Match Gbikinti-Maranatha : Voici l’intégralité du rapport de l’enquête de la Gendarmerie nationale

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Match Gbikinti-Maranatha : Voici l’intégralité du rapport de l’enquête de la Gendarmerie nationale

C’était le match de la dernière journée du championnat saison passée. Joué le 28 mai 2017 à Bassar, il s’est soldé par un score de 11 buts à zéro en faveur de Gbikinti. Qualifié de truqué par une partie de l’opinion, ce match a été au centre de toutes les polémiques et déchaînés les passions les plus inimaginables. La FTF qui s’est empressées au mépris des textes, de suspendre les deux équipes avant de confier le dossier aux instances habilitées, s’est lancée dans une série de contradictions et de démarches hasardeuses compliquant les tâches des commissions juridictionnelles. Au bout du compte, face à l’enlisement de l’affaire et à sa tournure politique, la FTF a fini par lâcher prise.

Le dossier a été finalement abandonné et les deux équipes autorisées à jouer le nouveau championnat qui vient de reprendre. Ce match a-t-il été truqué, l’équipe victorieuse a –t-elle gagné règlementairement ? La Rédaction de L’Alternative s’est procuré une copie du rapport de l’enquête de la gendarmerie nationale sur ce fameux match. Sa lecture permettra à chacun de se faire une opinion sur ce match. Le rapport révèle également les difficultés rencontrées par la Commission de recours qui s’est penchée sur cet épineux dossier. Lecture !

MINISTERE DE LA DEFENSE REPUBLIQUE TOGOLAISE
ET DES ANCIENS COMBATTANTS Travail-Liberté-Patrie
GENDARMERIE NATIONALE
DIRECTION GENERALE
CABINET

Lomé, le 04 AOUT 2017

RAPPORT

Du Colonel MASSINA Yotroféi, Directeur Général de la Gendarmerie Nationale à Lomé.

Sur l’enquête ouverte relativement aux circonstances dans lesquelles le résultat du match Gbikinti-Maranatha joué le 28 mai 2017 à Bassar a été illégalement influencé par le score de onze buts à zéro au bénéfice de Gbikinti FC de Bassar.

REFERENCES:-Lettres n° LT17-979/CE-SG/FTF du 1er juin 2017 et LT17-995/CE-CP/FTF du 15 juin 2017.

-Codes disciplinaire et d’Ethique de la Fédération Togolaise de Football.
PIECES JOINTES :- Clé USB contenant les enregistrements audio des témoins et présumés auteurs.

-Liste décodée des auteurs et témoins entendus.

DESTINATAIRE: A Monsieur le Président de la Fédération Togolaise de Football à Lomé

Pour donner suite à la correspondance indexée en référence, le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale a mis en place une équipe à laquelle il a assigné la mission de diligenter une enquête sur les circonstances dans lesquelles le match Gbikinti-Maranatha du 28 mai 2017 s’est soldé par un score suspicieux et ahurissant de onze buts à zéro en faveur de l’équipe de Bassar.

La mission a adopté la méthodologie ayant consisté à effectuer d’abord un déplacement sur le terrain, notamment à Sokodé et à Kpalimé pour la recherche d’éléments constitutifs de l’infraction reprochée aux acteurs en présence et ce, par des auditions et le recueil de témoignages par enregistrements audio, ensuite confronter ces éléments aux textes qui réglementent le football togolais.
De l’enquête menée, il ressort ce qui suit:

Alors que des supputations et autres allégations faisaient état de ce que le président de Maranatha FC, le sieur AMEYI KomlaKumaMawulawoè a «vendu» le match à Gbikinti FC en se laissant sciemment battre par un score fleuve, les enquêteurs ont, quant à eux, cherché plutôt à comprendre les tenants et les aboutissants de cette situation aussi bien suspicieuse que scabreuse. A cet effet, ils ont scruté les phases successives du déroulement des faits à savoir:

