La Communauté électrique du Bénin (CEB), une compagnie commune au Bénin et au Togo, cinq (5) décennies après sa création, fait face à un plan de restructuration.
Décor
Bien que le mot faillite ou gestion approximative soit soigneusement évité ici et de l’autre côté de la frontière, l’organisation du secteur électrique du Bénin et du Togo créée en 1968 lutte depuis plusieurs années pour son existence. Son champ couvre les activités de production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation avec d’autres activités dites connexes. Elle détient le monopole de l’importateur unique pour les besoins en énergie des deux pays.
Les clients de la CEB, pour ce qui concerne le pays de Faure Gnassingbé, sont le distributeur national, c‘est-à-dire la Compagnie d’énergie électrique du Togo (CEET), les cimenteries West african cement (WACEM) et SCANTOGO S.A., la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT).
Au Bénin, la Société béninoise d’énergie électrique (la société nationale d’électricité), les cimenteries SCB/Lafarge et Nocibe achètent chez elle.
La CEB alimente en outre, via la Sonabel, des localités frontalières du pays des hommes intègres (Burkina Faso) à partir de Cinkassé.
Si au début, tout allait bien, et que la CEB réussissait à accomplir sa mission tant bien que mal, sa finance plonge dans le rouge progressivement à cause du manque d’ambition, d’idées innovatrices et de la gestion rigoureuse, expliquent certaines. Les changements à la tête de la Direction générale de la boîte n’ont rien changé de significatif. Si une partie des cadres mène une vie enviable, la société, elle, périclite au fur et à mesure.
Inquiétudes
En Conseil des ministres de 2 septembre 2015, l’Exécutif togolais retire le titre d’acheteur unique de la CEB en adoptant un projet de loi portant modification du code bénino-togolais de l’électricité. Ce texte justifie le changement de la donne par la demande forte des deux pays en énergie. Ce qui suppose qu’indirectement, la compagnie peine à répondre aux besoins. Ce projet de loi « permet de répondre à la demande en énergie en forte croissance au Togo et au Bénin, en diversifiant les sources d’approvisionnement. Il met également notre législation en phase avec la réforme du sous-secteur de l’électricité intervenue depuis le 18 juillet 2000, conformément aux prescriptions de l’UEMOA et de la CEDEAO », peut-on lire dans le communiqué ayant sanctionné ledit Conseil des ministres. Ce projet de loi met fin au monopole exclusif de la CEB. Une page se tourne.
C’est dans cette atmosphère morose que la société a célébré son cinquantenaire. Le vendredi 27 juillet dernier, en lançant les activités de ce jubilé d’or, l’actuel Directeur Général Adjoint Foli Bazi Katari reconnait à mots voilés que la CEB traverse une crise. Le Béninois Karimou Chabi Sika, le DG lui même, a insisté sur les défis à relever. Ils vont, à l’en croire, de l’accélération du développement de l’hydroélectricité pour soutenir l’effort de production à la poursuite de la densification et la sécurisation du réseau de transport dans le cadre du marché régional de l’électricité en passant par le positionnement comme fournisseur de fibres optiques.
Nouvelle vocation
Ce mardi 27 novembre, les deux chefs d’Etat, Faure Gnassingbé et Patrice Talon, décident, au cours d’un mini-sommet intergouvernemental organisé à Lomé, que chaque pays cheminera désormais séparément. Selon le communiqué des travaux, « chaque Etat assurera l’importation directe de ses besoins complémentaires en énergie » à partir du 1er janvier 2019. La compagnie gardera, toutefois, son rôle de « gestionnaire de réseau de transport d’énergie avec pour activité connexe la poursuite de l’exploitation des moyens de production du barrage de Nangbéto et des deux turbines à gaz installées dans les deux pays », poursuit le document.
Non seulement elle perd le monopole d’acheteur unique, mais également devra subir un plan de restructuration avec une direction de transition qui prendra fonction en début d’année prochaine. Le Bénin et le Togo se sont mis d’accord pour discuter avec ses créanciers (TCN, VRA, GRIDCo et CIE) de manière à trouver « un plan d’apurement » de la dette qui devrait être salée, murmurent certains.
Source : www.icilome.com