Interview du Pasteur des drogués : « Pour quelqu’un qui est arrivé à un usage de dépendance, seul Dieu peut le délivrer»

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Interview du Pasteur des drogués : « Pour quelqu’un qui est arrivé à un usage de dépendance, seul Dieu peut le délivrer»

Depuis 1999, un pasteur parcourt bidonvilles et hameaux du Togo sensibiliser et au voler au secours des personnes sous l’emprise des substances psychoactives. A force de travail et d’abnégation, son apport à la société est plus tard reconnu et salué par son église, l’Eglises des Assemblées de Dieu du Togo. Celui que l’on surnomme affectueusement : « Pasteur des drogués » fait figure aujourd’hui d’acteur incontournable dans la prise en charge des personnes accrocs à la drogue. Comment est-il arrivé là ? Que fait-il pour venir en aide à ces personnes, quelles sont les difficultés qui sont les siennes ? De retour d’un voyage d’études au Brésil, Pasteur TCHAMASSI Komlan Majesté accepté de se prêter au jeu de questions-réponses avec l’Agence de presse Afreepress. Ci-dessous pour vous, l’intégralité de l’entretien.

Afreepress : Bonjour Pasteur TCHAMASSI Komlan Majesté. Pour quelles raisons les gens vous ont-ils surnommé le : « Pasteur des drogués » ou « médecin des drogués » ? D’où vous vient ce nom ?

Pasteur TCHAMASSI Komlan Majesté : Ce nom n’a pas été choisi par nous-mêmes. Vu ce que nous faisons, ce que nous apportons comme aide, comme soutien et la manière dont nous venons au secours de ces personnes, automatiquement le peuple, ceux qui sont dans notre entourage nous ont donné ce sobriquet comme étant le : « Pasteur des drogués » ou « médecin des drogués ».

Comment arrivez-vous à aider ces personnes qui sont accrocs à la drogue, comment les détectez-vous d’abord ? Est-ce que ce sont eux-mêmes qui viennent vers vous ou c’est vous-même qui allez vers eux et ensuite comment se passe le traitement et leur prise en charge ?

Il faut dire que la drogue comme chacun de nous peut le savoir, est une substance qui transforme, qui modifie pratiquement la personnalité de l’individu qui en fait usage. Pour quelqu’un qui est arrivé à un usage de dépendance, je peux dire que seul Dieu peut délivrer cette personne. Il n’y a aucune thérapie, aucun soin quelle que soit sa catégorie sociale qui puisse rassurer un individu qui est victime de la drogue.

Nous agissons dans les deux sens. Premièrement nous allons vers eux. Ils nous connaissent et d’autres aussi viennent vers nous. Mais il faut dire que c’est difficile et c’est très rare que de voir un individu qu’il soit femme ou homme, victime de la drogue, choisir lui-même de chercher la délivrance. C’est une pure grâce de Dieu de rencontrer une telle personne. Les cas sont très rares.

La plupart du temps, c’est nous qui allons vers eux. Nous avons notre manière, notre méthode et par là certains arrivent à nous connaître. Et des fois d’autres ne viennent pas dans l’intention de chercher à sortir de l’état dans lequel ils se trouvent. Mais habituellement ils viennent présenter d’autres besoins et c’est nous qui savons comment les conduire par la grâce de Dieu à rechercher la guérison.

Comment se fait alors leur délivrance ou leur guérison ?

Il faut traiter les symptômes apparents et de plus il faut aussi associer le spirituel. Dans tout ceci, le moyen le plus sûr et qui ne trompe pas, c’est de faire tout pour que la personne soit consciente de son état. Et quand elle arrive à prendre conscience de son besoin de salut, alors la tâche commence à être facile et légère pour nous.

Vous avez été au Brésil. Qu’est-ce que vous êtes allés faire et qu’est-ce que ce voyage peut apporter comme un plus dans votre travail de prise en charge des drogués ?

Je suis parti m’équiper comme nous le disons communément. Un équipage qui va me permettre d’être encore plus efficace. C’est depuis 1999 que j’exerce ce ministère. Je le faisais de mon mieux mais il a fallu que j’observe ce qui se passe de l’autre côté du monde pour pouvoir me perfectionner. Alors, dans cette recherche toujours avec la prière, miraculeusement j’ai découvert cette voie et je suis arrivé au Brésil. Et je peux vous dire que durant ces deux ans de formation accélérée, pratique et de théorique, j’ai le bagage nécessaire pour pouvoir aider ces personnes. Au fait la connaissance qu’elle soit intellectuelle, qu’elle soit spécialisée ou non, elle-même en soi n’est pas suffisante. Nous ne pouvons pas compter seulement sur notre connaissance. Pour réaliser ce projet, il faut toujours tourner la face vers Dieu.

Est-ce que vous pouvez me parler d’un cas précis ici au Togo que vous avez pris en charge et comment la personne s’est retrouvée au final ?

Il y a eu beaucoup de cas. Seulement que depuis que j’ai quitté le pays pour la formation, j’ai perdu le contact avec les personnes. Il y a eu d’autres qui ont été délivrés et qui sont affermis dans la foi chrétienne. Mais je viens d’arriver il faut que je vérifie pour voir s’ils persévèrent, s’ils tiennent encore dans la foi. Avant de partir, je n’avais pas un lieu où je les regroupais. Mais je visitais ces types de personnes où ils se trouvaient dans leur lieu favori. Et j’avais sous mon traitement 54 personnes rien que des hommes. Donc depuis ce temps, je n’ai plus le contact avec eux parce que je soutenais toujours que pour réussir ce ministère de réinsertion socioprofessionnelle, un individu dont la personnalité a été modifiée, transformée d’une manière ou d’une autre par des substances psychoactives, il faut toujours avoir un lieu d’accueil, un centre. Sans cela, tous nos efforts n’aboutiront pas aux résultats que nous espérons. Donc, nous avons mis en œuvre tout pour pouvoir réaliser ce projet, nous avons un terrain et nous luttons pour le réaliser.

Interview réalisée par Olivier A.

icilome.com