Au Togo, la quête de l’emploi dans l’administration publique a conduit à l’émergence d’une industrie de corruption, où des individus mal intentionnés ciblent les candidats aux concours de recrutement en leur promettant une réussite garantie en échange d’importantes sommes d’argent. Chaque année, des milliers de diplômés togolais cherchent à intégrer la fonction publique en participant aux concours de recrutement organisés par le gouvernement. Cependant, de plus en plus de candidats sont victimes de fraudes et d’arnaques orchestrées par des individus sans scrupules.
Il faut le dire, chaque jour que Dieu fait, des choses inimaginables remontent à la surface. On dirait que l’ingéniosité de certains togolais est tournée vers le génie de la soustraction frauduleuse, l’enrichissement illicite. Ça va de mal en pire. On dirait une course contre la montre dans un contexte où visiblement le chef de l’Etat serait totalement dans le bleu ou simplement qu’il s’est accommodé de la situation qui le dépasse, en somme une résignation. Les togolais vivent dans un contexte où les services de renseignement et les magistrats qui sont entretenus à travers la sueur du contribuable pour les protéger ont totalement démissionné de leurs missions.
En effet, en vue de renforcer l’effectif du personnel enseignant dans le primaire et le secondaire de l’enseignement général et technique, le gouvernement a lancé un concours de recrutement. C’est la deuxième fois en moins de deux ans, que le département du Professeur Dodzi Kokoroko, Ministre des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l`Artisanat, se voit renforcer en effectif.
Et comme c’est le cas à chaque occasion des dizaines de milliers de diplômés en quête du travail dans l’administration publique se sont lancés dans la course par la préparation des dossiers. Parallèlement à leur démarche, des personnes mal intentionnées lourdement animées d’esprit d’escroquerie et de corruption, individuellement ou en réseau ne tarissent pas d’imagination pour les faire miroiter leur rêve et leur soutirer des sous. Bref c’est une véritable industrie de corruptions et d’arnaques qui se mobilise pour soutirer la monnaie sonnante et trébuchante des candidats qui sont vulnérables car étant en chômage et pour certains depuis des années. La corruption est le plus vieux métier de l’homme, sauf que l’allure qu’elle prend ces derniers temps dans notre pays, risque qu’elle devienne un véritable cancer pour l’administration publique et un frein à l’émancipation des jeunes talents en quête d’emplois.
Selon des témoins à ces faits, des appels téléphoniques ou des contacts directs parviennent çà et là aux candidats, leur proposant des appuis pour garantir leur réussite audit concours. Un candidat « Il y a des amis qui m’ont dit qu’il y a quelqu’un qui veut les aider pour le concours. Pour cela il a demandé à ceux qui sont intéressés de s’inscrire sur une liste avec 100 000 FCFA (EUR 152,5) pour voir leur nom paraître sur la liste des candidats qui sera affichée. A la publication des noms des candidats retenus l’on devra encore verser 200 000 FCFA (EUR 304,90) et le solde soit 500 000 FCFA (EUR 762,25) après la proclamation si le candidat a réussi », nous confie monsieur Kodjo. Ceci est le minimum à débourser avant d’intégrer le corps des enseignants du public. Mais pour ceux qui veulent maximiser leur chance de réussite, ils doivent doubler ou tripler la mise, nous a confié un autre jeune qui voulait de l’aide pour réunir les sous. Voici un autre témoignage à tomber des nues. Il s’agit d’un autre prétendant qui discutait à propos du sujet avec ses camarades. Il fait savoir que lui, il a déjà envoyé ses 100 000 FCFA, mais il venait de recevoir un message qui lui demandait d’envoyer encore 20 000 FCFA (EUR 30,48) pour un détail. Ce qui paraissait une blague devient sérieux. C’est la comédie sous les tropiques. Demander à un chômeur de payer un million de Frans CFA ou plus avant d’accéder à un emploi, c’est de le contraindre à une année d’anticipation sur un revenu virtuel (incertain) correspondant à un an de prêt bancaire ou crédit chez un usurier.