A/-PREPARATION DU MATCH

Maranatha FC de Woamé a eu beaucoup de peines dans l’organisation de ce match pour les raisons ci-après:

– Depuis plus de six (6) mois, le promoteur et président, le sieur AMEYI qui éprouve de sérieux problèmes financiers n’a pas été en mesure de payer les salaires de ses joueurs;

– Ces derniers découragés et démotivés n’avaient pas envie de poursuivre le championnat qu’ils avaient pourtant débuté avec hargne et grande ferveur;

– Certains des joueurs et même membres du staff ont d’ailleurs eu à manifester leur souhait de voir leur mentor déclarer forfait ce match de la 26è et dernière journée;

– La préparation physique des joueurs a été négligée, situation que reconnaîtra le président de Maranatha en précisant n’avoir d’ailleurs assisté à aucune séance d’entraînement avant le déplacement de Bassar ;
– Il a même fallu que le président de Maranatha FC procède par emprunt en mettant en gage une de ses voitures, selon ses propres dires, pour obtenir plus de quatre cent mille (400 000) francs nécessaires pour couvrir les dépenses du voyage aller-retour Woamé-Bassar.

B/-DEPLACEMENT ET SEJOUR A SOKODE

La délégation de Maranatha FC a quitté Woamé le samedi 27 mal 2017, aux environs de 12 heures à destination de Bassar, avec escale à Sokodé.

A son arrivée à Sokodé au crépuscule, la délégation a été hébergée à Kédia chez les sœurs religieuses catholiques.

Elle y a séjourné jusqu’au lendemain avant de quitter Sokodé pour Bassar aux environs de 12 heures. Après le match, elle y est revenue pour s’apprêter pour le voyage retour sur Woamé.

C/-ARRIVEE IMPREVUE DU SIEUR AMEYI A SOKODE

Alors qu’il avait chargé un membre de son staff de le représenter et conduire la délégation à Bassar, c’est en fin de matinée que le président de Maranatha a annoncé avec surprise son arrivée à Sokodé à l’entraineur de l’équipe, le Ghanéen Jimmy CORBBLAH. Il a demandé à ce dernier de le rejoindre à l’hôtel Central où il va séjourner, avec la liste des joueurs choisis pour ce match. Au retour du coach, ce dernier a révélé au membre du staff précité que sur ordre du président AMEYI, certains joueurs, d’ailleurs les meilleurs qu’il avait choisis, ont été rayés de la liste.

D/-DEPART DE SOKODE ET ARRIVEE A BASSAR

Le 28 mai 2017, jour du match, la délégation a quitté Sokodé aux environs de 12 heures pour Bassar. Elle a dû attendre au niveau de la banque UTB que le président AMEYI la rejoigne, à sa demande, avant de s’en aller. A bord de sa voiture, ce dernier a suivi le bus transportant les joueurs et membres du staff jusqu’à destination où ils sont arrivés vers 14 heures, avec un léger retard; la délégation qui y était attendue pour 13 heures, a aussitôt rejoint les vestiaires.

Un comité d’accueil mis en place à l’entrée de la ville de Bassar et comprenant le Préfet, le commandant de compagnie de Gendarmerie attendait la délégation, mais celle-ci n’a pas obtempéré aux signaux d’arrêt. Le sieur AMEYI et sa délégation viennent ainsi de brûler la politesse aux autorités locales.

E/-PUBLICATION DE LA LISTE DES JOUEURS

C’est à environ 20 minutes avant le coup d’envoi de la rencontre que le coach a publié la liste des joueurs retenus, en présence de monsieur AMEYI. Conformément aux desiderata du président de Maranatha, les buteurs comme KLOUKPO Kokou et GODWIN Prince (Ibo de nationalité nigériane) n’ont pas été retenus bien que figurant sur la feuille de match. De plus, les deux gardiens SANOUMEGAH Kuami et SAMBAOU Abdoul-Aziz, respectivement titulaire et suppléant ont été intervertis dans leur participation au match.

