Institutions à la solde du régime : Cas de la commission anti-corruption

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Il est clair pour tous aujourd’hui que la racine du mal togolais est d’ordre institutionnel. Au Togo, les institutions sont malades des hommes qui les animent. Elles sont toutes affiliées au régime en place qui les utilise à des fins de conservation du pouvoir. Aujourd’hui, les gouvernants ne prennent même pas au sérieux ces institutions qu’ils mettent eux-mêmes en place.

Le cas le plus patent n’est autre que celui de la Haute autorité pour la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, dont les membres ont été nommés par décret pris en Conseil des ministres le 3 janvier dernier. La composition de ce machin traduit bien le mal dont souffrent les institutions dans ce pays.

Selon les dispositions en matière de composition de cette haute autorité, il est prévu que le chef de l’Etat nomme 4 des 7 membres qui devraient être dans la commission. Donc ces 4 membres sont issus du régime en place. Le président de l’Assemblée nationale, qui est un produit du même régime, nomme 1 membre. 1 membre sera nommé par le président du Sénat. Et comme le Togo n’a pas de Sénat, cela revient encore au président de l’Assemblée nationale. 1 autre membre (le dernier) sera nommé par le président de la Cour des Comptes, qui est lui-même nommé par le chef de l’Etat.

On comprend bien que les 7 membres de la Haute autorité pour la lutte contre la corruption et les infractions assimilées sont issus du régime en place.

« En matière de la lutte contre la corruption, nous sommes tous à la merci de ces sept (7) là qui sont tous des émanations du parti au pouvoir. Ce n’est pas concevable. Et toutes les institutions sont sur ce chemin-là. Le problème du Togo, c’est comment arriver à mettre en place des institutions que les gouvernants prennent au sérieux », a indiqué Me Yawovi Agboyibo, président du Comité d’action pour le renouveau (CAR) dans une interview la semaine dernière.

Ce n’est plus un secret pour personne que le régime met en place cette commission pour soudoyer les partenaires, surtout dans le cadre de ses plaidoyers pour s’attirer les faveurs du MCC des Américains. Mais cette fois-ci, la duperie saute aux yeux. Il est très facile de se créer un organe sur lequel on a la main mise, pour contrôler ses propres actions.

Aujourd’hui, la nécessité de réformer l’ensemble des institutions s’impose. D’où le besoin de faire les réformes préconisées par l’Accord politique global (APG) se fait encore plus sentir, et, tant pis pour ceux qui le déclarent caduc. « Lorsqu’on parle d’une institution de régulation, elle est avant tout, au moins pour rôle de servir d’épouvantail aux gouvernants », fait remarquer Me Yawovi Agboyibo.

Mais au Togo, ce n’est nullement pas le cas. « On s’est aperçu que toutes les institutions, notamment qui avaient pour but de contrôler la gouvernance et de rectifier les omissions, les irrégularités étaient d’un seul bord. Elles sont composées de manière telle que le pouvoir puisse les manipuler. Elles n’inspiraient aucune retenue de la part des gouvernants », souligne le Bélier noir.

C’est le triste constat dans le pays. Les institutions sont verrouillées par le système en place. Elles sont tout simplement à sa solde. La démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance et autres beaux discours dont se vantent les dirigeants togolais ne sont que des astuces pour voiler la réalité et apparaître comme de bons élèves devant les partenaires financiers.

I.K

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