Doses arrivées à expiration, grève des agents de vaccination et maintenant un mouvement d’humeur des agents en charge des prélèvements et du suivi des cas contacts et des voyageurs, et ceux chargés de la gestion des données liées à la covid-19 au Togo. La légèreté dans la gestion de la crise sanitaire a atteint un niveau inquiétant.
Les éléments du Groupe d’intervention rapide constitué d’équipes de prélèvement et de suivi des cas contacts et des voyageurs, et d’équipes chargées de la gestion des données liées à la covid-19 au Togo observent depuis ce lundi une cessation de travail. L’information émane du site icilome.com. Selon le confrère, les agents qui réclament de meilleures conditions de travail et de vie menacent de poursuivre le mouvement jusqu’à satisfaction. « Depuis le mois de novembre 2020, ils n’ont plus perçu leur prime », apprend-on.
Une revendication liée à des primes au Togo, cela n’est pas nouveau. Depuis des décennies, le gouvernement a montré toutes les facettes de sa gestion approximative du pays. Mais s’agissant de la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs auraient pu faire économie de ce énième scandale. Pour une fois de leur existence, ils auraient pu agir avec professionnalisme. Cette manifestation s’ajoute à la série d’événements déplorables ayant marqué la campagne de vaccination.
Cette grève des agents qui sont en première ligne de la bataille contre la Covid-19 n’est pas un fait isolé. Dans notre parution N°3363 du 08 avril 2021, nous avons évoqué la situation des personnes engagées dans la campagne de vaccination. Dans certains quartiers, les agents avaient cessé toutes les activités pour protester contre le retard du versement de leur rémunération. Les postes de vaccination étaient donc vides et plusieurs personnes ayant fait le déplacement sont retournées chez elles sans se faire vacciner.
Bien avant la grève des agents de vaccination, nous avions rapporté l’imbroglio qui marquait la campagne de vaccination au cours de laquelle des personnes n’étant pas dans la catégorie des 50 ans ou plus et ne présentant aucun signe de comorbidité étaient enrôlées. « Pour une fois, et puisqu’il s’agit d’une affaire de santé publique, les autorités doivent faire preuve de sérieux et de professionnalisme », avions-nous plaidé, en vain. Le chien aboie, la caravane passe.
Alors que le gouvernement multipliait les appels à la vaccination, on apprend que la campagne de vaccination est suspendue. D’après les propos de la directrice de l’Institut national d’hygiène (INH), Dr Halatoko Wembo, les doses d’AstraZeneca acquises par le Togo sont arrivées à expiration depuis le 14 avril 2021. Raison pour laquelle la campagne a été suspendue. Sur les 200.000 doses reçues, 160.000 personnes ont été vaccinées, selon le ministre de la Communication. Les doses restantes sont perdues alors que la demande est à son plus haut niveau. Que du gâchis !
Ces événements cumulés dénotent en réalité l’amateurisme et la légèreté avec lesquels la gestion de la crise sanitaire est faite par les autorités du pays, Faure Gnassingbé en tête. Lui qui s’affiche souvent sans masque avec des étrangers n’a pas eu la clairvoyance de prévoir les difficultés auxquelles le pays pourrait faire face et les anticiper. S’agissant de l’organisation de la campagne de vaccination, le gouvernement ne doit pas non plus y voir des difficultés. Dès que les doses de vaccins sont disponibles, on doit pouvoir s’organiser pour faire la vaccination.
D’ailleurs, s’agissant des primes, il ne s’agit pas de difficultés. Quand des personnes sont recrutées pour un travail aussi périlleux que le suivi des malades de la Covid-19, elles doivent être bien traitées. Leurs doléances ne doivent pas faire l’objet de dilatoire ou être prises comme des revendications politiques. Le zèle qu’on connaît à certains responsables engagés dans la gestion de la crise sanitaire doit être banni, les propos menaçants et incendiaires aussi.
Sous d’autres cieux, les personnels soignants qui ont payé un lourd tribut sont considérés comme des héros. Au plus fort de la crise, on voyait les gens sortir sur les balcons et acclamér les agents de santé. Au Togo, ils sont menacés de licenciement. Ceux qui revendiquent une meilleure protection des agents de santé par rapport à leurs collègues français doivent aussi réclamer un meilleur traitement pour leurs collaborateurs. Ce n’est que bon sens.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com