F/-PRESTATION DES JOUEURS AU COURS DU MATCH

L’équipe de Maranatha a entamé le match en étant fragilisée par la rétention sur le banc de ses meilleurs éléments buteurs et gardien titulaire. Dès l’entame de la rencontre et précisément à la 2ème minute, l’équipe de Gbikinti a bénéficié d’un pénalty; le n°10 TCHAKEI Marouf le transformera pour donner l’avantage aux siens. Avant la mi-temps, à la 38ème minute, Gbikinti menait déjà par six (6) buts à zéro.
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A la reprise, le gardien de Maranatha SAMBAOU Abdoul-Aziz, qui entre-temps insinuait ne plus voir, a été remplacé par le gardien titulaire SANOUMEGAH Kuami à la 46ème minute. A la 57ème minute, AKAGLA Komla de Maranatha cède sa place à son coéquipier FIANYO Kossi. A la 65ème minute, le joueur de Maranatha BOUKARI Aboudoubaki, se plaignant de maux de ventre, a été sorti en remplacement de YEBOAH Gustave.

En dépit des changements opérés, le score n’a fait qu’évoluer en faveur de Gbikinti jusqu’à la fin de la rencontre qui s’est soldée par onze (11) buts à zéro, œuvres de trois joueurs: TCHAKEI Marouf, 05 buts;

TALBOUSSOUMA Panawé, 05 buts ; et IDRISSOU Abilou, 01 but.
L’équipe de Maranatha ayant effectué les trois changements autorisés, a dû poursuivre et achever la rencontre à dix (10) joueurs contre onze (11) de l’équipe adverse. Il est à noter que le second gardien de Maranatha SANOUMEGAH Kuami qui a simulé des maux d’yeux, a été remplacé par le joueur au dossard n°28 HAMINU Dramani, contraint d’enfiler les gants.
En dépit de toutes ces anomalies, le rapport de match de l’arbitre central est resté aphone; aucune information dans ce sens n’y a été mentionnée par le sieur DJOBO Soulémane. Il en a été de même pour le commissaire du match; tous deux paraissaient visiblement satisfaits de l’issue de la rencontre.

G/- AUDITIONS RECUEILLIES

Afin de garantir l’anonymat des personnes dont l’audition enregistrée a été jugée utile à la manifestation de la vérité, une lettre de l’alphabet phonétique a été attribuée à ces dernières. Une liste décodée dévoilant l’identité et le contact de ces témoins ou acteurs concernés est jointe au présent rapport.

• AUDIO ALPHA

L’intéressé qui est président d’un club participant au championnat, a affirmé avoir joint au téléphone son collègue président de Maranatha, le sieur AMEYI le samedi 27 mai 2017, veille de la rencontre Maranatha-Gbikinti, pour savoir dans quelles conditions ce dernier comptait aborder ce match. Au cours de la conversation, le sieur AMEYI a laissé entendre qu’il était en route pour Bassar dans ce cadre. Après analyse, il a déduit que l’intéressé mijotait quelque chose d’anormal, étant donné qu’il n’avait pas l’habitude de se déplacer comme c’est le cas. Par conséquent, ce témoin a jugé bon de mettre la puce à l’oreille du président de Gomido, le sieur DOGBATSE pour qu’il fasse prendre des dispositions pour éviter une quelconque fraude; car une défaite de Maranatha allait être préjudiciable à ce second club de Kpalimé.
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• AUDIO BRAVO

