Mandat d’arrêt contre Agbéyomé: Interpol snobe le pouvoir de Lomé

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Les autorités togolaises ont émis un mandat d’arrêt international contre l’opposant, qui vit caché depuis juillet dernier. Mais Interpol ne l’a toujours pas relayé.

Poursuivi pour « troubles aggravés à l’ordre public » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », l’opposant togolais Agbéyomé Kodjo vit caché depuis juillet dernier. Il avait, le 10 juillet, refusé de se présenter à une convocation de la Justice, affirmant alors qu’il « craignait pour sa vie ».

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Une semaine plus tard, le 16 juillet, le procureur de la République du Togo, Essolissam Poyodi, avait affirmé qu’un « mandat d’arrêt international » avait été lancé à l’encontre de l’opposant.

Mais, selon des documents d’Interpol que Jeune Afrique a pu consulter, ce mandat d’arrêt n’a toujours pas été validé par l’organisation internationale.

Cap vers l’Europe

Dans un courrier daté du 22 septembre, le Bureau des affaires légales du secrétariat général de l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC) « certifie que M. Agbéyomé Kodjo ne fait l’objet ni d’une notification, ni d’une diffusion ». Cette missive a été adressée par la Commission de contrôle des fichiers de l’OIPC – une autorité indépendante de contrôle et de protection des données recueillies par Interpol – aux avocats français de l’opposant togolais , Me Pierre-Henri Bovis et Me Robin Binsard. Ses conseils, qui avaient saisi cet organisme le 14 septembre, ont obtenu confirmation auprès d’Interpol le 5 février que ces documents sont toujours d’actualité.

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La présidence togolaise, sollicitée par Jeune Afrique, a confirmé qu’un mandat d’arrêt international avait bel et bien été « émis » et que cette demande avait été « notifiée » à Interpol par les services du ministre de la Justice, Pius Agbetomey. Une demande qui n’a donc pas (ou pas encore) été prise en compte par Interpol.

Selon nos informations, Agbéyomé Kodjo, qui refuse toujours de dévoiler l’endroit où il se trouve, a prévu de se rendre en Europe dans les prochaines semaines. Il attendait la confirmation qu’un mandat d’arrêt n’avait pas été délivré à son encontre par Interpol pour entamer les démarches, qui pourraient cependant s’avérer complexes en cette période de restrictions sanitaires imposées pour enrayer la pandémie de Covid-19. L’opposant prévoit notamment de se rendre en France, où il compte rencontrer la diaspora togolaise.

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Arrivé en deuxième position lors de la présidentielle du 22 février avec 19,46 %, remportée par Faure Essozimna Gnassingbé, Agbéyomé Kodjo continue de se proclamer « président élu » de son pays. Arrêté fin avril et accusé d’« d’atteinte à la sûreté de l’État, de diffusion de fausses informations et de trouble aggravé à l’ordre public » – des charges pour lesquelles il encourt jusqu’à trente-cinq ans de réclusion –, il avait été remis en liberté provisoire.

Jeune Afrique

Source : Togoweb.net