Entre Faure et la CEDEAO, le vieux deal !

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Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est en pleine tourmente politique et sociale. Depuis le début du mois, la rue gronde au Mali. IBK est au cœur d’une vague de contestation de la population qui réclame son départ du pouvoir.


Vendredi 19 juin, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pris d’assaut la place de l’Indépendance dans le centre de Bamako, à l’appel de la coalition de l’opposition, le « Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques » (M5-RFP) porté par l’influent imam Mahmoud Dicko et son mouvement religieux, le CMAS. Mahmoud Dicko avait soutenu le président malien jusqu’en 2017 avant de prendre ses distances avec lui pour devenir son principal opposant.

Les manifestants dénoncent la gouvernance chaotique du pays par IBK, sa gestion clanique, mais surtout catastrophique de la crise multidimensionnelle. Ils fustigent également l’absence et l’impuissance de l’Etat, les difficultés économiques et sociales, le manque de services publics et la corruption qui a fait son lit dans le pays.

La tension est aussi ravivée par les élections législatives de mars et d’avril marquées par de nombreuses irrégularités dans la région où des proches du régime ont été élus. Au lendemain de la publication des résultats par la Cour Constitutionnelle, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes du pays en dépit du couvre-feu pour contester ces résultats, notamment les différences entre les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et ceux publiés par la Cour.

Les résultats provisoires donnaient le parti au pouvoir en tête avec 43 députés sur 147 que compte l’Assemblée nationale, la Cour Constitutionnelle avait annoncé 51 sièges. Les manifestants exigent la dissolution de la nouvelle Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, responsable des fraudes électorales.

Le syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO a dépêché des émissaires au Mali pour trouver une solution à la crise. Composée des ministres des Affaires étrangères du Nigeria, du Nigeret de la Côte d’Ivoire ainsi que du président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, la délégation a pris langue avec les différents protagonistes de la crise.

« La mission note que l’arrêt de la Cour constitutionnelle dans le cadre du contentieux des dernières élections législatives est à la base de la crispation socio-politique actuelle. Elle invite donc le gouvernement de la République du Mali à reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ayant fait l’objet de révisions par l’arrêt de la Cour. De nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais », ont proposé Jean-Claude Kassi et les siens.

Curieusement cette même CEDEAO, dans le cas du Togo, avait pris fait et cause pour le régime de Faure Gnassingbé et cautionné la mascarade électorale du 20 décembre 2018 qui avait débouché sur une Assemblée monolithique au Togo. Plus scandaleux, la CEDEAO avait jugé cette parodie électorale conforme à sa feuille de route et aux normes et standards démocratiques.

Cette institution se révèle un véritable frein à l’alternance démocratique au Togo en apportant, depuis 2005, son aval aux coups de force électoraux opérés par le régime de Faure Gnassingbé. Cette institution communautaire est à juste titre considérée comme le malheur du peuple togolais.

Liberté N°3172

Source : Togoweb.net