Le témoin BRAVO, un journaliste, a indiqué n’avoir pas assisté à la rencontre décriée, mais comme toute l’opinion, il s’est étonné et a tout fait pour joindre le président de Maranatha au téléphone à l’issue du match en vue de l’interviewer. Celui-ci lui a demandé de le rencontrer à l’hôtel Central de Sokodé où il a pris l’hospitalité, mais a repoussé l’interview. Pour toute réponse à l’inquiétude motivée par le score fleuve enregistré par son équipe, le président de Maranatha a déclaré que Gbikinti a bien joué et que ses poulains n’étaient pas en forme. Il a précisé qu’aux côtés de monsieur AMEYI, se trouvaient les nommés DJOSSE (ancien joueur de Sémassi) et un membre du BE de Maranatha. Le premier a taquiné le second en langue Tèm disant que Maranatha a vendu le match. Ce dernier qui tentait de soutenir son mentor en disant que leur club a encaissé des « clean goals », a été sommé de tenir compte du carême musulman qu’il observait avant de mentir.

A cet effet, il aurait rectifié en indexant le président AMEYI d’être à l’origine de la débâcle. Pendant qu’ils y étaient, ces quatre personnes ont été curieusement rejointes par le sieur EKOUE TOULAN Kouévi, Commissaire du match Maranatha-Gbikinti qui, à son arrivée, n’a pas hésité à livrer publiquement son impression sur la rencontre. Il a insinué que tout s’était bien passé et que les joueurs de Gbikinti faisaient des frappes lointaines qui rentraient dans les buts adverses.

Ce témoin a révélé et dénoncé le comportement de ce commissaire du match pour avoir violé l’éthique en la matière en rencontrant en aparté le président de Maranatha juste après la rencontre. Il a ajouté qu’EKOUE TOULAN a épousé une native de Bassar; il y a d’ailleurs séjourné longtemps comme enseignant avant d’être admis à la retraite.

• AUDIO CHARLIE

Un membre du Bureau Exécutif de Maranatha dans sa version a indiqué que dans un premier temps, son président de club l’avait mandaté pour conduire la délégation à Bassar sous prétexte qu’il ne ferait pas le déplacement. Il a été surpris la matinée du jour du match de l’annonce de l’arrivée à Sokodé de son patron qui a changé d’avis sans l’en informer.
Il a déclaré que le coach du club Maranatha, Jimmy CORBBLAH (de nationalité ghanéenne) lui a avoué que le choix des joueurs qu’il a présenté au sieur AMEYI à sa demande a été modifié par l’intéressé. En ce qui concerne le lourd score enregistré, ce conseiller de monsieur AMEYI s’est dit étonné du fait qu’il ne s’agissait pas de dribbles pour marquer, mais de frappes lointaines qui ont occasionné les onze buts. Il a aussi objecté que le troisième but était irrégulier car ayant émané d’une action « d’hors jeu» et que l’arbitre n’avait pas sifflée.

• AUDIO DELTA

Cette audition provient d’un enregistrement obtenu au cours d’une conversation entre un ancien joueur et un des membres du staff de Maranatha, exerçant comme garde rapproché ou milice du sieur AMEYI. Dans cette conversation, l’intéressé qui répondait à son interlocuteur à propos de la lourde défaite de leur club à Bassar, n’a pas hésité à énumérer les raisons pour lesquelles le président AMEYI s’était laissé battre par Gbikinti pour que le club de Gomido de Kpalimé soit relégué. Il a donc cité ces raisons constituant des antécédents entre ces deux responsables de football du Kloto. La première est l’arrestation en 2014 de monsieur AMEYI à l’aéroport GNASSINGBE Eyadéma de Lomé par la police alors qu’il revenait d’un voyage en Guinée Equatoriale avec le président de Gomido, le sieur DOGBATSE. Ce dernier qui est un frère, ne s’était même pas gêné pour s’enquérir des mobiles de cette arrestation, ni de lui rendre visite à son lieu de détention à la DCPI. La seconde raison réside dans le refus du président de Gomido de céder le stade municipal de Kpalimé dont il aurait la gestion à AMEYI qui en a fait la demande au profit de son club pour un entraînement. La troisième est relative à la gestion des fonds alloués à l’organisation de la CAN Guinée Equatoriale 2013, l’ex-Premier Ministre AHOOMEY-ZUNU et le sieur DOGBATSE auraient gardé par-devers eux les deniers mis à leur disposition. Le Togo ayant perdu au premier tour de la compétition, ces fonds devraient être reversés à la FTF.

