Honoré Blao ne dirige plus la Maison de la presse. Son contrat est fini et au terme de six (06) mois d’intérim, il a déposé la clé. L’institution est dans un état de délabrement. Pendant ce temps, le régime paie à coup de millions des pages dans le journal « Jeune Afrique ».
Qui pour succéder à Honoré Blao ? Cette question reste suspendue. Elle n’est même pas à l’ordre du jour. Puisqu’aucun appel à candidature n’est lancé depuis le départ du désormais ex-directeur. Diriger cette boîte ne semble pas l’objet d’une quelconque préoccupation. En tout cas, pour l’heure. Son administration bascule tantôt des mains de l’Observatoire togolais des médias (OTM)à celles du Conseil des patrons de presse (CONAPP) et au gré des sollicitations. Une gestion bicéphale qui n’est pas sans conséquence pour cette institution depuis le départ de Honoré Blao. Pendant ce temps, la Maison de la presse se meurt à petit coup, faute de soins appropriés et de financements de l’Etat.
La Maison du journalisme devenue Maison de la presse est dans un délabrement total. A l’intérieur, la crasse trouve son terreau. Elle attaque des endroits où la présence humaine remonte à Mathusalem. Il y a longtemps que des bureaux de deux organisations professionnelles de la presse ont senti une présence humaine. On imagine le dépôt de crasse et de poussière à leur intérieur. Déjà l’accès à ces deux bureaux est obstrué par des chaises et autres objets dont certains ne sont pas en bon état. Autrement, l’entrée est un magasin fourre-tout. Il n’y a pas que cet endroit qui présente un visage laid de la Maison de la presse. Le tartre a envahi les carreaux des toilettes. La porte ne tient qu’à un fil puisque la serrure cède facilement. Il faut faire des gymnastiques pour la fermer. Aussi la boîte aux courriers des organes de presse présente-t-elle un visage d’un meuble d’un antiquaire.
En réalité, la Maison de la presse ne bénéficie pas du financement du gouvernement. Elle roule sur fonds propres et fonctionne sur des financements issus des projets soumis à ses partenaires. Aussi les activités qui lui permettent de renflouer sa caisse sont de plus en plus rares comme les larmes d’un chien. Ce manque d’apport financier explique l’état d’abandon dans lequel se trouve aujourd’hui la maison du journaliste.
Presse togolaise, pas vraiment la tasse de thé des autorités
C’est un secret de Polichinelle que le gouvernement se soucie peu des médias locaux. L’aide de l’Etat à la presse en dit long sur la considération que les autorités leur donnent. De 100 millions, elle est sensiblement réduite à 75 millions que se partage la kyrielle d’organes. Alors que dans d’autres pays, l’aide avoisine ou dépasse même le milliard. Et pourtant leurs publications ne sont pas toutes plus meilleures que celles du Togo. Les critiques adressées à la presse togolaise existent partout sur le continent. La Maison de la presse du Sénégal est une preuve irréfutable qu’au-delà des clivages qui minent la corporation, l’Etat sénégalais est soucieux de sa presse en la dotant d’un bel immeuble. Alors qu’au Togo, c’est une villa exiguë qui abrite la myriade d’organes au Togo.
Il demeure donc que c’est un mépris à l’égard de la presse locale. Une caractéristique du gouvernement de Faure Gnassingbé. Il vient encore de le prouver. Le régime a payé plusieurs pages dans la parution N°3048 du maître-chanteur « Jeune Afrique ». Plusieurs articles sont consacrés au Togo dans la rubrique « Grand format » sous le titre : « Togo Enjeux » . La stratégie vise à ripoliner l’image du Togo dans ces périodes de grand renfort médiatique autour du Plan national de développement (PND). Après l’échec de la campagne médiatique à l’intérieur du pays, c’est l’international que vise désormais le pouvoir en place.
Le voyage en Angleterre la semaine passée participe à ce plan. En attendant que Tony Blair (l’artisan du séjour de Faure au Royaume-Uni), l’ex-Premier ministre anglais ne présente la facture de la tournée anglaise, c’est au tour de « Jeune Afrique » de relayer dans ses pages à coup de millions ce que les observateurs avisés de la scène togolaise savent déjà. Il n’y a rien de nouveau au Togo. C’est de la duperie, un outil de propagande du pouvoir dans l’optique de la présidentielle de 2020. Et le journal panafricain sait bien faire son travail après avoir fait chanter des chefs d’Etat africains. Comme on le voit avec la série d’articles consacrés au Togo.
Ce mépris du pouvoir envers la presse togolaise illustre toute la contradiction contenue dans le Plan national de développement. En effet, dans le document, le gouvernement décline, comme à son habitude, un catalogue de bonnes intentions. « Le développement de l’économie repose également sur le développement de la communication et de l’information. Pour le gouvernement, il s’agira de créer un cadre propice à la professionnalisation et à la diversification de l’offre médiatique de qualité en s’appuyant notamment sur les médias privés », y lit-on.
Aussi est-il mentionné que le gouvernement veut « accompagner valablement cette transformation, le gouvernement mettra en place les actions permettant d’accélérer le passage intégral aux médias numériques et digitaux en facilitant l’accès des ménages aux équipements de nouvelle génération. La transformation du paysage médiatique sera effective grâce à : (i) la réalisation de la transition de l’analogique vers le numérique ; (ii) la couverture du pays par les médias à travers des produits de qualité ; et (iii) la création et l’opérationnalisation des médias informant des activités de business ».
En attendant ce que certains considèrent déjà comme un vœu pieux, le gouvernement débourse des millions dans les colonnes des journaux étrangers pour son image à l’international. Pendant ce temps, la presse togolaise, à l’image de la Maison de la presse, se meurt dans une indifférence totale des autorités.
Plusieurs Rédactions sont en difficulté si elles n’ont pas déjà mis la clé sous le paillasson. C’est certainement la volonté du régime de Faure Gnassingbé de laisser la presse mourir de sa belle mort afin qu’il puisse gouverner sans contre-pouvoir.
Source: L’Alternative
Source : Togoweb.net