De sources concordantes, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage des sanctions ciblées contre les acteurs politiques togolais qui s’opposent ou bloquent le processus de réformes. Cette idée fait son chemin depuis que le constat a été fait que du côté de Lomé, certains acteurs sont décidés à compromettre les efforts de la médiation, voulant maintenir le statu quo.
Le dialogue politique au Togo bat de l’aile depuis que le pouvoir de Faure Gnassingbé est décidé à foncer unilatéralement vers les législatives du 20 décembre, avec une CENI qui reçoit directement ses ordres des sieurs Payadowa Boukpessi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, deux thuriféraires du régime. La réflexion sur la question des sanctions à été confiée à un éminent commissaire de la CEDEAO.
Lors de son mandat à la tête de la CEDEAO, Faure Gnassingbé s’est permis de prendre des sanctions contre les acteurs politiques de la Guinée Bissau, un pays empêtré dans une crise politique sans précédent. Il s’est agi pour Faure Gnassingbé, à l’époque président en exercice de la CEDEAO, de prendre des « sanctions personnelles visant à favoriser la restauration de la gouvernance démocratique et le respect de l’Etat de droit en République de Guinée Bissau ». L’institution communautaire que présidaient le champion du Rpt/UNIR, reprochait aux politiques de ce pays de ne pas respecter « les accords de Bissau et de Conakry qui doivent s’appliquer en vue du retour de l’ordre constitutionnel démocratique ». « …En dépit des médiations, aucun progrès significatif n’a été noté dans le respect desdits accords », a relevé la décision A/Dec.2.01/2018 de la CEDEAO. La décision a suspendu la participation de la Guinée Bissau aux activités de la CEDEAO, les personnalités sanctionnées ont été interdite de voyage, leurs « avoirs financiers » et ceux de leur famille « en quelque lieu où ils se trouvent » gelés. « Le Comité de suivi de la mise en œuvre des sanctions se réserve le droit de réviser la liste des personnes sanctionnées en fonction de l’évolution de la situation », avait précisé la décision signée par Faure Gnassingbé.
Aujourd’hui, c’est le pays de Faure Gnassingbé qui se trouve dans la même situation, avec le jeu trouble que joue le régime dans l’application des recommandations des chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace communautaire pour une sortie de crise au Togo. Cette jurisprudence risque de rattraper ceux qui jouent les «Zorro» à Lomé, avec le risque d’un effet domino de la part des pays occidentaux qui pourraient suivre les pas de la CEDEAO.
L’entêtement du régime togolais à vouloir tout faire à l’envers, sabotant ainsi les efforts de la médiation, est perçu comme un véritable défi à la CEDEAO. Cette dernière est consciente du lourd contentieux qui l’oppose au peuple togolais, suite à sa gestion scabreuse et scandaleuse de la crise de succession en 2005. Même si certains pensent d’ores et déjà que cette sanction serait sans effet, il faut quand même dire qu’elle isolerait davantage le régime de Faure Gnassingbé qui pense pouvoir dribbler même la CEDEAO.
Pour l’heure, la question des sanctions n’est qu’à l’étape de la réflexion. Mais elle pourrait prendre un autre virage si du côté de Lomé, le régime n’envoie pas de signes de bonne foi et de collaboration franche pour le dénouement de la crise
Source : www.icilome.com