Malheureusement les deux responsables sus indexés se seraient abstenus de le faire. Selon l’orateur, le président AMEYI était même allé voir le Chef de l’Etat à cet effet, mais ce dernier a refusé d’intervenir ou de l’aider financièrement à démarrer le championnat national. Cette situation aurait obligé monsieur AMEYI à prélever sur les primes de matchs des joueurs de l’équipe nationale pour se faire rembourser, s’attirant alors l’ire d’Emmanuel ADEBAYOR et les siens. Il a évoqué les actions violentes que leur mentor les incitait à commettre au cours de certains matchs et les gratifications qui en résultaient.

L’intervenant a également révélé une affaire d’ordre politique qui fonde la chute du sieur AMEYI sur le plan financier et pour entraîner la leur. Pour ce dernier, monsieur AMEYI leur avait confié que pour tous ces faits, il se vengerait et c’est ce qu’il venait de faire.

. AUDIO ECHO

Le président de Maranatha FC de Woamé a été auditionné. Dans un premier temps, il a insinué que le match Maranatha-Gbikinti présentait des enjeux dont sa participation à la coupe de l’UFOA. Plus tard, il s’est dédit en indiquant qu’il s’agissait d’un match sans enjeu et que pour cette raison, il ne l’avait pas préparé.

Il a évoqué des problèmes d’ordre financier, reconnaissant qu’il y a de cela six (06) mois qu’il n’a pu payer les salaires de ses joueurs; certains d’entre eux étaient démotivés et ne voulaient participer à aucune compétition; lui-même n’a assisté à aucune séance d’entraînement.

Concernant son interférence dans le choix des joueurs de ce match, l’intéressé n’a pas reconnu avoir rayé des noms sur la liste de désignation du coach Jimmy, contrairement à la version d’un membre de son staff présent sur les lieux.

De son entretien avec le commissaire du match juste à la fin de la rencontre, dans un premier temps, il a tout nié; mais confronté à la version d’un témoin, le sieur AMEYI a fini par reconnaître les faits après un long moment d’hésitation.

Evoquant ses relations avec le président de Gomido, le sieur DOGBATSE, monsieur AMEYI a dans un premier temps indiqué qu’il n’y avait aucun problème, mais ce dernier acculé, a fini par « exploser» en disant: « Je peux vous dire que DOGBATSE m’emmerde! ». Il a ensuite fait la démonstration que le président de Gomido ne devait pas se focaliser sur le match Maranatha-Gbikinti pour sauver la relégation de son club.

Malgré la promesse faite par le sieur AMEYI de diriger aux enquêteurs les deux butteurs et les deux gardiens également concernés par cette affaire, l’intéressé n’a pas tenu parole. Or, les versions desdits joueurs de Maranatha étaient très utiles pour étayer davantage les éléments à charge qui se sont manifestés au cours de l’enquête. Selon des informations recueillies, le sieur AMEYI, conscient de la situation embarrassante dans laquelle il se retrouve, a pris les dispositions pour rendre ces témoins injoignables.

Il convient de révéler qu’au moment où le rapporteur de l’équipe d’enquête insistait auprès du sieur AMEYI pour la comparution des joueurs concernés, ce dernier tout en éludant le sujet, a plutôt proposé à son interlocuteur une rencontre privée à son domicile.

Le rapporteur a habilement rejeté cette invitation suspecte.

ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION

Il faut rappeler que la constitution de toute infraction suppose la réunion de trois éléments suivants:

I- ELEMENT LEGAL

• L’article 7, alinéa 1er du code disciplinaire de la FTF stipule: « Sauf disposition contraire, les infractions sont punissables, qu’elles aient été commises intentionnellement ou par négligence ».

