, en effet que les mandats de cinq ans, actuellement en vigueur selon la Constitution, c’est trop court pour lancer des projets de développement (c’est vrai qu’il n’est au pouvoir que depuis 31 ans!) et qu’il conviendrait de les allonger à sept ans. « Pour ces pays (NDLR: africains) avec tous ces problèmes, cinq ans c’est une blague! », a-t-il lancé.

Une blague qui ne le fait cependant pas rire puisqu’il a fait emprisonner le chanteur David Mugema et son producteur John Muwanguzi pour avoir composé et diffusé sur internet la chanson « Wumela » (« retraite ») qui a « perturbé la paix d’esprit » du président Museveni, selon l’accusation. Si ce dernier n’est pas nommé, le clip montre des images de l’indéboulonnable président ougandaisi et d’ex-chefs d’Etat déposés comme le Zimbabwéen Robert Mugabe ou l’Irakien Saddam Hussein. « Tu dois prendre ta retraite maintenant », chante David Mugema, « ceux qui refusent de partir pacifiquement, où sont-ils? » L’artiste et le producteur ont été libérés mercredi sous caution de 2 millions de shillings (465 euros) chacun.

Source : www.cameroonweb.com