Le diplomate ghanéen, Ibn Chambas, qui a la particularité de s’employer pour maintenir les dirigeants autocrates au pouvoir en Afrique en général, et Faure Gnassingbé au Togo en particulier, est annoncé à Lomé.
Le régime cinquantenaire des Gnassingbé et ses profiteurs vacille depuis que l’opposition, dans sa grande majorité, a décidé de parler le même langage, celui de l’alternance politique au sommet de l’Etat.
Mobilisation de l’opposition
C’est le parti national panafricain (PNP) qui a donné le ton à travers des marches synchronisées à Lomé, à l’intérieur du pays et dans la diaspora le 19 août dernier. Objectif, réclamer le retour de la Constitution de 1992 et le vote des Togolais de l’étranger…bref, exiger les réformes constitutionnelles et institutionnelles telles que prescrites dans l’Accord politique global (APG) signé il y a 11 ans.L’appel a été tellement suivi que la répression a été sanglante. Bilan, deux ou cinq morts, c’est selon.
L’Union pour la République (UNIR), le parti présidentiel, qui n’a pas vu venir une telle réussite, décide à son tour de mobiliser ses militants à coup de billet de banque(2000 FCFA pour les uns et 5000 FCFA pour les autres) le 29 août dernier.Une manifestation qui a vidé l’administration, les sociétés d’Etat. Le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, les premiers responsables des institutions… ont marché, dit-on,pour « la paix ».
Sentant le pouvoir en place plus fébrile que jamais, la majorité des adversaires politiques du rejeton d’Eyadéma Gnassingbé (CAP 2015, Groupe des six, PNP…) ont uni leurs forces et ont organisé de gigantesques manifestations mercredi et hier à Lomé et à l’intérieur du pays simultanément. L’Organisation non gouvernementale Amnesty international, branche togolaise, estime le nombre des « marcheurs » de l’opposition de ce mercredi à 100.000 au bas mot.. Quoi qu’il en soit l’UNIR et ses apparatchiks commencent à prendre au sérieux cette vague.
Ibn Chambas au secours du régime togolais
En prélude aux manifestations des 6 et 7 septembre, la société civile togolaise était à Accra le samedi dernier, pour expliquer la situation sociopolitique du Togo à leurs compatriotes du Ghana. C’était à travers une rencontre avec les médias ghanéens. Le message essentiel distillé reste que le pouvoir de Lomé refuse de faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles, 11 ans après la signature de l’APG. Une telle situation montre clairement que celui qui est arrivé au pouvoir dans le sang en 2005, ambitionne de faire un bail à vie sur le Togo après le règne de de 38 ans de son père.
C’est ainsi que rentre en scène le sulfureux Chambas. En effet, lundi dernier, sur une radio privée ghanéenne, il s’est fait comme de coutume, le défenseur de Faure Gnassingbé et de son pouvoir. Il a déclaré en substance que tout se passe bien au Togo qui, selon lui, est un pays en paix ; une paix que quelques individus veulent troubler.En clair, le fait que les opposants réclament une alternance est une menace à la paix au Togo pour Faure Gnassingbé et ses sous-fifres.
Toujours est-il qu’après cette sortie, Faure Gnassingbé l’a sollicité à venir dans la capitale togolaise pour, on le sait, venir jouer le rôle trouble qu’il a toujours joué au Togo depuis 2005. Ce soi-disant diplomate est un visiteur du soir régulier de Lomé II. A chaque fois que son ami togolais est en difficulté, il n’hésite pas à lui porter assistance.
Ce Ghanéen que l’on traite dans certains milieux politiques africains de corrompu, de manipulateur, rappelle aux Togolais de mauvais souvenirs. Ce sont lui et l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obassanjo, alors Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec le soutien d’un certain Jacques Chirac, président de la France à l’époque, qui ont imposé Faure Gnassingbé en 2005, d’abord à travers un coup d’Etat constitutionnel, puis une élection présidentielle clairement frauduleuse.
C’est également lui qui a dit à Jean-Pierre Fabre, candidat au scrutin présidentiel de 2015, qu’il est encore jeune pour être président. Et de réquérir qu’il laisse Faure Gnassingbé briguer un autre mandat et que son tour arrivera après.
Le plus cocasse demeure que l’Organisation des Nations Unies (ONU) se fie aux services de ce monsieur qui a démontré à plusieurs reprises qu’il est plus préoccupé par ses intérêts personnels qu’autre chose. Les Togolais ne sont pas les seuls à se plaindre du parti pris de ce diplomate. Son nom est cité parmi ceux qui manœuvrent pour que Joseph Kabila reste au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels autorisés par la loi fondamentale de la RD Congo.
Dans ce tournant décisif de la lutte politique, les opposants sont avertis de ce qu’Ibn Chambas devrait venir faire à Lomé. Et d’ailleurs le message des leaders de l’opposition à celui qui est venu sauver le régime dynastique de Lomé a été clair. « Ibn Chambas nous a rencontré. Nous lui avons dit d’aller transmettre le message du peuple à Faure Gnassingbé : celui de son départ», a confié Jean-Pierre Fabre, le chef de fil de l’opposition.
www.icilome.com