• L’article 77, alinéa 1er du même code dispose : «Celui qui aura entrepris des démarches en vue d’influencer le résultat d’une rencontre de manière contraire à l’éthique sportive, sera sanctionné d’une suspension de match ou d’une interdiction d’exercer toute activité relative au football, ainsi que d’une amende d’au moins 500.000 FCFA. Dans les cas graves, il s’agira d’une interdiction à vie d’exercer toute activité relative au football ».

II/- ELEMENTS MATERIELS

-La préparation physique des joueurs a été négligée, situation que reconnaîtra le président de Maranatha en précisant n’avoir d’ailleurs assisté à aucune séance d’entraînement avant le déplacement de Bassar. En effet, depuis plus de six (6) mois, le promoteur et président, le sieur AMEYI dit éprouver de sérieux problèmes financiers pour payer les salaires de ses joueurs;

– Le président de Maranatha a trouvé que ce match ne présentait aucun enjeu pour lui.

Il a d’ailleurs affirmé que le président de Gomido n’avait pas à faire des calculs sur le résultat du match Maranatha-Gbikinti, estimant que ce n’était pas le seul match du championnat qui le mettrait en difficulté;
-Le sieur AMEYI en interférant dans la désignation du coach pour changer certains joueurs estimés meilleurs, a fait preuve d’abdication qui a favorisé le score fleuve;

-La simulation des maux d’yeux tour à tour par les deux gardiens de Maranatha et leur sortie a rendu plus vulnérables leurs coéquipiers;
-La présence effective du président à la tribune pour voir exécuter le plan qu’il aurait conçu.

-De plus le sieur AMEYI a d’ ailleurs opposé une fin de non recevoir à la forte envie et à l’insistance du joueur KLOUKPO Kokou d’intégrer l’aire de jeu pour sauver les meubles (l’intéressé convoitait le rang de meilleur buteur du championnat avec AGORO Achraf du club Unisport, chacun des deux ayant totalisé onze (11) buts).

. Il convient de relever que les éléments sus indexés, contraires à l’éthique sportive, ont influencé le résultat de ce match.

. Il n’est pas superfétatoire de rappeler qu’à la 25e journée, dans le classement établi par la FTF, Maranatha FC se positionne 3ème tandis que Gbikinti occupe la 11ème place. En considérant le classement ci-dessous, aussi bien au niveau des points obtenus par ces deux équipes que de leurs goals différentiels, ce revirement de situation est non seulement ahurissant, mais aussi très suspicieux.

LE CLASSEMENT DE LA F.T.F A LA 25EME JOURNEE
PERMET DE JAUGER LES DEUX CLUBS MARANATHA ET GBIKINTI

Confer Tableau

STATISTIQUES DES MATCHS DE MARANATHA FC
A la phase retour du championnat, de la 14ème à la 25ème journée, soit en douze journées, Maranatha a marqué quinze (15) buts et a encaissé sept (07), soit un ratio de 1,25 buts marqué par match contre 0,58 but encaissé par match.

Si en douze (12) journées de la phase retour Maranatha n’a encaissé que sept (07) buts, il est très étonnant que ce club soit battu jusqu’à onze (11) zéro et par une équipe qui occupe la onzième place sur les quatorze en lice.

Comment expliquer techniquement que l’équipe de Maranatha qui a un ratio de 0,58 but encaissé par match, prenne onze (11) buts au cours d’une seule rencontre, contre une équipe de Gbikinti qui a un ratio de 0,75 but marqué par match?

