Enquête sur l’ingérence russe: l’étau se resserre autour de Trump

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Lundi, le procureur spécial en charge du dossier, Robert Mueller, a révélé les noms de trois premiers inculpés, qui ont tous joué un rôle clé pendant toute la campagne : Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne, son fidèle associé, Rick Gates, et l’ex-conseiller pour les Affaires étrangères de Donald Trump, George Papadopoulos.

Deux hommes sont inculpés par la justice américaine pour des crimes financiers, commis pour la plupart durant la décennie 2006-2016, avant qu’ils ne rejoignent la campagne de Donald Trump : Paul Manafort et Rock Gates. Une l’époque où le sulfureux lobbyiste Paul Manafort était conseiller pour l’ancien président ukrainien, le pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Plus de 75 millions de dollars ont transité sur ses comptes offshore, ses activités de conseil en Ukraine lui ont permis de mener grand train : un million de dollars pour l’achat de tapis, plus d’un million de dollars pour des vêtements, mais aussi des voitures de luxe, des maisons achetées à Manhattan et à Brooklyn.

Les accusés risquent jusqu’à 20 ans de prison, notamment pour « complot contre les Etats-Unis » et « blanchiment d’argent », parmi douze chefs d’inculpation pour lesquels ils ont plaidé non-coupable.

Le cas Papadopoulos

Après les inculpations de Manafort et Gates, Donald Trump a aussitôt affirmé dans un tweet, en lettres capitales : « Il n’y a AUCUNE COLLUSION. » Mais peut-être s’est-il exprimé un peu trop tôt.
Le président amércain a en effet publié ce tweet avant d’apprendre qu’il y avait un troisième inculpé, George Papadopoulos, un de ses conseillers de politique étrangère pendant la campagne. Or, Papadopoulos a reconnu avoir eu des contacts avec des intermédiaires du gouvernement russe, dont la nièce de Poutine. Il a ainsi essayé d’organiser une rencontre entre le président russe et le candidat, rencontre rejetée toutefois par l’équipe de Trump.

Papadopoulos avait aussi tenté d’obtenir des emails compromettants pour Hillary Clinton. Il est donc difficile d’imaginer que d’autres membres de la campagne n’aient pas été au courant.

L’ancien conseiller, qui coopère maintenant avec le FBI, donne des informations qui pourraient conduire à l’inculpation de proches du président, comme son fils Donald Junior, ou son gendre Jared Kushner. George Papadopoulos a plaidé coupable d’avoir menti à la police fédérale américaine, ce pour quoi il est inculpé.

Pour Corentin Sellin, agrégé d’histoire et spécialiste des Etats-Unis, cette inculpation de George Papadopoulos est un tournant dans l’enquête. « C’est le premier élément très sérieux, très tangible, d’une éventuelle collusion. D’une part, Papadopoulos a fait un faux témoignage, qu’il reconnaît puisqu’il a passé visiblement un accord et travaille maintenant avec le FBI. Et il reconnaît avoir menti pour cacher l’importance de ses contacts avec la Russie. Deuxièmement, Papadopoulos, dans sa déclaration de culpabilité, établit qu’à la connaissance même de la campagne Trump, il a mené pendant plus de trois mois des contacts réguliers avec des informateurs russes. Et on lui a proposé des milliers de mails de Hillary Clinton qui avaient été évidemment dérobés et acquis par les Russes. »

L’étau se resserre donc sur le président Trump qui, en tweetant, s’implique personnellement dans les évolutions de cette enquête.

A travers ces inculpations, « Mueller envoie un signal à Trump, estime Corentin Sellin. D’une part avec Gates et Manafort, il dit « je mets la pression et je vais essayer de les faire parler » et de l’autre, il montre qu’il a déjà des éléments très tangibles sur la collusion avec Papadopoulos. »

Qu’attend le procureur spécial Robert Mueller de Paul Manafort et Rick Gates qui, après avoir annoncé qu’ils plaidaient non coupables, ont été assignés à résidence, passeports confisqués, en attendant de connaître les conditions de leur mise en liberté sous caution ?

Ces nouveaux développements n’ont pas manqué de faire réagir la sphère politique américaine. « J’espère sincèrement que le président Trump comprend bien qu’il n’a pas à interférer dans cette enquête, et qu’il ne cherchera pas à l’entraver », a déclaré l’ancien candidat démocrate Bernie Sanders. Le président américain Donald Trump n’a « aucune intention » de remettre en cause le procureur spécial Robert Mueller, a indiqué lundi la Maison Blanche.

« Je suis profondément inquiet à présent que saute aux yeux l’évidence de l’ingérence de la Russie lors de la dernière élection. En faisant cela, la Russie sape la démocratie américaine et la tâche assignée au procureur spécial, Mueller, est de découvrir si oui ou non l’administration Trump était en situation de collusion avec des personnes en Russie afin de promouvoir sa candidature à la présidentielle », a poursuivi Bernie Sanders.

Offensive sur Facebook

Mais les soupçons sont nombreux, notamment dans le milieu de la Tech américaine. Selon plusieurs médias américains, Facebook devrait annoncer qu’entre l’été 2015 et 2016, 126 millions d’Américains ont été exposés à des contenus de propagande diffusés par des organes russes pour manipuler l’opinion, influencer la campagne américaine en diffusant des messages favorisant Donald Trump et ridiculisant sa rivale.

Il s’agit de contenus sponsorisés, diffusés par des « usines à trolls », c’est-à-dire près de 500 comptes malveillants, tous financés selon Facebook par une même société russe, appelée Internet Research Agency. Le constat est identique chez Google et chez Twitter qui dénombrent plus de 36 000 comptes liés à une même entité russe qui aurait diffusé des milliers de contenus dans les trois mois précédant l’élection.

Cette semaine, les représentants de Facebook, Twitter et Google vont être auditionnés par des commissions parlementaires.

CamerounWeb.com