Les concours sont-ils devenus des fonds de commerce pour certains qui se sucrent dans le dos du gouvernement ? La réponse est malheureusement affirmative ! Et cela ne date pas de ce concours qui vient d’être lancé par le Ministre Gilbert Bawara en vue de renforcer le système éducatif. Il n’est de secret pour personne que les concours pour intégrer l’administration publique togolaise sont organisés presque chaque année mais que la proclamation des résultats est quasiment incertaine. A ce jour, en somme le gouvernement a à son passif quatre (4) concours non proclamés. Il s’agit du concours organisé par feu Edem Kodjo lors de son séjour à la primature entre de juin 2005 à septembre 2006, concours de recrutement de fonctionnaires pour le compte du ministère de l’économie et des finances en 2020, et en 2022 les concours de recrutement général de fonctionnaires et celui dit national de recrutement d’enseignants de matières scientifiques (mathématiques, physique-chimie et sciences de la vie et de la terre).
Notons que pour chaque concours l’on enregistre des milliers de candidatures pour des frais de dossier équivalents à un minimum de 12 000 FCFA dont 5 000 FCFA (EUR 7,62) versés à un guichet de l’Etat contre quittance mais personne n’arrive à dire où va cet argent. C’est d’ailleurs la première arnaque venant d’un Etat qui fait dépenser des milliers de chômeurs sans contrepartie. Il faut souligner qu’à défaut de proclamations des résultats, les mêmes personnes participent à tous les concours afin de multiplier leur chance. Alors, il n’est pas exclu qu’à cette allure, on en arrivera qu’une même personne réussisse à plus d’un concours et vu l’élasticité des durées de proclamations, d’autres candidats seraient partis en aventure, d’autre devenus déjà patrons ailleurs ou malheureusement décédés par l’anxiété et l’usure.
Seuls Dieu et peut-être Satan savent combien de CFA les candidats des précédents concours dont les issues sont toujours incertaines ont déboursé pour payer ces arnaqueurs VIP pour ne rien voir venir. Car selon une autorité locale qui a voulu se livrer à notre rédaction, « Il y a deux ans, j’avais été saisi par une collaboratrice qui se plaignait pour son fils qui a échoué à l’un des concours. Elle m’a transmis les contacts de ce fonctionnaire arnaqueur. Mais quand j’ai tenté de rentrer dans le dossier, j’ai eu chaud et c’est notre hiérarchie qui m’avait conseillé de sortir de ça ».
Pour le cas actuel du nouveau concours de la fonction publique, la Rédaction a cru bon de notifier l’autorité de la fonction publique qui organise le concours afin de s’assurer si son administration est au courant du phénomène et voir s’il y a des enquêtes pour mettre la main sur ces individus indélicats. La lettre est restée sans réponse. Mais nous y reviendrons.
Pas plus tard qu’hier, notre rédaction a reçu la plainte d’un parent au sujet d’un autre réseau dans le cadre du concours de recrutement ENASS, ENAM et ENSE que le ministère de la santé a lancé le 09 août dernier.
Qui sont les acteurs et responsables de cette sale besogne ? Pourquoi depuis que ça a commencé les services de renseignements du pays n’ont encore interpellé personne dans cette affaire alors que certaines victimes ont des parents ou des proches qui sont des enquêteurs.
Voici des questions qui méritent d’être posées et auxquelles il faudrait nécessairement trouver des réponses afin que lumière soit faite sur cette pratique déshonorante et avilissante de la part de ses auteurs et complices. Il est temps que le Ministère de la Fonction publique et la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et Infraction Assimilées « Ouvrent les yeux » et s’en saisissent.
On connaissait la vieille formule appelée « Mandéfrèrïsme », mais ce qui se passe maintenant, c’est de la vraie « escroquerie à ciel ouvert ». /.
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Source : Togoweb.net