D’autres renseignements indiquent que sur toute la saison 2016-2017, en considérant les résultats des douze rencontres en déplacement de Maranatha, avant celle de la 26ème journée, ce club a enregistré 04 victoires, 05 matchs nuls et 03 défaites.
H- ELEMENT MORAL

– Le sieur AMEYI KomlaKumaMawulawoé jouit pleinement de toutes ses facultés mentales, sauf démonstration contraire d’un médecin. L’intention coupable réside dans le fait d’avoir informé certains proches de son projet de se venger contre le président de Gomido ; (confer AUDIO DELTA).

– D’ailleurs, l’enregistrement audio DELTA a révélé que le sieur AMEYI avait des récriminations contre le président de Gomido et avait juré de se venger.

CONCLUSION

De tout ce qui précède, il ressort que des indices graves de concussion ou de corruption ont été décelés, illustration en est faite par la rencontre nocturne après la rencontre entre le sieur AMEYI et le Commissaire de match.

Au terme de l’article 102 du code disciplinaire, en son point 5 : «La Commission de Discipline est compétente pour sanctionner tous les manquements à la réglementation de la FTF qui ne tombent pas sous la responsabilité d’autres autorités. Les violations graves à la morale sportive reprochées aux dirigeants de clubs, aux joueurs, entraîneurs ou arbitres; … »

Par conséquent, les éléments à charge sus énumérés et qui ont influencé illégalement le résultat du match Maranatha-Gbikinti du 28 mai 2017 sont imputables, aussi bien au président de Maranatha FC, le sieur AMEYI KomlaKumaMawulawoè, auteur principal, qu’aux complices, notamment les joueurs de Maranatha, Gbikinti FC et toutes les personnes indexées par la présente enquête.

Par ailleurs, l’article 112 du code disciplinaire stipule que «La charge de la preuve des fautes disciplinaires commises incombe à la Fédération », donc celle-ci dispose des éléments probants à mettre à la disposition de l’instance compétente.

En vue d’assainir le football togolais et de redorer l’image du Togo à travers le monde, des sanctions idoines doivent être prises. De même, il est souhaitable que pour des rencontres de cette importance, des enregistrements audio-visuels soient prévus. En somme, l’opportunité desdites sanctions à l’encontre de tous les acteurs sus indexés est laissée à l’appréciation de l’instance compétente de la Fédération Togolaise de Football.

En définitive, le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale a l’honneur d’établir le présent rapport pour toutes fins utiles.

Enoch ADEBOYE pourra-t-il racheter le régime de Faure Gnassingbé ?
Il est connu de tous que les tenants des régimes en Afrique et ailleurs ont souvent recourt au spirituel pour conforter leur position. L’histoire de nombreux régimes, surtout autoritaires a un fort parfum d’ésotérisme. En Afrique, les marabouts, les charlatans, vrais comme faux, les pasteurs ne sont jamais loin des palais présidentiels. Et c’est souvent la haute saison lorsque ces régimes sont en pleine turbulence.

Depuis le 19 août 2017, Faure Gnassingbé et ses sbires ont perdu le sommeil. Tout est mis en œuvre pour ne pas perdre le pouvoir. Les marabouts, les charlatans, les grands prêtres religieux, tous ces gens sont sollicités à coup de centaines de millions pour sauver le régime. De tous ces charlatans au sens ancien comme moderne du mot, se dégage un qui est particulièrement actif ces jours-ci, à la demande d’une des nombreuses maitresses de la République qui a défrayé dans un passé récent la chronique par ses marchandises frelatées. On ne compte plus le nombre de voyages et de déplacements entre le Togo et le Nigeria de cette dernière. Le pasteur Enoch Adeboye (75 ans), surveillant général de l’Eglise Chrétienne des Rachetés de Dieu fondée au Nigeria avec des branches disséminées dans plusieurs capitales africaines, ne cesse de multiplier les prières pour Faure Gnassingbé et son clan.

Ses prières combinées aux pratiques mystiques des marabouts fortement sollicités ces temps-ci vont-ils racheter le régime de Faure ? Les jours à venir nous situeront.

Source : www.icilome.com